AqME aura fait parler de lui à 2 reprises cette année, avec la réédition de son premier album et la sortie de son huitième, au son toujours massif, mais avec une vraie ouverture indie rock. Une évolution à la fois logique et réalisée sur la durée. Propos recueillis par Guillaume Ley - Photo : © Yann Orhan
Nombreux sont les groupes qui s’assagissent en prenant de l’âge. AqME n’entre pas dans cette catégorie. Sorti en 2012, « Épithète, Dominion, Épitaphe » a marqué une double rupture. D’abord parce qu’il s’agissait du dernier album enregistré avec Thomas, le chanteur. Ensuite parce qu’AqME, bien que conservant son identité, a livré un son plus brut et plus viscéral. Profitant de cette dynamique, le groupe a enchaîné avec « Dévisager Dieu », un disque violent, qui a vu Vincent, son nouveau chanteur, trouver sa place sans (sombre) effort apparent. Un projet mené de main de maître par Étienne, batteur du groupe, mais surtout compositeur principal/producteur/ingénieur du son.
Indie Rebelote en 2017, avec
« AqME », prolongement logique et naturel de son prédécesseur. Étienne est encore aux manettes et à la composition. Toujours dark et agressif, mais avec des moments plus indie rock, « AqME » débarque quelques
mois après la réédition de « Sombres Efforts », venue fêter les 15 ans de ce disque, et les concerts qui ont accompagné cet évènement. « Nous avions déjà terminé le nouvel album au printemps dernier, explique Étienne, Mais nous ne pouvions raisonnablement pas le sortir avant l’été. On aurait eu du mal à obtenir des dates dans la foulée en période de festivals quand tout est déjà booké. Voilà pourquoi « AqME » est sorti
en septembre. » Un disque sur lequel le jeu de guitare de Julien semble encore plus libéré qu’auparavant. « Je n’ai jamais été prisonnier d’un style de jeu imposé dans le groupe, précise le guitariste. Mais je dois avouer que depuis qu’Étienne s’occupe aussi de la production, il a élargi son écoute à de plus nombreux genres musicaux. Il n’a jamais écouté autant d’indie rock que ces derniers mois (sourire). » « AqME » et « Dévisager Dieu » forment un ensemble cohérent. Étienne rappelle que le groupe n’a pas hésité à faire sauter de nombreuses barrières stylistiques il y a 5 ans, tout en conservant cette personnalité immuable, ne serait-ce qu’à travers son chant en français. « J’ai vraiment aimé ce visage plus bourrin qu’on a imposé sur « Épithète », indique Étienne. Mais je pense qu’en même temps, nous avions développé ce côté complexe dans la musique qui nous a, par instants, éloignés de ce que nous étions au tout début. Aujourd’hui encore, certains morceaux de ce disque nous demandent une sacrée concentration pour bien les jouer sur scène. Depuis « Dévisager Dieu », nous avons conservé ce côté viscéral
et impactant, mais en essayant de développer certains riffs à 2 ou 3 accords, qui ne soient jamais chiants. Je pense que quand on a 40 balais, on a moins de trucs à se prouver artistiquement que quand on en a 20. Qu’un morceau soit simple ou compliqué importe peu. Il faut qu’il soit bon. Ça peut paraître prétentieux dit de la sorte, mais j’ai enregistré une tripotée de disques, dans des styles très différents. Qu’il s’agisse de pop ou de metal extrême, je considère que je suis capable de faire des choses que je trouve bien et intéressantes. Je me sens accompli à ce niveau-là. C’est aussi valable pour le chant. Vincent a démontré sur le disque précédent qu’il pouvait y aller franco dans le hurlement, et qu’il savait chanter en clair avec le même confort. Sur ce nouvel album, il n’avait plus à justifier quoi que ce soit, et il a développé une jolie palette d’émotions et de chants intermédiaires sans jamais se mettre la pression. »
Nostalgie Alors que les rumeurs de reformation d’Enhancer vont bon train et que Pleymo a annoncé une tournée en 2018 pour fêter les 20 ans de la création du groupe, AqME, qui n’a jamais cessé son activité, a continué d’évoluer. « Ce type d’évènement comme le futur concert de Pleymo me donne l’impression de surfer sur une vague de nostalgie, commente Julien. Et pourquoi pas ? Mais j’imagine une salle blindée de trentenaires bien tassés en baggy qui cherchent à vibrer à nouveau, là où nous avons eu la chance de renouveler une partie de notre public en même temps que nous faisions évoluer notre musique. Quand nous avons joué quelques dates pour célébrer l’anniversaire de « Sombres Efforts », on trouvait vraiment de tous les âges dans le public, et pas que des anciens. C’est plutôt chouette. » AqME, un groupe construit pour durer.
Zoom matos « J’ai bien mis 3 albums avant de trouver le son de guitare qui convenait à AqME, explique Julien. J’ai beaucoup cherché, tâtonné... J’utilise ma Schecter Solo-6 Custom, ou la SLS, la guitare des mecs qui ont mal au dos (rires). J’aime ce pari qui consiste à jouer sur des instruments que tout le monde peut se payer, et à avoir le son. Il y a trop de groupes que j’aime
qui jouent sur des modèles customisés à 3000 balles.
Ça peut devenir frustrant de ne pas pouvoir se payer le même matos. Bon, j’ai quand même fait une exception
avec un de mes amplis. Je joue depuis des lustres avec ma vieille tête Marshall modifiée par VHM, le spécialiste de Pigalle. Je l’ai depuis une douzaine d’années. Et je me suis offert le luxe de me payer un Orange Rockerverb. En concert, je joue sur les 2 modèles. Le Marshall est là pour les sons clairs. Pour les sons saturés, j’utilise les 2 amplis: le canal saturé du Rockerverb et j’enclenche une Jam Rattler reliée au Marshall. J’ai cherché à avoir de la projection, mais je ne voulais pas perdre trop d’épaisseur. Il y a eu un cheminement. Parce qu’avant, je ne jouais qu’avec le Marshall. Puis Étienne a acheté un Peavey 6505. Alors j’ai commencé à brancher les 2 ensemble et ce fut le début d’une longue quête à 2 amplis, au cours de laquelle j’ai aussi utilisé une Boss HM-2 comme celle qu’utilisait Entombed… Des années de recherche ! »
Schecter Solo-6 Custom