Quand Arman Méliès n’accompagne pas Julien Doré sur les routes ou en studio, ou qu’il n’écrit pas pour d’autres artistes (Alain Bashung, Hubert-Félix Thiéfaine), il livre régulièrement depuis un peu plus d’une décennie des albums intimistes où la langue de Molière est reine. « Vertigone », le dernier en date, quelque part entre Dominique A et Radiohead, fait la part belle aux guitares. Vintage, de préférence. Propos recueillis par Olivier Ducruix - Photo : © Olivier Ducruix
Peux-tu nous parler de la guitare que tu as amenée ? C’est une Fender Telecaster Deluxe de 1974 achetée à New York, il y a 7 ou 8 ans. Ce modèle, je l’avais régulièrement vu chez des groupes que j’aime, tels que Arcade Fire, Radiohead ou encore Cult Of Luna. En l’essayant à New York, j’ai réalisé que j’étais tombé sur le Graal parce que, pour moi, c’est pratiquement la guitare idéale : elle a la définition riche d’une Telecaster, le tranchant d’une Jazzmaster, mais aussi de la rondeur, comme on peut en avoir chez certains modèles Gibson, sans le côté boueux du son. Le luxe de l’avoir achetée à New York, c’est que, contrairement à la France où il est difficile d’en trouver, là-bas, dans la dizaine de magasins que j’ai pu visiter, il y en avait deux ou trois à chaque fois. Du coup, pendant 3 jours, j’ai pu passer d’un magasin à un autre pour essayer toutes les guitares pour au final me décider. Il faut aussi dire que j’avais en tête de la trouver dans cette couleur.
Était-ce la première fois que tu te rendais à New York ? Et dans le cas contraire, as-tu un circuit bien défini ou des boutiques préférées ? J’y suis allé plusieurs fois pour passer des vacances, mais à chaque fois, je me garde quelques jours pour faire le tour des magasins de guitares. Il y en a toujours des nouveaux à découvrir, soit en cherchant sur Internet, soit parce qu’on m’a donné une adresse que je ne connaissais pas. J’ai acheté ma Tele Deluxe chez 30th Street Guitars. C’est également là que j’ai découvert, il y a quelques années, les effets Death By Audio. J’aime bien aussi Rivington Guitars, un magasin bien achalandé autant en électriques qu’en acoustiques. Ces deux-là sont situés à Manhattan. Je vais aussi régulièrement chez Southside Guitars, à Brooklyn : une très belle boutique, beaucoup de choix et des vendeurs adorables. Curieusement, il y a aussi le Guitar Center. C’est vraiment le supermarché de la guitare, mais celui de New York a un rayon vintage très intéressant, en particulier pour les acoustiques. J’ai notamment essayé quelques Gibson J-45, mais elles étaient soit trop chères, soit trop abimées. Je me suis rattrapé depuis, j’en ai déniché une de 1959 au Canada.
De quelle manière es-tu venu à t’intéresser aux guitares vintage ? Au départ, le vintage n’était pas une passion. Je n’ai pas du tout l’âme d’un collectionneur, même si j’ai de très belles pièces telles qu’une Fender Jazzmaster de 1965, une Travis Bean du milieu des seventies, une Epiphone Century de 1966... Cela m’est venu par la pratique, en achetant des guitares plus ou moins récentes. J’étais rarement satisfait du son que j’avais et, peu à peu, je me suis dirigé vers des instruments plus anciens. En passant beaucoup de temps sur scène et en studio, mes besoins se sont affinés, même si je ne savais pas forcément quelle guitare pourrait me convenir. Mais plus j’essayais des instruments anciens, plus je me rendais compte que ces derniers étaient susceptibles de convenir à ma recherche.