Élaboré courant 2018, le projet initial était simple : former un groupe de math-rock sans chant, impulsif et brut, à la manière de Lysistrata. Mais une rencontre avec un violoniste va chambouler les envies du trio de départ. « En rencontrant Joachim, notre esthétique a commencé à s’élargir tant d’un point de vue mélodique qu’harmonique. Il n’y avait plus aucune limite lors du processus de composition et nous avons vite évolué vers un style entre post-rock progressif et noise. Dès le départ, nous voulions faire sonner le violon d’une manière différente de celle qu’on a l’habitude d’entendre. Il remplace en quelque sorte le rôle de la voix, Joachim utilisant une multitude d’effets. Au final, on entend assez rarement le son brut du violon. Et dans cette formule, sans chanteur, nous nous sentons plus libres quant aux structures des morceaux, pour jouer ce qui nous fait réellement vibrer. » Entre tensions et émotions, accalmies et tourbillons sonores d’une implacable force, quelque part entre Godspeed You! Black Emperor et Explosions In The Sky, les cinq titres de « Hiss » pourraient tous, et sans aucun problème, résonner dans les salles obscures des cinémas. « On nous parle souvent de cette dimension cinématographique. Nous validons totalement ce rapprochement, mais nous sommes plus guidés par des émotions et une succession d’images lors de la composition que par une véritable trame. Si ces images sont bien définies dans nos têtes, nous préférons laisser à chacun la liberté d’inventer sa propre histoire, même à travers le titre d’un morceau ou d’une vidéo, ce que nous avons fait avec celle de Frames. Ce titre est une succession de tableaux qui dépeignent une pensée, un ressenti. Nous avons voulu clipper seulement l’un d’entre eux, le premier, et donner une des clés à l’auditeur pour qu’il puisse se projeter et construire la suite. » Décidément, ce premier EP hautement recommandé est définitivement placé sous le signe de la liberté.