Sortir une Fuzz classique eut été trop facile. Catalinbread réalise un effet capable de beaucoup de choses magnifiques, à condition d’en saisir le fonctionnement.
Il est de ces pédales, complexes à régler, mais qu’on ne regrette pas de bidouiller des heures quand on découvre les larges possibilités qu’elles ont à offrir au fur et à mesure des manipulations. La Catalinbread Giygas en est le parfait exemple. Après avoir sorti plus d’une Fuzz, on se demandait un peu ce que la marque de l’Oregon pouvait apporter de plus avec ce modèle. Conclusion hâtive ! Car ce boîtier est en fait une sorte de chaîne qui relie une Fuzz à une égalisation active. C’est même plus subtil encore. En fait, la Fuzz entre dans un circuit de Blend, qui ensuite passe par un réglage des Mids puis par l’égalisation. Pour couronner le tout, le son finit son parcours à travers un réglage appelé Loud... qui correspond au volume général de sortie de la pédale. Qu’est-ce que tout cela implique ? Tout simplement un effet qui peut aussi bien faire appel à la Fuzz que servir d’égalisation on ne peut plus propre, sans un grain de saturation dans le circuit. On vous explique.
Le choix du Blend
Le potard de Blend (aussi parfois appelé Mix) permet de faire la balance entre son traité et non traité. Jusqu’ici, rien de nouveau. Sauf que ce Blend est généralement placé en fin de chaîne, histoire de gérer la quantité de son clair qu’on veut ajouter ou retirer à celui comportant de la Fuzz. En faisant le choix de placer le Blend avant le circuit de Fuzz, Catalinbread permet à la Giygas de mettre cette saturation totalement de côté et de bénéficier de tous les autres réglages qui sont en général exclusivement réservés à la partie saturée, ici l’égalisation. Donc, vous avez sous le pied, une pédale qui peut faire Fuzz (avec ou sans son clair ajouté), ou pur boost-égaliseur. Et ça décuple les possibilités de cette surprenante Giygas. Surtout que l’égalisation en question est répartie en deux étages bien distincts. D’abord un Mid actif, centré sur une fréquence particulière (ici 900 Hz), qu’on peut monter ou descendre jusqu’à 10 dB (faites attention aux écarts de volume, ça va vite avec les égalisations actives). Ensuite une égalisation plus « générale », elle aussi active, qui agit en fait autour de cette fameuse fréquence des médiums à 900 Hz. Pour faire simple, si on tourne le potard dans un sens, les graves augmentent et les aigus baissent (les médiums restent en place comme vous les avez réglés auparavant avec le potard de Mids). Dans l’autre sens, les graves diminuent et les aigus remontent, toujours autour des médiums non affectés par ce potard EQ. Pas facile d’accès, mais redoutablement efficace, avec ou sans Fuzz.
Du son toujours au top
Côté Fuzz, c’est excellent : épais et relativement puissant dans l’ensemble, assez éloigné de la Fuzz Face et plus proche d’une Big Mu quand on pousse le gain. On obtient vite un gros ronflement dans le bas du spectre qui peut s’imposer facilement dans le mix grâce au réglage des médiums. Mais comme Catalinbread a bien géré la plage de gain, on peut aussi obtenir un bon drive rock’n’roll en ne poussant pas trop le potard. On peut surtout gagner en précision et en tranchant en jouant sur l’égalisation. Ce n’est peut-être pas la Fuzz la plus vintage de l’histoire, mais quelle polyvalence ! Surtout quand on commence à jouer avec le Blend pour réinjecter du son non traité. À l’inverse, si on n’utilise que l’égalisation, les sons clairs sont sublimés, avec la possibilité de pousser le volume et faire tordre le son juste ce qu’il faut pour le rendre plus vivant et moins stérile, ou pousser un canal saturé encore plus loin. Oui, il faut vraiment se creuser les méninges pour comprendre comment fonctionne la Giygas, mais elle en vaut largement le détour.
Caractéristiques
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