Faire du bruit sans nécessairement monter le volume, ça vous intéresse ? La disto ou le meilleur moyen de mettre en avant certains plans en les salissant juste ce qu’il faut de manière musicale. Bienvenue au royaume du son qui tâche.
La distorsion est devenue avec le temps l’effet numéro un chez les guitaristes. Il suffit de regarder les catalogues des marques de pédales pour s’en apercevoir. On vous propose en général beaucoup plus de boîtiers tournant autour de cet effet que des chorus, réverbe et autres Phaser. Un ingrédient que l’on décline sous plusieurs formes (Fuzz, Overdrive…) obligatoire dans le rock, le metal, la pop et tant d’autres styles. Et les bassistes ? Souvent placés derrière sur scène ou en retrait dans le mix, les piliers rythmiques se sont faits discrets. Et pourtant, certains d’entre eux s’amusaient déjà à déformer leur son autant que leur guitariste il y a des lustres. Aujourd’hui, on n’hésite plus à balancer du sale dans le rendu de nos instruments fétiches. Quand elle est bien utilisée, la distorsion sait faire preuve d’une efficacité redoutable et ce dans d’autres cercles que celui des adeptes de la 6-cordes. Petit tour d’horizon.
La disto ? Satu ! On ne saura jamais vraiment qui est à l’origine de l’utilisation de la distorsion dans la gratte. Certains attribuent cette découverte aux Kinks, d’autres au guitariste Paul Burlison, là ou les derniers rappellent que Chuck Berry a déjà livré un son crade avec ses amplis bien avant. Un débat dans lequel nous n’entrerons guère, les bassistes ayant droit au même type de discussion concernant leur instrument. En effet, qui a commencé à balancer de la distorsion avec sa 4-cordes ? Ne cherchons plus, citons plutôt quelques grands moments cultes pour illustrer l’intérêt d’un tel effet. On se souvient par exemple que le son de Jack Bruce était si énorme dans Cream que l’on s’est demandé comment faisait ce sacré chenapan. Aux dires des plus informés, ce dernier a longtemps joué sur un ampli guitare, sa basse faisant déjà saturer l’entrée de ladite machine et donnant ce son distordu. On peut rappeler deux grands passages attribués à John Entwistle des Who et Cliff Burton de Metallica. Le premier a livré un son maousse au cours du solo basse de My Generation, là où le second a marqué des générations de thrashers avec le mythique Anesthesia (Pulling Teeth). Burton possédait alors dans son set une Big Muff d’Electro Harmonix et une Tube Screamer de chez Ibanez. On retiendra aussi Lemmy et son inimitable timbre de Rickenbacker sur un Marshall poussé à blinde, Jannick Top sur De Futura de Magma, Les Clapool avec Primus, Chris Squire dans Yes ou Justin Chancellor avec Tool pour ne citer qu’eux. Les années aidant, de nombreux joueurs on intégré cet effet à leur son. Il suffit pour cela d’écouter de nombreux albums de metal sortis ces 20 dernières années comme de vieux disques bien psychés d’époque. Au même titre que pour pas mal de gratteux, les pédales de disto font désormais partie intégrante de l’équipement de moult bassistes.
Buzz le clair Mais quel est donc cet effet ? Au départ, la distorsion s’obtient quand on pousse à fond le gain d’entrée et dans une moindre mesure le volume d’un ampli. À ce moment précis, on atteint les limites de la bestiole qui commence à buzzer pendant que le haut-parleur souffre. Un effet intéressant que l’on peut obtenir avec des pédales de manière plus musicale sans faire subir d’horribles tortures à son matériel, ni jouer à un volume insupportable. Différents types de distos existent. Elles permettent de trouver son bonheur quel que soit le style de musique pratiqué. On peut les répertorier ainsi :
Power to the Bass Pendant des années, les bassistes ont dû piquer les pédales de leur gratteux, aucune marque ne s’étant intéressée de près à leurs désirs d’obtenir de la saturation adaptée aux fréquences de leur instrument. La Big Muff à part exemple été récupérée par les bassistes alors qu’elle était à la base une pédale pour guitare. Electro Harmonix a depuis produit une Bass Big Muff très réussie. Chose étonnante en ce nouveau siècle, alors que pas mal de fabricants ont réagi en s’attaquant enfin aux désirs des possesseurs de Precision et autres SR, la plupart des effets produits n’ont pas toujours été à la hauteur des attentes. Il n’est pas rare aujourd’hui de retrouver des pédales pour guitares posées au sol devant les bassistes. Tout simplement parce qu’elles font mieux leur taf. Parmi les pédales les plus utilisées, on retrouve ces dernières :
Electro Harmonix Big Muff
Un son bien baveux et un gros sustain qui font des merveilles si on ne cherche pas à tricoter cinquante notes à la seconde. Le modèle russe à été très prisé par les bassistes et la version pensée pour la basse est redoutable.
MXR M80 Bass DI
La distorsion fournie par ce boîtier de direct est précise et puissante surtout quand on ne la pousse pas à fond. On se rapproche alors d’un bel overdrive.
Tech 21 Sansamp GT2
À la base plutôt pour les guitaristes, ce simulateur d’ampli analogique est une référence en matière de distorsion énervée comme de drive sale. Plus efficace que le Bass Driver pourtant pensé pour les bassistes chez le même fabricant.
Boss ODB-3
Plutôt polyvalente, cette pédale permet de salir le son en conservant une certaine précision propre aux produits Boss. Pratique pour se faire un avis sur les différents types de saturation.
EBS Multi Drive
Une grosse saturation qui gueule, en veux-tu, en voilà. Un grain méchant avec un petit côté Fuzz en plus. Nickel pour les violents riffs au médiator.
T-Rex Bass Juice
Du crunch au gros overdrive, cet effet T-Rex est un parfait allié des amateurs de sons vintage. À utiliser sans modération si on aime les sons médiums sales.
Behringer Vintage Tube Monster VT999
Pour les moins fortunés, sûrement un des meilleurs rapport qualité-prix du marché avec une pédale oscillant entre la Big Muff et la disto un peu plus mordante, son Noise Ggate intégré permettant de gérer les débordements trop noisy.
Faites chauffer Bien entendu, on pourrait citer des dizaines d’autres modèles comme ceux commercialisés par Digitech, Z.Vex, Artec, Fender, DOD, Pro Co, Mooer, Red Witch... Le plus important est de trouver la bonne distorsion allant avec son jeu et le style pratiqué. Une Fuzz fera plus noisy ou stoner, là où une grosse saturation conviendra mieux au metal pendant que certains pratiquants de pop-rock musclée préfèreront un bon overdrive. Soignez bien vos réglages pour ne pas passer d’un son clair chaleureux à une disto toute coin-coin et surveillez le niveau de sortie de vos pédales. Faites chauffer la saleté. C’est votre guitariste qui va prendre peur.