Avec la Julia, Duesenberg offre une nouvelle alternative rock à sa fameuse Starplayer devenue une référence de la guitare moderne. Empruntant le style des célèbres canons américains, ce nouveau modèle davantage « européen » ose un design audacieux et des possibilités sonores étendues. Ça vous branche ?
Le design de la Duesenberg Julia est à mi-chemin entre la Caribou (dérivée d’une Tele) et la Starplayer (dérivée d’une Les Paul). Il évoque aussi l’audace de la facture italienne des années
1960. On pense notamment aux Wandré Davoli, leurs courbes « liquides », la forme en trapèze des capots de microphones et leur logo en losange. Duesenberg ajoute le look américain et art déco. Fait de petits rectangles de nacre et d’une découpe originale, le pickguard interpelle franchement, au début... mais on a la classe ou pas, cela s’assume ! Le fond et la table sont plats (contrairement à la Starplayer). Le manche, au jeu rapide, est remarquable de douceur et de finesse dans la restitution des notes. De plus, les sonorités en acoustique sont agréables en ce qu’elles n’ont pas de résonance de caisse trop marquée. Le dessin du contour de tête est reproduit en repères de touche, désaxés à la façon de Grestch. Les mécaniques à blocage sont discrètes et légères. Comme d’habitude, les pièces nickelées sont rutilantes, d’autant que le Bigsby Duesenberg, particulièrement fiable et souple, reste une pièce visuellement imposante.
Encore plus rock ! Les capots cachent une paire de micros de conception différente : un simple bobinage de type P-90 en position manche et un humbucker en position chevalet. On dispose d’un circuit classique
pour 2 micros (volume, tonalité et sélecteur à 3 positions) et de 2 options moins courantes, affectées uniquement au micro chevalet (le duo d’interrupteurs à l’arrière du chevalet) :
la possibilité de splitter le double
en simple bobinage et de connecter directement le micro à la sortie jack (direct out), en contournant le volume et la tonalité. Que cela apporte-t-il ? Passer le signal par des potentiomètres
et condensateurs provoque une atténuation des fréquences aiguës. Activer le mode direct out donne au micro chevalet encore plus de brillance, ce qui se ressent beaucoup sur les sons saturés. Cela agit comme une troisième couleur de micro. De plus, en mettant
le volume d’un des micros à zéro, on le transforme en killswitch. Cela permet aussi de basculer facilement en pleine puissance, en contraste d’une section plus soft. Le split – qui est conservé
en mode direct out – libère les aigus
en creusant les bas-médium de la configuration en double bobinage. La sonorité de simple n’a pas la couleur pincée du nez hors-phase des splits conventionnels. On constate donc une légère baisse de niveau, des aigus plus saillants et du corps tel qu’on peut le constater sur un simple conventionnel. L’accessibilité à ces fonctions est bonne, l’accès à l’arrière du chevalet étant assez pratique à l’usage. Côté caractère, le micro manche est rond et tendu à la fois. Les cordes aiguës émergent avec beaucoup de clarté tandis que les basses restent ouvertes. Le micro chevalet bénéficie de ce même type de caractère, avec une sensation dynamique presque similaire à celle du micro manche, des aigus très ouverts et présents, et une sonorité plus grasse en double. Les niveaux sont équilibrés, l’instrument était très bien réglé, avec une hauteur de sillet de tête bien calibrée pour sonner juste. La Duesenberg Julia est une guitare très fiable, de style et de caractère, au look remarquable et au confort de jeu qui l’est tout autant. Benoît Navarret
Caractéristiques
Wandré Les guitares d’Antonio Vandrè Pioli (1926-2004)
sont autant des instruments de musique que des objets d’art. Ces modèles atypiques questionnent souvent des fondamentaux de la facture instrumentale et sont un pied de nez à la fébrilité de ceux qui ont eu du mal à s’éloigner des poncifs américains. Géométries surprenantes, lignes aux courbures étonnamment fluides, couleurs vives aux dégradés novateurs (pas forcément sunburst), solidbodies à corps creux, matériaux plus ou moins nobles (bois, mais aussi plastiques), manches vissés ou traversants, parfois en aluminium (ce
qui était plus fréquent en Europe dans les années 1960), pièces d’accastillage originales, micros à capots en trapèze Davoli. Ces guitares témoignent d’un véritable questionnement esthétique avec un renouvellement des formes et des matières ; et une audace qui a fait
de Vandrè Pioli un artiste aujourd’hui remarqué, singulier mais aussi marginal.
Test paru dans le Guitar Part n°296