Il ne manquait au Custom Shop d’Eagletone que l’association avec une personnalité forte du monde de la musique. C’est désormais chose faite avec Popa Chubby.
C’est l’histoire d’une rencontre assez banale. De passage à Woodbrass Deluxe, Popa croise la route d’une Telecaster-like sur laquelle il flashe. La pelle en question est une Eagletone Custom. Le feeling passe et la marque propose de lui fabriquer un instrument, mais notre homme n’est guère intéressé par cette idée et préfère se faire fabriquer une copie conforme de sa série L de 1966, usure comprise. L’essai est concluant puisqu’en juin 2018, Popa revient chez Woodbrass présenter cette nouvelle guitare. Il officialise au passage sa confiance en la marque française. La première étape est franchie mais la réalisation d’un modèle relic coûte cher : comptez 3 899 euros pour repartir avec cette Eagletone. D’où cette nouvelle version sans relicage au prix plus abordable.
La guitare à Popa
L’instrument sorti de sa housse, trois choses nous sautent aux yeux : la teinte de la tête (un peu trop orangée à notre goût), la gravure avec le visage de Popa à l’arrière du chevalet, et le micro aigu qui est un double au format simple. Les potards ont été salis volontairement et la plaque porte les traces de jeu d’un précédent utilisateur qui n’y est pas allé de main morte ! Popa l’aurait-il testée avant nous ? Une rapide inspection suffit à nous convaincre que l’instrument est réalisé et assemblé avec soin et professionnalisme. Le corps en frêne reçoit une finition Sunburst recouverte par un vernis assez brillant. Quant
au manche en érable, il accueille une touche en palissandre. L’absence d’une plaque au dos est à signaler, un choix qui offre une vue sympathique sur les trois ressorts du bloc de vibrato. Enfin, la signature de l’artiste orne la tête de l’instrument.
Fausse vintage, vrai mojo
Une fois la guitare branchée, la
prise en mains est excellente et les plans hendrixiens s’enchaînent avec beaucoup de facilité. Les cordes – des D’Addario .009-.042 – viennent bien claquer sur la touche dès qu’on leur rentre dedans. Et comme on le sait, lorsqu’une guitare « claque » facilement, ça donne envie de lui rentrer dedans encore plus ! Le manche est agréable à parcourir, même au-delà de la quinzième case, et les bends d’un ton et demi passent sans accros. Le réglage est excellent en tous points, de même que le sustain.
Les micros manche et intermédiaire sont des Lindy Fralin bobinés main, complétés par un Seymour Duncan JB-JR (un double au format simple) au chevalet. Sur le micro grave, le son est chaleureux et velouté. En comparaison, le micro aigu contraste de façon harmonieuse avec une bosse dans les médiums, sans toutefois exploser les compteurs en termes de dynamique, ni être trop criard même
si on aurait aimé qu’il le soit un peu plus. Une chose est sûre : on prend réellement plaisir à jouer cette Strat dans le registre qui est le sien, c’est-à-dire le blues-rock. Pour 1 799 euros, cette guitare coche toutes les cases qu’on est en droit d’attendre d’une vraie bonne guitare. Bravo Eagletone Custom et cocorico !
Florent Passamonti
Caractéristiques
Popa et ses guitares Popa n’est pas qu’un homme à Strat et possède une belle collection de grattes. « Je ne sais pas combien j’en ai, je dirais entre 100 et 150. Il y en a toujours qui vont et qui viennent, et certaines que je garde. » Et si on le voit plus souvent avec une Fender, son arsenal compte aussi de superbes Gibson. Jugez plutôt : ES-5 (1949), Black Beauty (1956), Goldtop (1953), TV Special (1956), ES-335 (1963). Mais lorsqu’il s’agit de partir en tournée, c’est uniquement sa Strat 1966 qui est du voyage (même pas de backup !). « La meilleure guitare au monde » dixit le bluesman.