La série Emperor d’Epiphone, jusqu’à présent plutôt tournée vers les jazzmen (notamment avec le modèle Joe Pass), s’ouvre au rock avec cette robe Forest Green et un look qui n’est pas sans rappeler certaines Gretsch.
Non contente d’être en bonne place sur le marché de la guitare avec des versions abordables des modèles mythiques de Gibson, Epiphone chasse également depuis 2011 sur des terres gretschiennes avec son modèle Swingster. Si jusqu’à présent les coloris choisis étaient assez classiques et moins connotés, ce Forest Green et surtout le binding intégral doré/pailleté lorgnent de manière autrement plus appuyée vers une « Green Falcon ». Jouée non branchée, elle propose déjà une belle projection. On sent qu’il y a de la vie avec ce petit côté nasal propre aux demi-caisses. Le son est équilibré avec de beaux médiums, des basses rondes mais discrètes, et des aigus procurant un bon mordant à l’ensemble. Le confort de jeu est plutôt agréable, même si le corps reste quelque peu imposant. La jonction corps-manche à la quinzième frette rend la bête compacte et facile à manipuler, avec des sensations assez proches d’une Epiphone Casino. Côté manche, même si la marque nous vend un profill SlimTaper, force est de constater que, sur le modèle testé, on est plus proche d’un bon gros 59’...
Surfabilly Dans cette gamme de prix, on ne s’attend bien sûr pas à trouver des micros TV Jones, mais ces micros SwingBucker maison procurent un son parfaitement dans l’esprit des guitares dont cette Swingster s’inspire. Un rendu alliant la rondeur d’un humbucker à la brillance d’un micro simple et avec un niveau de sortie faible afin de garder un maximum de dynamique et de clarté. En position manche, dans un Deluxe Reverb, ça ne bave pas, les notes se détachent bien : parfait pour de la pop, tant en arpège que pour le jeu en strumming. Dès qu’on baisse un peu la tonalité, on rentre dans un univers un peu plus jazzy, façon Grant Green ou Wes Montgomery. Quant à la position chevalet, c’est tout de suite plus nerveux, plus tranchant. Avec à une bonne réverbe, on navigue dans des eaux surf-rock, et avec un slapback, on pose le pied en terres rockabilly. Et avec de la disto ? On rajoute un Drive musclé pour retrouver le son d’un Marshall poussé à bloc, et là, c’est bon, très bon même. On retrouve complètement la personnalité qui s’exprimait déjà en son clair et débranché. Il y a de l’attaque, du brillant, du corps et des médiums qui perceront dans n’importe quel mix. La position manche apporte sa dose de velouté, mais on ne tombe pas dans l’excès contrairement à nombre de modèles dans cette gamme de prix. Si l’on veut gagner en puissance et en volume, on peut passer les micros en série avec les Push/Pull présents sur les deux potards de tonalité.
Swinging in the rain Cette Swingster Emperor cuvée 2021 est une franche réussite. Même si son look a un côté « emprunté » qui ne plaira pas à tout le monde, il reste très efficace. L’aisance de jeu est au rendez-vous avec un excellent son. Les seuls inconvénients sont le poids, assez conséquent pour une guitare sans poutre centrale et le Bigbsy qui bien que réussi esthétiquement, ne tient pas très bien l’accord. Enfin, mention spéciale aux micros qui nous ramènent dans une belle vibe vintage, loin des modèles trop bobinés, flatteurs mais sans vie, que l’on trouve jusque sur des Custom Shop bien plus onéreuses. Encore un superbe travail de la part d’Epiphone qui continue de nous charmer après l’excellente Wilshire. Samy Docteur
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