Régulièrement, Epiphone commercialise certains de ses modèles en édition limitée. Celui estampillé Jack Casady, déjà connu des aficionados de la marque, s’est vu habillé d’une belle robe blanche en 2014. Retour sur une basse autant mythique que l’homme qui l’a signée.
Jack Casady était le bassiste emblématique de Jefferson Airplaine, puis de Hot Tuna dans les années 70. Oui, ce cher Jack est un grand monsieur de la basse, discret, qui a contribué à l’avènement du folk rock, a enregistré la version originale du titre de Jimi Hendrix Voodoo Chile en 1968, et a participé dans l’ombre à certaines avancées technologiques concernant la basse en travaillant avec les ingénieurs d’une société à l’époque naissante, Alembic, pour aider à mieux configurer l’électronique embarquée dans les instruments de la marque. Dès ses débuts, l’intéressé ne semble jurer que par les basses semi hollowbody. Le souci, c’est qu’il peine à en trouver une avec un diapason digne de ce nom, ce genre d’instrument étant souvent short scale.
Hollow beauty En 1985, Jack Casady, qui habitait à New York, s’arrête devant la vitrine d’un magasin de musique et repère une basse Les Paul semi hollowbody. Cette rareté lui tape d’autant plus dans l’œil que son diapason est long. Au final, Jack est un peu déçu : il tombe certes amoureux du modèle, mais le micro est très loin de répondre à ses attentes. Il décide d’aller voir les gens d’Epiphone pour leur soumettre ses envies autant que ses idées. Après deux années de recherches acharnées et d’expérimentations diverses et variées, le rêve de Casady devient enfin réalité : l’Epiphone portant sa signature voit le jour. Autant dire que pour ce qui est du sérieux de la finition, on peut compter sur l’intéressé pour qu’elle soit irréprochable. Il a d’ailleurs maintes fois insisté sur le fait que le modèle commercialisé n’est en aucun point différent de la basse qu’il utilise personnellement. L’instrument est de type semi hollowbody. Certes, vous n’aurez pas une projection sonore digne d’une véritable basse acoustique, mais vous pourrez quand même vous amuser à jouer unplugged sans avoir à coller votre oreille sur le corps pour entendre vos notes…
Ici, c’est Vari Le manche en acajou (touche palissandre) se montre très confortable, légèrement arrondi et l’on remarque de suite les magnifiques repères trapézoïdes. L’ergonomie du corps en érable laminé pourra en surprendre plus d’un au début, surtout les adeptes des instruments de type Jazz Bass, ce qui est bien normal. Mais après quelques heures passées avec la dame blanche, cette gêne ne sera plus qu’un souvenir. Branchée, l’Epiphone Jack Casady Signature va vite se révéler être une sacrée bête. L’unique micro à basse impédance, judicieusement placé, délivre un son que les amateurs de bon vieux rock aux sonorités seventies, mais également les adeptes de blues ou même de pop, sauront apprécier. Le son de l’instrument est certes typé, mais il est plus malléable qu’on ne pourrait le croire, en jouant avec le potard de tonalité et, surtout, avec le Varigain à 3 positions. La position 50 fait plutôt la part belle aux aigus et aux hauts médiums. Celle du milieu (250 ohms) est, vous l’aurez deviné, la plus équilibrée. Ici, le rendu sonore est clair, net et précis. Et franchement puissant, c’est assez bluffant. Quant à la dernière position, la 500 ohms, celle-ci risque d’en décoiffer plus d’un pour peu que l’on pousse le volume de l’ampli : grosses fréquences basses en perspective. Cela a tendance à baver un peu, mais on s’en moque car, en fermant les yeux, on a l’impression d’être à Woodstock. Avec une pédale d’overdrive qui l’accompagne (ici une Mad Professor Blueberry), c’est la guerre totale, même si l’on doit faire attention à bien maîtriser les départs en larsen. Un vrai régal. l’Epiphone Jack Casady Signature est réellement séduisante. Un design vintage très réussi, un diapason long (ce qui est assez rare pour un instrument de type hollowbody) et un son qui a vraiment du caractère. Vous pouvez même envisager de l’équiper avec des cordes à filet plat, histoire de pousser le côté rétro encore plus loin. Pour un rapport qualité/prix ultra compétitif, cela va être difficile de résister à cette magnifique dame blanche… Olivier Ducruix
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