Framus relance l’une de ses guitares archtop au profil très « ciblé » qui contentera principalement les amateurs de volutes jazzy chaudes et délicates.
Les origines de la marque allemande Framus remontent à 1946 et l’immédiat après-guerre, lorsque son fondateur Frederick Wilfer et nombre de luthiers venus de Bohème et de la région des Sudètes vinrent s’installer en Bavière, donnant naissance à l’un des principaux berceaux de la lutherie guitare européenne. Une fois n’est pas coutume dans les pages de Guitar Part, nous voici donc en présence d’un instrument dont l’inspiration originelle remonte à la fin des années quarante, quand les jazzguitarre « archtop » étaient encore maîtresses du jeu, avec des ouïes les rapprochant d’autres instruments à cordes, tandis que l’électrification se répandait petit à petit. Pour rappel, une archtop est une guitare acoustique à table et dos bombés, avec des cordes acier, électrifiée ici par un seul micro. Si à l’origine le modèle Studio était sans micro et doté d’un pickguard, c’est aujourd’hui l’inverse, tout en reprenant ses caractéristiques, et en respectant un budget très serré. La configuration est simple, et il n’y a aucun élément fixé sur la table vernie – hormis les boutons de volume et de tonalité – pour laisser celle-ci vibrer. Comme sur la plupart des instruments archtop et de nombreuses hollowbodies, un cordier trapèze vient tendre les cordes sur un chevalet type Tune-O-Matic flottant, jusqu’aux mécaniques standards de type Kluson. Précisons que lors d’un changement de cordes, il faudra donc maintenir ce chevalet en place avec un adhésif (ou changer les cordes une à une), puisque son socle en bois est simplement posé sur la table. Le mini-humbucker est quant à lui fixé en bout de manche par deux pattes métalliques, sans contact avec le corps, sauf pour le fil qui le traverse.
Jazz tone Au moment de l’amplifier, un rocker sera sans doute moins à l’aise, car ce n’est ni une électrique, ni une électro-acoustique (ni une acoustique, puisqu’elle n’a pas de rosace et la puissance de résonance d’une acoustique flat-top), là ou un jazzman trouvera plus aisément ses marques. En action, son manche fin au diapason plus court, est très agréable en main, et son corps léger et peu imposant est confortable. Cette Framus est donc assez ciblée et demande à évoluer dans un univers relativement dépouillé : jazz, blues (pourquoi pas avec un bottleneck)... La chaleur naturelle de son mini-humbucker est parfaite dans cet environnement, ou l’on pourra légèrement hausser le niveau pour gagner plus de dynamique à l’attaque, dans un ampli classique et/ou avec un Boost de volume ou un très léger Overdrive. Mais vous pouvez aussi vous diriger vers des amplis plutôt ouverts sur les sons clairs, élargissant un peu le champ des sonorités pour y trouver encore plus de résonances et des fréquences sur le haut du spectre. Quitte à la sortir de son rôle, nous avons eu du plaisir à l’associer à une panoplie d’effets de modulation et de spatialisation, pour faire tournoyer quelques volutes éthérées en strumming ou picking, évoquant par moments des ambiances électro-acoustiques, avec de jolies rondeurs, même si ce n’est pas vraiment son profil. En revanche, nous avons constaté plus d’une difficulté à tenir la justesse de l’accordage, nous interrogeant sur la fiabilité des mécaniques standard, ce qui est regrettable, même à ce prix. Si son potentiel de séduction reste entaché par ces quelques critiques, cette Framus nous invite sur un terrain moins courant, à tarif abordable... Olivier Davantès
Caractéristiques
Histoire de caisse creuse Une guitare archtop est une guitare acoustique avec des cordes acier, dont la caisse de résonance rappellerait presque celle d’un violoncelle de petite taille. Dès le début du XIXe siècle, on doit les archtop à Orville Gibson et Lloyd Loar qui les développèrent au cours des années suivantes, leurs corps devenant de plus en plus imposants avec des cordes plus grosses, gonflant le son avec leurs caisses de résonance en forme de guitare dite jazz, telle la Gibson L5, puis la ES-150, première archtop électrifiée. Si on situe l’âge d’or de ces instruments entre 1940 et 1950, leur déclin commence avec l’arrivée d’amplis plus puissants, des premières guitares solidbody électriques et des hollowbody électriques au corps plus fin. Aujourd’hui, on les retrouve dans des niches plus confidentielles des grandes marques, mais aussi grâce au travail de luthiers indépendants talentueux.