Sous la bannière « Tribute Series » fabriquée en Asie et d’un très bon rapport qualité/prix, G&L revisite un classique au look proche de celui d’une Jazzmaster et doté de spécificités très remarquées, qui en font une guitare de caractère.
Après avoir fondé la marque Fender, revendue à CBS en 1965, Léo Fender et son ami Georges Fullerton créent les guitares G&L (Georges et Leo) en 1979 et sortent les premiers modèles en 1980. Si leurs guitares sont reconnues comme des instruments de qualité par nombre de musiciens, G&L reste peu connue du grand public. À l’instar de Gibson/ Epiphone, Fender/Squier, MusicMan/ Sterling, etc, G&L sort aussi une gamme d’instruments fabriqués en Asie sous la bannière « Tribute », au cahier des charges tendu et donc plus abordables. Celle qui attire notre attention est une version asiatique de la Doheny sortie en 2017. Entrons dans le vif du sujet en affirmant qu’il ne faut pas la considérer vraiment comme une Jazzmaster, mais comme un clin d’œil, car si la première impression pousse en ce sens avec la très reconnaissable forme asymétrique du corps et ses deux micros soapbar, elle ne s’appréhende pas comme telle. Elle se démarque par des choix tels que le sélecteur de micros placé comme sur une Les Paul et l’absence de circuit rythmique. La fabrication indonésienne est sans défauts ; on peut trouver les frettes un peu hautes (question de goût). Elle est cependant dotée de deux innovations d’accastillage : le vibrato Dual Fulcrum et le chevalet saddle-lock, comme sur le modèle américain.
Des riffs aiguisés L’épreuve de l’ampli va lever tous les doutes et dévoiler son caractère grâce à ses micros Magnetic Field Design développés pour un meilleur contrôle du son. Le verdict ne se fait pas attendre, c’est chantant, très tranchant et brillant, mais pas vraiment Jazzmaster, car leur profil tend plus vers les basses et les aigus, les médiums en retrait, ce qui change de l’inspiratrice en la rendant plus moderne. Cette fois, on ne navigue pas ou si peu dans les sons clairs feutrés, sauf en fermant la tonalité (et encore !), mais on est saisi par une vive attaque qui claque et brille, pleine de résonances rappelant parfois le timbre des micros lipstick, avec plus de vie et de sustain. Avec un jeu de cordes plus costaud, ce que l’on recommande vivement, on pourrait aussi approcher le son profond d’une baryton, graves caverneux, aigus claquants. Une rythmique en strumming se montre très chantante, d’autant que le manche est facile à jouer, il est donc clair qu’elle appelle vos plus beaux effets de modulation pour qu’elle devienne très aérienne. Par contre, dès qu’on lui donne le moindre Overdrive, elle tranche dans le vif, sans ce twang et ce grognement crunchy habituel : c’est moderne, propre, trop propre peut-être. Le système PTB point fort de la Doheny, est très efficace pour nuancer et éclaircir les situations conflictuelles avec les fréquences basses ou avec le micro manche, et ouvre logiquement des horizons indie/pop/rock/post-punk/ new-wave/shoegaze alors qu’on la sent moins à l’aise dans un blues bouillonnant. Notez que le placement de la tige vibrato et celui du sélecteur de micros peuvent gêner les mouvements des riffeurs rapides. Bref, toutes ses spécificités (et à ce prix) en font une guitare à l’identité affirmée. Cette Doheny n’est donc pas une copie de plus, en revendiquant et assumant d’autres choix, qui lui donnent un caractère plus incisif et parfois moins consensuel. Olivier Davantès
Caractéristiques
L'électronique selon G&L Le système PTB (Passive Treble & Bass) développé par Leo Fender se présente comme une configuration de deux potards de « tonalité » se comportant comme des filtres passe-haut et passe-bas, avec des condensateurs dans le circuit en interne, et qui agissent sur chaque micro et chaque position. L’un dose la quantité d’aigus jusqu’à assombrir le signal, comme une tonalité classique, et l’autre, le plus performant des deux, réduit la présence des fréquences basses, ce qui s’avère salvateur avec quelques Fuzz gorgées de basses sur le micro manche par exemple, avec certains amplis, ou pour donner un aspect vintage au son. Les micros simples MDF ont une barrette céramique en lieu et place de l’alliage alnico, avec un profl creusé dans les médiums, et forment un duo très créatif avec ce système PTB, pour donner soit plus de présence à la guitare ou au contraire alléger le propos.