Après une année 2018 particulièrement difficile, la légende Gibson revient dans la lumière avec quelques guitares sous bannière « Tribute ». La première à passer le contrôle technique est la Les Paul Jr DC, la plus abordable et la plus simple. Facile à jouer, elle est furieusement rock’n’roll. Tel le chapitre premier de sa renaissance, Gibson veut reconquérir un nouveau public.
Rentrons sans plus attendre dans le vif du sujet en commençant par le retour du bon sens accompagnant la suppression de l’infâme système d’accordage automatique G Force, merci ! L’intitulé « Tribute » nous intrigue un peu, en se demandant si sous cette appellation ne se cachent pas des coûts de production plus serrés afin de se positionner sur un marché premium plus abordable, face à la concurrence. C’est possible car on remarque quelques signes qui nous éclairent un peu sur cette orientation commerciale, comme la finition approximative à la jonction corps/manche, mais on attendra des modèles plus aboutis pour le proclamer. Car depuis sa création en 1954, et son évolution en1958 avec la DC (pour Double Cutaway), la Jr a toujours eu un statut de guitare d’étude. En tout cas ce n’est pas une reissue au sens strict (voir encadré plus bas), même si sa conception est toujours aussi minimaliste : un seul micro P-90, un chevalet wraparound, un volume et une tonalité.
Il n’y a pas plus rock ! L’affirmation n’est pas fausse d’autant que ce modèle double cutaway à un micro jouit d’un culte certain, adopté par des bandes de sales gosses, punk rockers déjantés, de Johnny Thunders à Mick Jones, mais aussi Keith Richards, et d’autres furieux de la gâchette. C’est une gratte rare et hors de prix en occasion, surtout en TV Yellow. Nous voilà donc aux anges au moins pour une raison : la LP Jr DC est de retour. Que dire de plus que l’on ne sache pas déjà ? C’est LA quintessence du plug & play ! On branche, on joue, ça sonne. Dans les faits c’est presque vrai car la première impression laisse entendre un petit manque d’assise dans le bas médium. Un changement du jeu de cordes d’origine, par un tirant plus costaud, comme un 11-49 est une alternative intéressante, qui relève les graves et les aiguës, tient bien mieux l’accordage avec le chevalet wraparound et redonne un peu de punch. Ceci fait, on retrouve avec bonheur l’alchimie Junior qui exprime des aigus chantants sur un fond bas médium plein d’harmoniques et de définition, fidèle à sa réputation. On aurait été accablé du contraire. C’est organique avec une bonne dynamique et très ouvert, ce qui ouvre les perspectives, rock’n’roll, garage, punk, indie, blues, pop. Bref, la Junior est à l’aise presque partout, mais elle excelle spécialement avec les crunchs, qu’ils soient doux, ciselés ou débordants vers des overdrives plus hostiles. Elle a un ADN de machine à découper la chair et à riffer à fond la caisse. Les sons clairs sont aussi percutants, perçants et aériens et se délectent avec des effets de modulation qui chantent. Un régal. Quitte à changer les cordes vous pourrez alors retirer la plaque qui vous donnera libre accès à l’électronique pour upgrader les potentiomètres en CTS avec un condo orange Sprague sur la tonalité qui deviendra plus subtile, éventuellement un kit treble bleed pour garder le son à bas volume et l’isolation la plaque et la cavité. Cela ne vous ruinera pas et vous serez fin prêt pour la bataille. C’est une gratte de rocker ! Olivier Davantès
Caractéristiques
Copy cat ? La Les Paul Jr n’a que très peu évolué esthétiquement et 2019 marque le retour d’un modèle au statut de guitare culte introuvable. Il serait presque inutile de comparer celle-ci à une '58. Cependant, la version 2019 n’est pas une réédition pur jus, puisqu’on note quelques différences esthétiques. La plaque de protection sur lequel est vissée toute l’électronique (micro et potards) est plus grande et recouvre la cavité qui n’est plus creusée par l’arrière. Le jack n’est plus sur la tranche, mais sur la plaque, et le micro n’est plus de forme Dogear mais Soapbar. L’acajou du manche a laissé place à de l’érable et l’attache de la sangle s’est déplacée du talon du manche à la corne supérieure. Enfin, le chevalet wraparound est parallèle au micro et non plus de biais. On l’aurait aimé à l’identique et en TV Yellow, mais le plaisir est là malgré tout !