Après « L’intervalle », troisième album fort prometteur du trio francilien, Bebly revient avec un implacable nouvel EP, « Déconne », dans lequel le rock et la langue de Molière font plus que bon ménage. Benjamin Blin, guitariste et chanteur du groupe, nous parle des 5 disques qui l’ont marqué. Propos recueillis par Olivier Ducruix - Photo : © Olivier Ducruix
NIRVANA Nevermind Je serai éternellement reconnaissant à Butch Vig d’avoir réalisé et produit cet album. Il a rendu tellement accessible et poli les compositions du groupe que sa notoriété a explosé (et accessoirement tué son leader mais ça, il ne faut pas le dire…). Diffusé partout, ce disque m’a fait naître musicalement. Avant, je n'écoutais pas de musique, tout me semblait chiant et sans intérêt, et il n’ y avait personne (ni grande soeur, ni grand frère) pour m’orienter sur des choses plus intéressantes que ce que diffusaient les médias populaires. Même si je n’ai pas acheté le disque à l’époque, j’ai réellement scotché sur chaque diffusion du clip de Smells Like Teen Spirit.
NIRVANA In Utero En 1994, suite à la fin tragique du groupe, j’ai commencé à vouloir tout écouter, je me souviens même être allé maintes fois aux Puces de Clignancourt pour trouver des inédits et des lives pirate. Et, plus j'écoutais ce dernier opus, plus je me disais que ce disque était bon, que le mec était au bout du rouleau, que les musiciens étaient à fond les ballons et que les titres sonnaient plus écorchés que jamais. Je ne le savais pas encore, mais Steve Albini avait trouvé le truc pour faire sonner ce groupe, avec une mention particulière pour la chanson Tourette’s. J’avais donc décidé de m’y coller et d’acheter une guitare Céramic à 250 francs… Une vraie bouse ! Le premier truc que j’ai bossé était Rape Me, avec une tablature récupérée sur le Guitar Part n°1 ou 2 ! Les riffs étaient accessibles et le sentiment de progression indéniable. Heureusement que je n’avais pas scotché sur Eric Clapton... Sans savoir jouer, je voulais déjà monter un groupe !
LOUISE ATTAQUE Louise Attaque La guitare électrique que j’avais à l'époque, en plus de ma sèche, était une vieille Fender Musicmaster (une Mustang avec un micro). J’avais un petit groupe qui répétait dans un grenier ou dans le salon de mes parents. Le son du Marshall à transistor et de la Boss DS1 sont vite devenus pénibles et inaudibles quand il a fallu que je me mette au micro, faute de chanteur… À l'époque, j’aimais beaucoup ces Français hyper punk dans la démarche, mais doux dans le son et leur chanteur, Gaëtan Roussel, m’a vraiment décomplexé quant à la possibilité d’écrire, avec un titre comme L’imposture, par exemple.
DEPORTIVO Parmi eux J’ai d’abord détesté ce groupe 2 minutes parce qu’il avait réussi à faire ce que j’avais toujours rêvé de faire : un lien entre le bordel rock/punk et un chant en français bien foutu. Puis, en écoutant « Parmi eux », je l’ai trouvé brillant, un album qui aurait dû s’appeler « Best Of » (mention particulière pour la chanson Roma) ! Les gars de Deportivo étaient nos voisins, ils habitaient à Bois d’Arcy, et nous à Élancourt, et répétaient dans le même studio que nous. Pourtant, je ne les ai jamais croisés avant qu’on ouvre pour Deportivo au Glazart, en Janvier 2004… Quelle tristesse ! Grâce à Jérôme et sa bande, j’ai réinvesti dans l'électrique en achetant une Fender Mustang. J’avais perdu trop de temps à essayer de faire du rock avec une guitare électro-acoustique (Yamaha APX) et, 3 ans plus tard, le projet Bebly voyait le jour…
DAMIEN JURADO Caught In The Trees J’ai toujours aimé composer des titres à la guitare sèche (Martin&Co 00-15M) et en chantant, même si c’est du rock que nous faisons. C’est plus brut et on voit direct si ça sonne ou pas. Et parfois, un titre sort sans artifices, comme la chanson Un fantôme sur notre dernier EP. J’affectionne et j’admire les artistes folk qui te clouent avec une guitare en bois, en chantant juste 3 notes. J’aurais pu parler de Jesse Sykes, Damien Rice, Ray Lamontagne, ou encore de Tom McRae... mais c’est Damien Jurado, sur cet album, qui me touche le plus de manière difficilement explicable. Il n’y a qu’à écouter le morceau Everything Trying pour en comprendre la raison…