Avec « Colores », un quatrième opus aussi sombre que contrasté, mélange habile de pop et de rock, de français et d’anglais, les Bretons de The Craftmen Club sonnent leur grand retour, 4 ans après leur dernière livraison. Steeve Lannuzel, le chanteur et guitariste du groupe, présente ici les 5 albums qui l’ont marqué. Propos recueillis par Olivier Ducruix - Photo : © Olivier Ducruix
TALKING HEADS Remain In Light Je trouve ce groupe incomparable. Les Talking Heads ont réussi à créer leur propre univers et il m’est difficile de leur trouver des influences tant ils sont uniques pour moi, avec un style toujours aussi novateur et actuel. Cet album me suit depuis mes 17 ans, c’est une bouffée d’air frais à chaque écoute. J’adore la production de Brian Eno, je redécouvre encore plein de choses à chaque écoute ! C’est un groupe majeur qui, à mon avis, n’est pas reconnu à sa juste valeur.
MILLIONAIRE Outside The Simian Flock Ce groupe est un peu dans chacun de nos albums… C’est une influence majeure pour nous, comme beaucoup de formations belges que nous aimons. Millionaire est un bijou d’une originalité rare : un son stoner, avec des mélodies pop accrocheuses, le tout emmené par la voix superbe de Tim Vanhamel. Il faut vraiment écouter la classe d’une chanson comme Body Experience ou le riff magique de Champagne… La première fois que j’ai écouté cet album, ce fut une révélation et une des plus grosses claques que j’ai pris ces 10 dernières années autant sur scène que sur disque.
BRUCE SPRINGSTEEN Nebraska L’histoire de cet album est incroyable ! Enregistré sur un 4 pistes à bande chez lui, puis réenregistré avec ses musiciens dans un gros studio, pour finalement finir par sortir avec la version 4 pistes. C’est souvent aussi le cas chez The Craftmen Club : nous préférons nos maquettes qui sont plus instinctives, plus touchantes de par leur fragilité, chose souvent très difficile à reproduire en studio. Du coup, nous gardons la maquette, même si le son est moins bien et que nous n’avons pas très bien joué. « Nebraska » est un voyage, une immersion au cœur de la société américaine, avec des histoires touchantes et d’autres qui vous font froid dans le dos !
JACQUES BREL Les marquises Brel est un monstre sacré et « Les marquises » un album touché par la grâce, le dernier souffle d’un génie… J’entends ces chansons depuis que je suis enfant car mon grand père les chantait. Et aujourd’hui, mon fils chante Mathilde ! Ce disque traverse toutes les époques et touche toutes les générations. La chanson Orly est une véritable œuvre d’art, c’est la chanson parfaite pour moi. Cet album est magique du début à la fin.
NICK CAVE AND THE BAD SEEDS Murder Ballads Faire un album concept sur des histoires de meurtre et en vendre des tonnes, pour moi ce mec est le patron ! La première fois que j’ai vu Nick Cave, je devais avoir à peine 20 ans. C’était un festival en Bretagne, avec 16 Horsepower et Portishead. Je ne le connaissais pas et j’y allais pour voir David Eugene Edwards (le leader de 16 Horsepower. Ndr), mais quand j’ai vu ce gars arriver sur scène en costard, et surtout quand j’ai entendu cette voix, cela a été comme une révélation… La grande messe ! Depuis, je suis toujours aussi impressionné et impatient à chaque nouvel album, et je ne crois pas avoir autant été touché de cette manière par un autre artiste.