Avec un quatrième album, « Farewell To Dawn », en tout point maîtrisé et de nombreux concerts sur notre territoire, mais également à l’étranger, 7 Weeks est devenu depuis quelques années une valeur sûre de la scène heavy rock de l’Hexagone. Julien Bernard, le bassiste et chanteur du groupe de Limoges, nous parle des cinq disques qui l’ont marqué.
METALLICA
… And Justice For All
C’est, de ma liste, le seul album que j’ai découvert au moment de sa sortie. J’écoutais déjà du thrash et du heavy mais là, ça a été une révélation. Dès l’intro on sent que ça va être spécial. Puis arrive Blackened et on sait que ça l’est. J’ai toujours aimé le côté progressif et épique au niveau des compositions. J’ai surtout compris avec cet album que jouer avec une rigueur martiale est une forme de groove : le riff de The Shortest Straw en est l’exemple parfait. J’ai bien sûr toujours beaucoup écouté la basse dans Metallica, mais c’est plus Hetfield qui m’a influencé musicalement. En parlant de la basse… À l’époque, personne ne trouvait que la basse n'était pas forte sur « … And Justice For All » et pourtant sur « Garage Days », sorti l'année d'avant, on l'entendait beaucoup. C’est un débat débile de gens sur internet. Aujourd’hui encore, je m’en fous de ne pas entendre la basse, cet album sonne comme ça, froid et martial. Le « Black Album » viendra donner le contrepied à ça. Autre point, le clip de One a été une influence dans mon approche du ciné-concert « Dead Of Night » (en 2011, le groupe a réalisé « 7 Weeks Plays Dead Of Night », un album où l’on trouve les morceaux joués lors de la diffusion du film paru dans les années 70, «Dead Of Night » Ndr).
LED ZEPPELIN
III
C’est dur de choisir un album de Led Zeppelin, mais celui-ci, tout en restant très brut, montre toutes les facettes du groupe. Immigrant Song, Friends et Since I’ve Been Loving You font partie des morceaux les plus géniaux du groupe. Il y a ce côté mystique que Led Zep savait distiller dans l’imagerie, les textes et la musique. Ce mélange de différents styles de musiques, folk celtique, blues et orientale, a vraiment attisé ma curiosité musicale et mon intérêt pour ce mix entre le folk et le rock. Beaucoup de titres de 7 Weeks sur les albums « Carnivora » et « A Farewell To Dawn » viennent de là. Ce disque marque également un tournant, on quitte réellement les années 60. J’ai beaucoup bossé les basses de John Paul Jones, un vrai bassiste des années 70 : un virtuose au service de la simplicité. C’est un de mes bassistes préférés.
KING CRIMSON
Red
Un chef-d’œuvre. Cet album est pour moi le plus grand de tous. On m’a fait découvrir King Crimson avec l’album « Three Of A Perfect Pair » et je tombe ensuite sur « Red ». La claque, une véritable obsession… À l’époque je l’écoutais tous les jours. Assez bizarrement je n’ai jamais vraiment essayé de jouer dans ce genre de catégorie, c’est tellement à part en même temps. Il y a la folie, la virtuosité, un panel d’émotions incroyable. Et puis il y a Starless… Le monument, la descente aux enfers. Je me souviens que parfois, lorsqu’il y avait des soirées chez moi avec beaucoup de monde, je passais des disques et, au bout d’un moment, je mettais ce morceau. J’observais alors la réaction des gens : à chaque fois, au moment du pont, l’ambiance était ruinée. Il y avait comme un malaise ! J’adore John Wetton, le bassiste/chanteur. Sa basse saturée tient tout l’album et il chante comme seuls les Anglais savent le faire avec flegme et force. Je suis allé voir King Crimson à Pleyel, début décembre 2016 et 42 ans après, c’est toujours géant.
MOTÖRHEAD
No Sleep ‘Til Hammersmith
En 1985/86, mes cousins viennent bosser au resto de mes parents, ils sont plus âgés et m’amènent plusieurs K7 avec l’intégrale de Motörhead. À part Abba, Klaus Nomi et Boney M qui tournent en boucle sur la chaîne du resto, je n’écoute pas grand-chose. C’est le début d’une époque : le tape trading (l’échange entre potes de K7 enregistrées. Ndr), les vinyles très difficiles à trouver (on est en Corrèze dans les années 80), les premiers concerts, comme celui d’Aggressive Agricultor, les premiers pas dans la musique. Motörhead est la bande-son de cette période, AC/DC et Iron Maiden en font partie aussi. Je redécouvrirai plus tard Motörhead d’une autre façon en l’étudiant avec un bagage musical plus conséquent. Ce groupe a toujours été une énorme influence : le son de basse qui tue, l’énergie, la qualité d’écriture. Lemmy était fan des Beatles et d’Abba car ces deux formations savaient écrire des chansons et c’est ce qui comptait le plus pour lui. J’ai toujours préféré Motörhead en concert plutôt que sur album. Et ce live est LE live ! Il y a tous les tubes et ça sent le speed à plein nez ! Le son du groupe et ce, quel que soit le line-up, m’a aussi beaucoup influencé dans le son de 7 Weeks, ce magma rythmique créé entre la basse et la guitare, cette dynamique dans les distorsions, ça n’existait pas vraiment avant Motörhead. Ce disque est un classique et ce groupe, une légende.
QUEENS OF THE STONE AGE
Songs For The Deaf
C’est le groupe qui m’a fait revenir au rock lourd que j’avais un peu délaissé à la fin des années 90. Je n’étais pas branché par les White Stripes ou par toute la vague rock blues/rétro de cette époque et j’en avais un peu marre du metal qui, pour moi, se stéréotypait. Quand je découvre le titre Avon sur Canal+, vers 2000, j’hallucine. C’est le groupe que j’attendais, celui qui complète tout ce que j’écoute déjà. Il m’ouvre les portes du desert rock californien : Kyuss, Masters Of Reality… Ce mélange de rock lourd, de punk californien et de mélodies pop sixties anglaises, c’était inédit et ultra efficace. J’ai rencontré Nick Oliveri cet été sur une date et j’ai écouté en plateau le son de sa Precision modifiée : ça tue vraiment ! Josh Homme m’a également beaucoup influencé d’un point de vue mélodique. Il y a pas mal de similitudes avec ce mélange particulier mineur/majeur que je retrouve aussi chez Jimmy Page dans ses parties folk en open tuning. J’ai choisi « Songs For The Deaf » parce que c’est l’album emblématique, mais j’adore autant les quatre premiers disques des QOTSA. Tous ces albums, plus « One By One » et « In Your Honor » des Foo Fighters ont grandement contribué à la création de 7 Weeks.