Votre cœur balance entre le son américain et le son anglais ? Pourquoi ne pas tenter les deux ? C’est ce que propose le Heptode Jim ’81 : un ampli à deux canaux, l’un reproduisant le son d’une Fender Blackface, l’autre d’un Marshall JCM800.
Jean-Luc Chtioui est un concepteur français d’amplificateurs et de pédales d’effets installé à Orsay (91), au sud de Paris. Distribués sous sa marque Heptode, ses modèles s’appuient sur des technologies alternatives avec pour philosophie « Le son d’un ampli à lampes... sans les inconvénients des lampes ! ». L’ambition du nouveau Jim ‘81 est ni plus ni moins que de proposer un Fender Blackface et un Marshall JCM800 2203 dans un même ampli ! Deux monstres du rock réunis dans un boîtier de format réduit et seulement 2 kg (pour la version rack testée ici).
Jim et Leo
Avec le canal « Leo », le headroom est très important avec un crunch qui tarde à venir. Le Middle est centré sur les bas-médiums, pour un contrôle de la rondeur sans trop heurter la brillance des aigus, tout juste ce qu’il faut donc pour affiner la couleur de son instrument en rapport à l’ampli. Les qualités de réponses dynamiques sont remarquables avec une belle nervosité qui contribue à la sensation
de profondeur, une enveloppe du son qui naît avec un naturel « électrique » saisissant, et une pointe de compression, une sorte de retenue à l’attaque, qui s’accompagne d’un enrichissement de spectre tout à fait en phase avec ce que l’on est en droit d’attendre d’un ampli réactif, musical
et aux résonances animées.
Le son s’écoute et c’est beau.
Le canal « Jim » est quant
à lui plus âpre et centré
sur les haut-médiums. Le
crunch survient plus tôt et le signal est beaucoup plus coloré. Les égalisations renforcent cette coloration tout en ayant, comme pour le canal 1, une progression douce et une action non chirurgicale, qui se contrôle à l’oreille et avec souplesse.
Le gros son à la maison
Tout à fond, le son fuzzy si puissant et inspirant est bien là. Rien ne flanche, sans faiblesse technique (du genre,
« le niveau s’écroule ») : c’est stable, absolument pas clinique, dynamique
et vraiment interactif dans le jeu. La course de tous les potentiomètres est progressive et sans effet de seuils, ce qui signifie que l’on peut jouer avec tout type de grain, même à des niveaux faibles. De plus, il y a un atténuateur de niveau (interrupteur Low/Full) qui ne délivre cependant pas exactement le même grain. En Low, à des niveaux élevés, les aigus sont par exemple un peu plus acides que ceux constatés à volume égal en Full. Le Full libère les basses, la réponse dynamique est plus étendue. On ne peut que saluer le concept, l’ergonomie et la réalisation qui font de cet équipement un outil rock tout terrain, d’autant que l’ergonomie (reprenant l’ensemble des paramètres de réglage des amplis de référence) et les possibilités de connexions sont très fonctionnelles et pratiques (sorties HP sans contrainte d’impédance par exemple), boucle d’effet, sortie DI, sortie ligne. Le Jim ‘81 se décline en trois versions : tête (baffles disponibles en 1x12’’ et 2x12’’), combo 1x12’’ et rack 1U. Rechercher les sonorités saturées avec le canal Marshall et celles en sons clairs avec le canal Fender pourrait relever de la caricature ; pourtant, c’est ainsi que le Jim ‘81 tend à s’utiliser... et c’est bien là l’intérêt de cette configuration, pour les plus nostalgiques de ce patrimoine sonore et musical des années 60 et 80, car l’on dispose, pour ainsi dire, du meilleur des deux mondes
Benoît Navarret
Caractéristiques
Test paru dans le Guitar Part n°302