Mooer sort un combo destiné à un marché déjà bien occupé, celui des amplis à tout faire, à un prix raisonnable, avec une bonne réserve de puissance (75W). Un domaine dans lequel la marque chinoise crée une jolie surprise.
Mooer est une marque surprenante à plus d’un titre. Après avoir démocratisé les micros effets et réalisés des mini- préamplis au même format, l’enseigne chinoise a récemment réussi à jouer les trouble-fêtes du côté de la capture de son (pour ampli ou guitare, un peu à la manière de Kemper), et réalisé des multi-effets convaincants. Finalement, la seule ombre au tableau concerne les amplis, les vrais, domaine dans lequel on a rarement été convaincu en dehors des deux Little Monster, des têtes à lampes à taille réduite. Le reste de la gamme s’articule autour de la modélisation numérique, avec le Hornet ou la Little Tank, qui font un boulot sympa sans être renversants. Quand on apprend que Mooer revient justement avec de nouveaux amplis numériques, on reste donc méfiant de prime abord. Ne pas juger avant d’avoir essayé. Le SD75 est un gros bébé, avec une jolie réserve de puissance et une enceinte de 12 pouces, à la présentation sobre et relativement élégante, en tolex blanc et gris clair. Le panneau de contrôle, doté d’un écran LCD et d’une batterie de boutons (en plus des habituels potards de réglage qu’on retrouve sur un ampli classique), se trouve sur le dessus du combo. Quand on y regarde de plus près, on reconnaît les boutons présents sur des multi-effets comme le GE300 ou le GE200. La navigation entre les presets est facile. On essaie donc dans un premier temps certains des sons déjà programmés : c’est instantanément une grosse surprise qui sort de l’enceinte. Un son relativement rond, ample et chaleureux. Il faut croire que Mooer a savamment étudié son duo section de puissance/HP pour coller au mieux à ses émulations numériques. Car jusqu’alors, lorsqu’on reliait certains multi-effets et pédales de la marque à divers amplis, le résultat était loin d’être aussi convaincant qu’avec ce combo. Les manipulations pour créer ses propres sons et les sauvegarder sont assez simples, grâce aux nombreux boutons (rétroéclairés quand on les active) qui évitent de tout faire avec l’écran et un seul bouton rotatif comme on trouve parfois. Pour le moment, ce SD75 a presque tout bon. Presque, car il reste malgré tout un combo d’un poids généreux (16 kg), situé dans une gamme de prix où la concurrence est rude (Boss Katana, Line 6 Spider V, Fender Mustang GT...). Il lui faudra donc lutter sévèrement pour se démarquer.
Dans l’ère du temps Le SD75 a quelques atouts dans la manche pour faire la différence avec certains concurrents. Outre le son clair réussi, et des crunches qui s’en sortent plutôt bien (les sons high-gain tendent à siffler un peu trop dans les aigus et à vite sonner chimique), ce sont les nombreuses options qui vont faire pencher la balance en sa faveur. À commencer par le AirSwitch, un pédalier de contrôle programmable à 4 footswitches, sans fil (Bluetooth), livré avec l’ampli et bien pratique. Un vrai luxe. En plus de la boucle d’effet, on retrouve à l’arrière de l’ampli, une sortie pour une enceinte supplémentaire (qui coupe le HP interne) et surtout une sortie DI en XLR, permettant de s’enregistrer en direct chez soi sans utiliser de micro pour repiquer l’enceinte principale. Avec un rendu sonore surprenant sur les sons clairs et les crunches, et des effets sympas pour un ampli un brin plus massif et plus lourd que ses concurrents, Mooer propose un combo qui va malgré tout devoir lutter sévèrement pour s’imposer, bien qu’il possède de nombreuses qualités. Guillaume Ley
Caractéristiques
Boîte à jam Non content d’abriter 25 émulations d’amplis et 28 pédales d’effet (ainsi que 40 presets pour sauvegarder ses réglages préférés), le SD75 possède aussi un mode JAM, qui comporte un Looper de 150 secondes ainsi qu’une boîte à rythmes avec 40 boucles disponibles, et toujours l’entrée auxiliaire au format mini-jack stéréo. Et puisqu’il est équipé en Bluetooth, vous pouvez aussi profiter de ce système pour recevoir des playbacks depuis votre smartphone ou votre tablette. Dommage que la prise USB ne serve qu’à recevoir les mises à jour depuis un ordinateur, quand on sait que sur les multi-effets de la marque, elle permet de transformer la machine en interface numérique... chose que font les Boss Katana 50 mkII et Line 6 Spider V60, pour ne citer qu’eux.