Ibanez ajoute à la série Artcore une nouvelle guitare à l’esthétique qui ne passera pas inaperçue, pour un prix très abordable. Un ticket d’entrée dans le monde de la guitare demi-caisse qui prêtera sans doute à discussion.
En ouvrant le carton, il y avait de quoi être surpris, tant on est peu habitué à ce genre de coloris. Mais il s’agit bien d’une nouvelle Ibanez de la série Artcore, conçue avec des essences de bois tels que le Sapele pour le corps, le Nyatoh pour le manche, et du laurier pour la touche, qui en font une guitare légère et très maniable. Avec son prix plancher, il ne faudra pas lui demander la lune. Et si la fabrication d’usine est propre, certains détails de réalisation et d’esthétique trahissent l’assemblage fait à la chaîne, mais ne gênent en rien la prise en main, qui se fait sans difficulté. Le manche est relativement fin et les proportions du corps sont équivalentes à celles d’une hollow de type 335. Cependant, le choix de la couleur Coral Pink laisse dubitatif. Elle est également déclinée en Mint Blue, Sea Foam Green et Twilight Orange : tout un programme « pop », qui semble avant tout destiné à séduire le marché japonais, friand d’instruments incongrus et de couleurs qui tranchent. Mais des goûts et des couleurs... Côté accastillage, il faudra surveiller l’entrée jack (mal vissée sur le modèle reçu) et les mécaniques un peu trop souples, ainsi que les boutons de potards assez cheap. On apprécie l’accès au Truss Rod par une pièce de plastique pivotant sans vis, ainsi que le tirant des cordes 0.10-0.52, parfaitement justifié ici, qui redonne un peu de bas dans les fréquences.
Tout n’est pas rose ! Ces deux micros humbuckers d’entrée de gamme n’en font pas une guitare offrant tout un panel de nuances, alors qu’on attend traditionnellement un son rond et chaud. Au lieu de ça, la tendance est à un allègement dans les basses, ce qui lui confère une personnalité différente, plus linéaire, pas désagréable, mais qui la limite dans ses possibilités et son expression. Le réglage combiné du manche bien droit, des frettes plates et de l’action basse des cordes favorise un jeu rapide (mais pas pour shredders), et la rend surtout très à l’aise en strumming ou pour riffer à 200 à l’heure. Les débutants « verront la vie en rose », appréciant le confort pour enchaîner les accords sans fatigue. Le niveau de sortie des micros assez peu élevé incite à leur associer au moins un Boost de volume en amont. La réaction est immédiate en la faisant partir en mode crunch. Elle devient alors hargneuse dans un registre un peu plus énervé, power rock, punk, avec des saturations légères qui découpent, voire plus. Mais il ne faudra pas trop chercher les nuances, la délicatesse ou les respirations dans le jeu blues, le rendu restant un peu raide. En revanche, on pourra beaucoup mieux l’exploiter avec des modulations de type Reverb ou Echo, dans un style plus cold/indie/pop-rock, de préférence sur la position intermédiaire et sans trop d’Overdrive. Notons que pour une fois, la course du potard de volume est très progressive jusqu’au bout sans que le timbre ne perde trop d’aigus en le fermant. Une guitare hollow à ce prix peut constituer une bonne entrée en matière pour un novice, mais aura plus de difficultés à trouver sa place chez les autres. Vous pourrez toutefois changer les micros si ça vous chante, pour changer de couleur... de son. Est-ce judicieux ? À vous de voir ! Olivier Davantès
Caractéristiques