JEFF BECK - Cinq anecdotes pour rendre hommage au guitariste

Innovateur perpétuel qui n’a jamais cessé de se renouveler, mû par une curiosité sans failles et un amour immodéré pour la musique, Jeff Beck s’est éteint à l’âge de 78 ans des suites d’une méningite.

Régulièrement – et à juste titre – considéré comme l’un des plus grands guitaristes de tous les temps, Jeff Beck, dont la naissance remonte à 1944 dans la banlieue de Londres, a su faire évoluer son jeu tout au long de sa carrière en innovant et en se frottant avec une totale liberté artistique à différents styles, du jazz-rock au heavy metal, en passant par le rock psychédélique et le blues. Après un court passage dans The Yardbirds au milieu des années 60 où il croisera le manche avec son ami d’enfance Jimmy Page, le Britannique fonde The Jeff Beck Group (1968-1972), une formation dans laquelle on trouve Rod Stewart au chant et Ron Wood à la guitare. Une petite escapade le temps d’un album sorti en 1973 avec ses amis Tim Bogert (basse/chant) et Carmine Appice (batterie/chant), et voilà que Jeff Beck se lance dans une longue carrière solo remplie de succès, à commencer par celui de l’album « Blow By Bow », un must dans le genre.

Hommages De nombreux musiciens ont bien sûr réagi à la disparition de cet artiste hors normes qui n’a cessé de réinventer la six-cordes (huit fois lauréat d’un Grammy, intronisé au Rock and Roll Hall Of Fame à la fois en tant qu’artiste solo et en tant que membre de The Yardbirds, hissé au cinquième rang du classement réalisé par le magazine américain Rolling Stone – en 2015 – des 100 plus grands guitaristes de tous les temps). De david Gilmour à Ron Wood en passant par Ozzy Osbourne, Rod Stewart, Gene Simmons (et bien d’autres encore) : tous ont salué l’incroyable talent de Jeff Beck et son apport au monde du rock.

Nous vous proposons de découvrir cinq anecdotes pour connaître, si ce n'est un peu plus, du moins différemment Jeff Beck, anecdotes issues du fameux documentaire Still On The Run (2018). So long, Jeff...

1) C’est la grande sœur de Jeff Beck qui a provoqué sa rencontre avec Jimmy Page, alors que les deux garçons n’avaient que 13 ou 14 ans. Anita Beck rencontre Jimmy à l’école, et annonce à son frère qu’il y a un geek à rencontrer absolument. Les deux Beck se rendent donc chez le jeune Page, Jeff ayant amené avec lui la guitare qu’il avait lui-même bricolé. Les deux ados sympathisent d’emblée. Ils écoutent des disques à chacune de leurs rencontres. Ils ne se perdront plus jamais de vue. Ils joueront même quelques mois ensemble dans le groupe The Yardbirds en 1966. La vidéo ci-dessous est extraite du film Blow Up, réalisé par Michelangelo Antonioni, dans laquelle on peut voir Jeff Beck fracasser une Höfner Senator contre des amplis Vox de l’époque.

https://youtu.be/jSJGEn4FDys

2) Stevie Wonder a écrit le titre Superstition avec Jeff Beck. Jeff est invité à rejoindre Stevie Wonder en studio, pour jouer de la guitare sur deux chansons enregistrées pour l’album « Talking Book ». Au cours de ce séjour, Wonder propose de coécrire un titre avec Beck. Tout part d’un rythme de batterie joué par le Britannique. Stevie Wonder enchaîne le clavier et les arrangements à vitesse grand V. Il propose même à Beck de l’enregistrer de son côté et de sortir son single avant lui. L’affaire ne se déroulera pas comme prévu, pour des raisons contractuelles avec la Motown, et la version de Wonder, finalement sortie avant, reste le tube le plus vendu par l’artiste.

https://youtu.be/ET58aKnpCAk

3) Il est venu jouer son morceau Where Were You à l’enterrement de Rick Wright. Le clavier de Pink Floyd a souvent déclaré que Jeff était son guitariste préféré et qu’il adorait le titre Where Were You tiré de l’album « Jeff Beck’s Guitar Shop » sorti en 1989. C’est pourquoi, à la demande des proches du musicien disparu en 2008, le guitariste est venu jouer ce morceau lors de la cérémonie funéraire. Un titre tout en douceur, interprété à base d’harmoniques et d’arrangements au vibrato que David Gilmour a lui-même déclaré impossible à jouer avec une telle justesse et cette émotion si particulière... à moins de s’appeler Jeff Beck. À cette époque, Beck développe à fond son jeu sans médiator et se concentre sur la Stratocaster qui, réglée au millimètre, permet d’obtenir ces fameuses harmoniques avec une précision incroyable.

https://youtu.be/qz2L504Hu_A

4) Il n’hésite pas à s’inspirer de titres contemporains comme le morceau de drum’n’bass Nadia de Nitin Sawhney pour faire progresser son jeu de guitare. Jeff Beck écoute de tout. En 1999, il tombe raide dingue d’une chanson composée par l’artiste d’origine indienne. Il s’entraîne des heures durant à reproduire la ligne de chant de ce morceau à la guitare. « C’est le truc le plus dur que j’aie jamais fait », explique-t-il face à la caméra, dans l’excellent documentaire Still On The Run réalisé par Matthew Longfellow (à l’origine de The Beach Boys: Pet Sounds, The Who: The Making Of Tommy, The Ritchie Blackmore Story...) . Il en fera une reprise qui sort sur l’album « You Had It Coming » en 2001. Son jeu s’étoffe encore un peu plus et de nouvelles nuances apparaissent. Jeff Beck, l’artiste en constante progression.

https://youtu.be/drAv2FoYji8

5) Il a toujours soutenu les artistes féminines, et s’est souvent entouré de femmes, sur album comme sur scène. Toutes les musiciennes qui ont bossé avec Jeff Beck le répètent au long du documentaire Still On The Run : il a toujours soutenu les jeunes artistes et en particulier les femmes. Rosie Bones, Carmen Vandenberg, Jennifer Batten, Tal Wilkenfeld, Rhonda Smith, Imelda May, Beth Hart, Joss Stone... Elles l’ont toutes accompagné à un moment de sa carrière, sur les planches comme en studio. Mais comme le précise Rhonda Smith : « Le fait d’être une femme ne suffit pas. Il faut avoir du talent. Et je m’entends très bien avec sa femme ».

https://youtu.be/rXJQb7aIxfk

Photo : © Eagle Vision