Quel fut le plus gros challenge à relever pour ce nouvel album : intégrer Ivar Nikolaisen, votre nouveau chanteur, ou trouver des idées pour faire évoluer votre musique ?
Vidar Landa (guitare) : Nous connaissons Ivar depuis longtemps, c’est un ami. Il avait même chanté sur un titre de notre premier album (« Kvelertak », sorti en juin 2010, ndlr) et il est arrivé dans le groupe avant la réalisation de l’album, lorsque nous sommes partis en tournée avec Mastodon. Tout ça fait que son intégration s’est faite avec beaucoup de facilité. Pour ce qui est de trouver des nouvelles idées, cela nous prend toujours du temps, mais nous procédons pratiquement à chaque fois de la même manière : nous commençons doucement, avec quelques idées que nous faisons tourner. Ensuite, deux ou trois mois avant d’entrer en studio, ce fut l’effervescence, nous avons répété tous les jours sans relâche pour être prêts à relever ce challenge.
Comment avez-vous abordé l’élaboration de ce quatrième album ?
Nous nous sommes mis une certaine pression pour le réaliser. Ce n’est pas parce que ce groupe est devenu notre métier depuis une dizaine d’années que nous avons oublié pourquoi nous faisons de la musique. C’est toujours notre passion et nous nous investissons toujours autant. Faire un album ne doit pas devenir une routine, ou une simple excuse pour tourner, peut-être encore plus aujourd’hui quand tu as déjà sorti trois disques. Nous ne nous sommes pas encore assez vieux pour raisonner ainsi (rires) !
Chanter en norvégien est une des grandes spécificités de Kvelertak, ce qui n’empêche pas le groupe d’être mondialement connu. Es-tu encore surpris de ce succès ?
Oui, surtout que la Norvège n’a pas spécialement une grande histoire quant à l’exportation de sa musique. En France, vous avez des artistes qui sont mondialement connus et qui chantent dans leur langue d’origine, comme Serge Gainsbourg. C’est pareil pour l’Allemagne et pour l’Angleterre, bien sûr. Notre reconnaissance peut s’expliquer par le fait que les parties chant sont criées et que les groupes de black metal de notre pays ont toujours été reconnus dans ce milieu en chantant autant en anglais qu’en norvégien. Pour répondre à ta question, oui, je suis toujours surpris par notre succès et, même si je suis confiant quant à la qualité de notre nouvel album, je trouve incroyable l’accueil que nous avons à chaque fois en France. Je me souviens de notre premier concert à Paris, en ouverture de Converge et Kylesa (au Trabendo en 2010, ndlr). C’était notre toute première tournée en dehors de la Norvège. Nous avons débuté la soirée, à 18h, et nous nous attendions à jouer devant quelques personnes. Mais les gens étaient déjà nombreux lorsque nous sommes montés sur scène et ils chantaient les paroles. C’était juste incroyable !
Penses-tu que « Splid » est l’album le plus ambitieux que vous ayez fait ?
Lorsque nous avons composé et enregistré cet album, nous ne nous sommes demandé si les gens allaient le trouver ambitieux ou pas, ce n’est pas notre manière de penser. Tout ce que je peux dire, c’est que « Splid » est un disque très diversifié et rempli d’énergie. Peut-être avons-nous fait ce que d’autres groupes n’auraient pas osé faire, à savoir tenter des choses…
Des titres comme Bråtebrann, le premier extrait de l’album, ou Delirium Tremens, sont quand même deux belles preuves d’une certaine ambition, non ?
Avec le temps, nous nous sentons plus concentrés sur la composition. Nous avons essayé de ne pas réfléchir à ce que les gens pouvaient attendre de nous avec ce quatrième album. Et c’est sans doute pour ça que nous avons réussi à écrire des morceaux tels que Bråtebrann et Delirium Tremens, de mélanger accords majeurs et mineurs dans une même chanson, ou de superposer jusqu’à trois ou quatre parties de chant sur certains passages. Bråtebrann risque d’être un morceau sacrément chiant à jouer sur scène (rires) !
Une nouvelle fois, cet album est extrêmement varié. Comment faites-vous pour mélanger toutes ces influences punk, hardcore, classic rock, metal, parfois dans une même chanson ?
Sincèrement, je ne sais pas (rires) ! C’est un peu notre marque de fabrique depuis le premier album… Les gens ont souvent eu du mal à nous ranger dans une catégorie bien précise, même si la base de notre musique est résolument metal. Cela vient sans doute du fait que nous sommes trois guitaristes, avec chacun nos qualités, notre manière de jouer, et nos influences respectives, ce qui apporte au final beaucoup de diversité.
Et quels sont les groupes qui ont pu influencer ton jeu ?
Oh, il y en a tellement… J’étais plus intéressé par les groupes que par les guitar heroes, même si je prenais plaisir à écouter un bon solo. J’aimais autant Guns N’ Roses que Nirvana, autant le black metal que le punk rock. J’ai toujours privilégié l’énergie à la technique dans la musique que j’écoute. Certains groupes norvégiens ont également joué un rôle important dans la vie de Kvelertak, tels que Turbonegro pour le côté punk rock, ou Satyricon pour le versant black metal, que je suis depuis très longtemps. J’adore l’album « Volcano », qui a été un gros succès commercial tout en restant très authentique dans la démarche.
À l’instar des guitaristes de Red Fang, de Dave Catching (Eagles Of Death Metal), de Mike Sullivan (Russian Circles), des bassistes des Foo Fighets et de Biffy Clyro, et bien d’autres encore, Vidar Landa s’est laissé séduire par le luthier allemand Nik Huber.
« L’atelier de Nik est situé à une vingtaine de kilomètres de Francfort. Je l’ai rencontré en 2011 alors que nous faisions la balance, juste avant un concert. Il m’a apporté une Krautster, un modèle qui ressemble à une Les Paul Junior, et m’a dit que je pouvais l’essayer pendant la tournée. Et depuis, je ne l’ai plus lâchée ! J’ai d’autres guitares, une Gibson LP Junior et quelques Fender, mais la Krautster reste ma guitare principale. Au niveau de l’accordage, elle est imbattable. Elle peut voyager en avion dans son flightcase, être baladée sans ménagement pendant son transport, elle sonnera toujours juste ! C’est la guitare que j’ai utilisée le plus depuis 8 ans, aussi bien en live qu’en studio. J’ai également un autre modèle de Nik Huber, la Rietbergen, une hollobody noire que je joue pas mal en concert ces derniers temps. »
Plus d’info sur : https://nikhuber-guitars.com