Pionnière de l’émulation numérique et aujourd’hui confronté à une concurrence féroce, la marque Line 6 se devait de rester pertinente et compétitive sur ce segment. Elle le prouve avec le petit pédalier HX Stomp et la Variax Shuriken, modèle signature du guitariste Twelve Foot Ninja.
Faut-il encore parler de la capacité de Line 6 à émuler les guitares comme les amplis, voire certains effets célèbres ? À priori, oui, et ce, pour deux bonnes raisons. La première concerne l’arrivée d’un petit pavé nommé HX Stomp, réduction à l’extrême du fameux Helix, énorme pédalier multi-effets de la marque américaine. La seconde, une guitare ébouriffante, la Variax Shuriken SR250, modèle signature développé en collaboration avec Yamaha et Steve MacKay du groupe australien Twelve Foot Ninja. Une guitare dont la première version, la SR270, sortie en 2017 était un modèle baryton. Voici donc un diapason plus court pour séduire les amateurs de formats classiques (Stratocaster, Les Paul et autres Telecaster). Deux produits parfaits pour se passer d’une horde d’amplis et d’une large collection de guitares, et avoir sous la main un nombre de possibilités quasi-infini.
Rock around the block
Sous le pavé, une plage dynamique de 123 dB. Tout est là, ou presque. On retrouve sous le capot du HX Stomp tout ce qui fait la force de ses grands frères (Helix et Helix LT) en termes d’effets et d’amplis émulés. En revanche, côté possibilités offertes par la connectique et l’écran, c’est beaucoup moins flexible et convivial. S’il reste des entrées et sorties stéréo, ainsi qu’une boucle d’effet, l’entrée pour pédale d’expression,
de la connexion Midi et bien sûr une prise USB, on oublie tout ce qui est XLR, sorties numériques (AES/EBU, S/Pdif...), boucles d’effets multiples et l’entrée Variax qui permet de piloter
les changements de programmes de cette guitare grâce à un câble spécial.
À l’utilisation, l’écran n’aide vraiment pas, et les sous-menus ne rendent pas la navigation aisée. Privilégiez le passage par le logiciel Helix/HX Edit, très bien réalisé, qui vous facilite grandement la tâche et vous permet ensuite de rentrer vos réglages préférés dans le HX Stomp pour les utiliser en live. L’intérêt de ce boîtier, c’est surtout son format idéal pour les pedalboards, qui lui permet de cohabiter avec d’autres pédales, tout en livrant une impressionnante collection d’effets embarqués bien réalisés et un excellent rendu sonore.
Ninja warrior
L’histoire de la série Variax est jalonnée de plusieurs étapes significatives Les premiers modèles sonnaient moyennement avec une lutherie pas franchement agréable. Puis vinrent des guitares réalisées avec le luthier James Tyler. Un grand bond en avant dans la lutherie qui fut accompagné de véritables améliorations numériques. Aujourd’hui, la Shuriken met la barre encore plus haut. Si son look, ouvertement metal ne plaira pas à tous, son ergonomie est remarquable. Bien finie (avec un joli vernis noir mat sur tout le corps et à l’arrière du manche), légère, équilibrée, dotée d’un superbe accès aux aigus, la Shuriken est équipée d’un seul humbucker « magnétique » à niveau de gain moyen pour être utilisée comme une guitare électrique standard. Un micro qui fait bien le job, surtout dans les registres rock et metal. Vient ensuite la partie la plus passionnante, celle de l’émulation. Comme sur les autres modèles de la marque, les deux potards permettent de choisir le type d’instrument et l’accordage désiré. C’est surprenant, et ça ne sonne pas chimique ni artificiel dans la majeure partie des cas. On sent les progrès réalisés par la marque avec l’arrivée des modèles Tyler et la technologie Variax HD. Certes, ça ne sonnera jamais comme une véritable Les Paul de 59 ou une Telecaster de 52, mais les home-studistes déjà possesseurs de moult amplis émulés, auxquels ils manquaient plusieurs guitares pourront s’en donner à cœur joie. Et on est loin d’avoir tout vu.
Demandez le programme !
Pour couvrir toutes les possibilités
de la Shuriken, le mieux est encore d’utiliser le programme Workbench HD (qu’on a eu un peu de mal à trouver et à installer via le site de Line 6 mais qui, une fois en place, tourne comme un avion). Branchez votre Shuriken à votre ordinateur grâce au câble spécial livré avec la guitare. Et là, c’est la fête de la customisation. On peut choisir parmi une cinquantaine de guitares (dont des modèles acoustiques plutôt sympa, mais aussi des banjos, des guitares à résonateur...), les configurer comme bon nous semble (avec un P-90 en position centrale sur une Stratocaster, par exemple), et réaliser des accordages totalement farfelus, pour sortir des instruments fous de l’ordinateur et les intégrer dans les emplacements mémoire de la guitare. On peut aussi savourer la simplicité d’une bonne Tele ou d’une Les Paul d’époque qu’on aura pris soin de sélectionner. Dernière chose, et pas des moindres : nous avons testé la Shuriken avec un petit ampli casque, avec le HX Stomp, et sur trois amplis différents (transistors, lampes et hybride). Croyez-le ou non, c’est avec le HX Stomp, directement au casque ou dans une console que cela sonnait le mieux. Quitte à tout émuler, guitares comme amplis, autant se passer d’un combo guitare pour attaquer directement la sono. Et dans ce domaine, Line 6 a bien réalisé son coup, au risque de déranger les plus traditionalistes. C’est aussi ça, le progrès.
Guillaume Ley
Caractéristiques (Variax Shuriken SR250)
Caractéristiques (HX Stomp)
%20(1).webp)
.svg)
