En matière de post-rock cinématographique, Lost In Kiev est devenu une référence sur la scène européenne. Preuve en est avec un superbe « Rupture », quatrième album du quatuor parisien.
Certains titres d’album sont parfois loin d’être anodins et traduisent l’approche artistique d’un groupe à l’instant T. C’est le cas de « Rupture », le nouveau long format de Lost In Kiev. « Il a plusieurs sens de lecture. Il y a d’abord ce thème fort et anxiogène qui est la notion d’arriver au point de rupture de nos modes de vies telles que nous les connaissons, entre la façon dont nous vivons actuellement et ce futur illusoire où l’on nous promet un monde de consommation et où la technologie arrangera tout. Mais ce titre marque également une rupture dans notre façon de composer. Contrairement à nos autres disques, celui-ci ne repose pas sur une trame narrative stricte. Ici, nous n’avons hélas inventé aucune histoire, et il n’y a pas non plus de chronologie entre les morceaux, bien que nous ayons pris quelques libertés sur les titres des chansons qui peuvent évoquer, lorsqu’on les enchaîne avec un soupçon d’imagination, une rupture d’ordre amoureuse. » Si les morceaux sont ici une nouvelle fois dépourvus de textes (sauf sur un titre), cela n’empêche pas les Parisiens de raconter une véritable histoire dont le thème est fixé en amont. « Cela nous permet d’avoir un cadre esthétique global et de créer du liant entre les morceaux. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la musique est capable de définir des émotions et des contextes de façon parfois plus complète que des paroles. » Des émotions qui sont renforcées par le dialogue entre la guitare, la basse très présente, tout autant que les claviers. Les synthés et les samples ont toujours tenu un rôle dans Lost in Kiev pour expérimenter de nouvelles textures et élargir notre spectre sonore. Ce n’est pas forcément pour se différencier que la six-cordes ne tient pas le premier rôle, mais ça contribue à forger notre identité. » À l’écoute de « Rupture », on se demande forcément si l’envie de se frotter à l’exercice de la bande-son ne titillerait pas un peu les quatre musiciens. « Nous n’avons malheureusement jamais eu l’occasion de le faire. Ça nous plairait beaucoup de bosser un jour sur ce genre de projet, ce serait un challenge intéressant. Nous adorons ce qu’a pu faire Mogwai avec “Les revenants”, “Atomic” et “Kin” ou encore 65daysofstatic avec la bande originale du jeu “No Man Sky”. Ce sont des styles de musique qui peuvent bien se mélanger à l’image. » Avis aux cinéastes…
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