Vous rêvez d’une Martin, mais votre budget vous rappelle à l’ordre ? La firme américaine a pensé à vous ! Elle parie sur l’utilisation de matériaux de substitution au bois et sur des procédés de fabrication différents pour réduire les coûts et proposer des modèles de qualité à des tarifs plus abordables. Verdict ?
Cette Martin Dreadnought DX2AE fait partie des modèles d’entrée de gamme de la marque. La table d’harmonie est massive, en sapele (un bois tropical africain appartenant à la famille de l’acajou), avec une finition naturelle et mate.
Une conception originale En revanche, les autres caractéristiques sont plus atypiques. Le manche est en lamellé-collé
(plus d’une trentaine de planchettes de bouleau de 2 mm d’épaisseur, collées les unes aux autres, perpendiculairement au
plan de touche). Les éclisses
sont en bois, à l’intérieur de
la caisse, recouvertes d’un
revêtement synthétique
à l’extérieur, avec un imprimé reproduisant le veinage de l’ébène de Macassar. La touche et le chevalet sont en Richlite (une résine phénolique de texture homogène) imitant l’aspect noir uniforme de l’ébène. Les sillets de tête et de chevalet sont synthétiques. La finition est simple et soignée. Seul un détail de découpe et d’assemblage de la table, à la jonction manche/caisse, rappelle une conception mécanisée un peu en mode « lego » qui pourrait éventuellement être affinée.
Une vraie guitare En acoustique, cette guitare est agréable à jouer, même à faible volume. Elle sonne sage, avec une projection limitée, sans emphase
et se contrôle bien. En attaquant
fort les cordes, l’instrument réagit sans dénaturation trop marquée
de la sonorité des notes. Certes,
la dynamique atteint ses limites relativement vite, mais la qualité ne se dégrade pas pour autant. Seuls
les aigus, en jeu mélodique (avec
un médiator épais par exemple),
sont à doser pour éviter qu’ils ne se métallisent trop et deviennent peu plaisants à l’écoute. En strumming en revanche, il est possible de jouer avec des attaques très appuyées sans saturation. Les basses sont particulièrement bien maîtrisées, sans débordement de bas-médiums. Les aigus sont assez chaleureux malgré tout, pas trop scintillants.
La clarté polyphonique reste bonne quel que soit le niveau sonore. L’instrument est équipé d’un système d’amplification Fishman comportant un volume et une tonalité (2 molettes sont placées dans la rosace). Toutes les valeurs des paramètres sont exploitables (il n’y a pas de
son trop sourd ou trop cristallin), il est possible de s’adapter au type d’attaque (jeu au médiator souple, dur ou jeu aux doigts) et la sonorité
« pincée » du piézo est contrebalancée par la rondeur de l’instrument, ce qui convient très bien ici. Cet instrument permet de s’ouvrir aux champs multiples de la guitare acoustique et électro, avec un appétit qui devrait ensuite s’affirmer et vous inciter à choisir des modèles plus haut de gamme et ainsi découvrir des sonorités plus amples, des résonances plus généreuses et des qualités de réponse plus dynamiques encore. Benoît Navarret
Caractéristiques
Test paru dans le Guitar Part n°275