Hommage au son d’une époque, auquel s’ajoutent des saveurs plus modernes, ce petit combo jamais pris en défaut flattera le son de votre guitare, quelle que soit son électronique. Une réussite totale facile à trimballer.
On a trop souvent associé la marque californienne au son metal de la série Rectifier. C’est oublier que Mesa Boogie a une histoire dont les débuts remontent à la fin des années 60, déjà marquée par le son hi-gain, avec des utilisateurs comme Santana, Zappa ou Mark Knopfler. Pas étonnant de sentir comme une vague de douce et agréable nostalgie quand on regarde un ampli de la série Fillmore. La finition de cet ampli compact (à peine 2 cm de plus en largeur et en profondeur qu’un Fender Blues Junior, pour vous donner une idée du biniou) est exemplaire. Son aspect évoque justement ce côté Blackface adopté par de nombreux combos depuis une cinquantaine d’années. Deux canaux identiques sont disponibles (ce sont vos réglages qui peuvent les rendre radicalement différents l’un de l’autre), et activables au pied grâce au footswitch livré dans une petite poche fixée à l’intérieur de la caisse. Chaque canal possède une égalisation à trois bandes, avec Gain, Presence et Master, et surtout un mini toggle switch pour choisir entre trois types de sons : Clean, Drive et Hi. Située à l’arrière du combo, la boucle d’effet cohabite avec des sorties pour HP externes et surtout une Reverb avec deux réglages (un par canal) et une entrée footswitch pour la déclencher (mais il faudra acquérir un second footswitch, non fourni). Tout respire le sérieux et le travail bien fait.
Tout faire sonner Les sons clairs sont magnifiques. On évoquait Fender plus tôt, et on retrouve effectivement cette vibration dans le rendu de ce combo, diffusée à travers son haut-parleur Black Shadow (qu’on trouvait déjà sur les modèles Lone Star). Avec le gain entre 1 et 3, le son clair brille sans agresser, les médiums sont légèrement creusés, et le grave rond sans baver. Dès qu’on augmente le gain pour passer la moitié de la course du potard, ça crunche juste ce qu’il faut, histoire de devenir le roi du blues électrique, Strat en main. Cela marche aussi très bien avec des humbuckers, à condition de surveiller de plus près le réglage des graves et d’ajouter un peu de Presence. Quand on passe au son Drive, c’est magique.
La satu, ça tue ! C’est plus agressif, mais ça reste classic rock, pour aller jusqu’aux portes du hardcore (si, si, vous avez bien lu) grâce à un côté tranchant et détaillé, qui déclenche toutes les harmoniques artificielles en moins de deux, et fonctionne avec n’importe quel micro. Mieux encore, le faible souffle produit par l’ampli est surprenant sur ces sons. Ajoutez une Tube Screamer sur ce canal, et c’est merveilleux. Dire qu’il faut ensuite tester le mode Hi alors qu’on a du mal à quitter le Drive... Le son Hi est donc dans l’esprit de celui des Mark II, à l’époque où on cherchait une saturation puissante et un sustain infini sans nécessairement invoquer le démon et s’accorder trois tons plus bas. On y est, c’est bien ça, avec ce côté plus velours, rond, moins saillant que sur le canal Drive, mais terriblement généreux en sustain, le tout magnifié par la Reverb d’excellente qualité (type Springverb). Oui, c’est cher. Mais avec de tels sons, on est en droit de se demander si un tel ampli ne vaut pas le détour, surtout si c’est pour jouer dessus pendant de très longues années... Guillaume Ley
Caractéristiques
Retour aux sources Ce n’est pas la première fois que Mesa Boogie s’amuse à remonter le temps en offrant la possibilité de jouer avec des sons à l’ancienne. Mais ce Fillmore, au même titre que le California Tweed, est un ampli qu’on pourrait prendre comme un clin d’œil à l’histoire de la marque. En effet, à ses débuts, à la n des années 60, Randall Smith, créateur de Mesa Boogie, modifiait dans son garage un Fender Princeton appartenant à Barry Melton de Country Joe And The Fish, en y plaçant la section amplification d’un Bassman et en remplaçant le HP de 10 pouces par un modèle 12 pouces. La réputation de son travail s’est ensuite répandue comme une traînée de poudre, la demande a très vite augmenté, Fender a grincé des dents, et Smith a finalement créé sa propre marque (et ses propres amplis). Son premier « vrai » modèle, le Mark I (qui ne portait pas encore ce nom à l’époque), est sorti en 1971. Le spectre de Fender plane à nouveau dans les créations de « l’autre marque américaine ».