Samuel Guillerand, aka Nasty S, est un homme occupé. Musicien accompli ayant trainée sa six-cordes dans bon nombre de groupes indé (Second Rate, The Black Zombie Procession, Hawaii Samourai, PrisonLife et bien d’autres encore), auteur (il a co-écrit la première bio officielle des Burning Heads), instigateur du fanzine Everyday Is Like Sunday, passionné de cinéma et plus généralement par la culture alternative, notre homme a décidé de sortir un album de reprises – accompagné d’un conséquent livret explicatif de 48 pages dont sont issus les propos qui vont suivre – pour retrouver cette sensation d’innocence que l’on a tendance à perdre au fil des années. « À un âge où l’ultime geste rock’n’roll est de poster une photo sur les réseaux, je me suis dit que j’allais enregistrer un disque de reprises. Un cadeau que je m’offrirais pour le plaisir de jouer et d’enregistrer quelques titres qui m’ont accompagné durant mes années collège ou lycée. La sortie de cet album devait d’ailleurs correspondre à mon quarantième anniversaire. Il aura fallu cinq années supplémentaires, et son cortège de complications (séparations, déménagements, pandémie, hospitalisations, concerts et autres projets à finir…), pour que les fichiers stockés dans mon ordinateur se matérialisent en un vrai disque. Mieux vaut tard que jamais, comme le formulent les plus sages d’entre nous. » Pour ce projet, toujours périlleux au départ, Nasty S a plongé dans sa discothèque et ses souvenirs pour retenir 15 formations et artistes qui l’ont marqué au fer rouge (Gun Club, Morrissey, The Lemonheads, Hard-Ons, Jawbreaker, Joy Division…) et ont fait de lui ce qu’il est aujourd’hui. « Les groupes que j’ai choisi de reprendre, pour lesquels j’éprouve une fidélité granitique et que je défends encore aujourd’hui avec ferveur et conviction, correspondent à un – ou des – fragments(s) de ma vie. Ils ont infléchi et éclairé mon parcours personnel. Les chansons, retenues pour des raisons personnelles, ne sont pas recouvertes d’une épaisse couche de poussière : elles demeurent non figées, elles vivent, plus de trente ans après les avoir entendues pour la première fois. » Notre homme assume pleinement cette nostalgie qui se dégage d’un album totalement réussi, entre respect des créateurs et interprétation personnelle. « Je n’ai aucun problème avec la nostalgie… à ne pas confondre avec ce que j ’appelle la « nostalgiose » ; la nostalgie bon enfant, respectueuse d’un passé vécu pleinement, n’a rien à voir avec la mélancolie âcre et agressive. » Enregistré dans différents studios – via un matériel fluctuant selon les endroits – avec l’aide d’un fidèle ami batteur et d’une jolie collection de chanteurs/chanteuse (Nasty S y tenant le double rôle de guitariste et de bassiste), « Waiting For The Last Gasp Of My Generation » a cette « saveur « d’une citronnade bien fraîche sirotée à l’ombre d’un parasol », avec comme but ultime une forte envie de partager une passion indéfectible, celle de la musique. « Certains musiciens de cette sélection m’ont fortement marqué à un moment ou à un autre de ma vie adolescente. Si ça avait eu autant d’importance pour moi, et que cela en a encore, il m’a semblé que ce que je pouvais faire de mieux, et de plus honnête, était de transmettre à d’autres ce que j’avais reçu de ces gars : le sentiment d’être en vie le temps de quelques couplets-refrains. »