À sa création en 2013, Ovtrenoir (prononcez Outrenoir) était parti sur les bases d’un projet post-rock acoustique instrumental. Au fil des répétitions, le groupe parisien a doucement glissé vers une approche plus post-metal, en ajoutant du chant à ses compositions et de la disto à ses riffs, avec la volonté affirmée de « creuser dans cette direction, plus viscérale et cathartique » et matérialisée dans un EP en 2016, puis un magnifique single, Inherit The Dust, deux ans plus tard. William Lacalmontie (chant/guitare) n’a pas pour autant mis de côté son Ibanez AS103BM-EE et continue de composer avec l’aide de sa fidèle acoustique. Un paradoxe pour ce genre de musique ? « C’est une manière de procéder assez naturelle car il y a chez Ovtrenoir cette envie de lier la lourdeur et la mélodie. Il est facile de faire du bruit, d'avoir un son metal, mais ce ne sont que des effets. Composer en acoustique me permet de sentir les riffs, la rythmique et la mélodie nue. Si ça sonne ainsi chez moi, c'est que ça vaut le coup de proposer ces riffs au groupe et de les tester en électrique pour qu'ils naissent une deuxième fois. » Enregistré à nouveau au studio Saint-Marthe par l’incontournable et talentueux Francis Caste (Hangman’s Chair, Ultra Vomit, AqME…), ce premier long format s’inspire grandement de l’œuvre du peintre Pierre Soulages, tout comme le nom du groupe. « Nous voulions faire cohabiter noirceur et moments de grâce, lourdeur et mélodie. Être confronté aux œuvres de Pierre Soulages lors d'une exposition à Paris en 2009 a été un vrai choc esthétique pour moi. Après ça, aucun autre mot que ce concept d'outrenoir révélant la lumière en utilisant le noir le plus pur ne pouvait mieux définir l'ambiance que l'on souhaitait atteindre. » Reste maintenant à défendre un album dans un contexte compliqué. « Tout est flou… Mais le principal est que ces morceaux aient pu voir le jour sur un support physique et ce n’était pas gagné d’avance. Nous défendons le disque autrement, épaulés par notre label Consouling Sounds et l'agence de communication Singularités, qui ont fait un travail remarquable pour que cette sortie ait de la visibilité. Et les retours sont très positifs ! » Une petite éclaircie dans un tunnel de mauvaises nouvelles. Entre ombre et lumière, parfait résumé du contenu de « Fields Of Fire ».