Formé en 2008, après deux albums (dont le dernier en 2016) et un changement de line-up, SaaR a connu une période « singulière » avant de finaliser sa nouvelle réalisation. « Le mode de fonctionnement du groupe a régulièrement été remis en question. Nous avons expérimenté avec un clavier et une troisième guitare, puis tenté l’expérience de l’improvisation comme base de travail. Mais avec le recul, nous n’avions pas suffisamment de temps pour mettre à profit cette méthode d’écriture, que j’adore au demeurant. Nous avons aussi eu des soucis de direction musicale... Pour toutes ces raisons, « Gods » a mis du temps à trouver sa structure, entre les premières compositions, qui remontent à 2014, et la dernière qui date de 2019. Un véritable parcours du combattant, le groupe était même au bord de la rupture en 2020... Mais maintenant, nous avons trouvé un équilibre et sommes plus soudés que jamais ! » Et autant dire que cette cohésion est plus que palpable dans « Gods », un album dont le concept aborde l’idée de la mort des dieux et « qui peut être vu sous différents prismes : la perte de repères, la quête de la vérité, le sens de notre existence », avec pour toile de fond la fameuse odyssée d’Ulysse. Enregistré au studio Sainte-Marthe par l’incontournable Francis Caste, dont le rôle de « catalyseur, tant dans les choix de sons, que la façon d'interpréter les morceaux » a grandement aidé le quatuor, ce troisième disque fait la part belle à un post-metal souvent tranchant, d’autres fois plus aérien, quelque part entre Isis, Pelican et Russian Circles. Une musique dont la densité fait totalement oublier l’absence de parties vocales. « Quand je compose, j'essaie de me surprendre, de prendre des risques. Le but est que les ébauches me plaisent sans penser absolument à vouloir pallier l’absence de chanteur. J’aime les mélodies et quand un riff tourne en boucle, je vais avoir le réflexe d'ajouter une seconde guitare mélodique, faisant office de ligne de chant. » L’odyssée de SaaR n’est pas prête de s’arrêter. Tant mieux.