Une guitare type SG au son plus feutré que prévu et au poids tellement léger qu’elle se ferait presque oublier sur l’épaule, voilà une alternative accessible non dénuée d’intérêt.
Voilà un cas particulier, mais loin d’être isolé : celui de la marque appartenant à une « grande enseigne ». On ne vous apprend rien, Eagletone appartient à Woodbrass, les produits Harley Benton sont réalisés pour Thomann... Avec Shiver, ce sont les magasins Cultura qui ont développé leur propre gamme d’instruments. La marque ayant concentré ses efforts sur les modèles acoustiques d’entrée de gamme au cours de ses premières années d’existence, il a fallu attendre un bon moment avant de pouvoir enfin essayer une de ces guitares électriques abordables. Voici donc la Shiver GES80 Dark Brown, une solibody qui n’essaie pas de réinventer la roue, mais plutôt continuer à la faire tourner dans le bon sens en respectant les classiques du genre. La silhouette a donc tout d’une SG on ne peut plus classique. C’est du côté de l’électronique qu’elle s’en démarque, avec une proposition allégée. Si on retrouve bien deux humbuckers et un sélecteur de micros à trois positions, les contrôles de volume et de tonalité sont réduits à deux potards au lieu de quatre et pilotent donc les deux micros à la fois. Une approche simplifiée et sans prise de tête, parfaite pour les débutants.
Tout en légèreté La première prise en main est surprenante. Quel poids plume ! C’est à peine si on a l’impression d’avoir une guitare entre les mains. Le choix des essences et la finesse du corps n’y sont pas étrangers. Le corps est en okoumé, un bois léger, souvent utilisé dans la confection de placages en guise de dernière couche extérieure pour la finition et l’esthétique. Mais on constate que cette essence est de plus en plus utilisée en lutherie « électrique » et possède des caractéristiques acoustiques assez proches de l’érable (on la retrouve par exemple sur les Squier de la série Paranormal et même sur des basses Fender Deluxe fabriquées à partir de 2015). La manche en nato possède cette glisse un peu sèche et satinée très agréable (comme si le manche était déjà un peu travaillé). En termes de toucher et de confort, c’est vraiment réussi. Dommage en revanche que l’action des cordes soit si hautes au-dessus de la touche sur le modèle que nous avons testé. C’est frustrant, surtout si on débute avec ses premiers accords : réglage à prévoir pour optimiser le tout.
T’est OK, t’es mat ! On n’en saura pas beaucoup sur la provenance des micros (des humbuckers « céramique »... OK), mais c’est pourtant là que se situe l’autre bonne surprise. L’équilibre est bon en termes de volume dégagé entreles différentes positions. C’est surtout le rendu qui intrigue : très... mat. Pas sombre nécessairement, mais pas aussi claquant et tranchant que sur d’autres modèles plus hargneux dans l’esprit. Et pourtant, ce n’est pas mal du tout. D’abord parce que ce n’est jamais criard ou clinquant, y compris sur le micro chevalet. Ensuite parce que ça donne un petit côté velours, très smooth, qui vous donne des envies de jazz et d’ambiances plus feutrées là où on s’attendait à un instrument définitivement plus rock. Et ça prend bien les pédales d’Overdrive et la Fuzz, à condition de compenser un peu ce manque de brillance naturelle avec les réglages de tonalité de vos effets. Finalement, malgré une prise en main plus moderne au niveau des sensations de jeu (avec son manche 24 cases), elle a un petit côté vintage agréable cette GES. Guillaume Ley
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