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THE SMASHING PUMPKINS - Vampire week-end

The World Is A Vampire ! Près de trente ans après, ces mots vont résonner à l’Accor Arena de Paris, le 16 juin 2024, où les Smashing Pumpkins réunifiés passeront avec Tom Morello en première partie. Affable et sincère, Billy Corgan revient pour GP sur les hauts et les bas de sa carrière, annonçant déjà un nouvel album à guitares comme en 1993, pour la fin de l’année.

Peux-tu nous dresser le bilan de la première partie de la tournée The World Is A Vampire qui sest déroulée en 2023 aux États-Unis et en Australie notamment ?
Billy Corgan :
C’était vraiment bien, car lorsque nous sommes revenus en 2018 avec James Iha (à la guitare), nous avons fait quelque chose que je ne pensais jamais faire : nous n’avons joué que des morceaux auxquels il avait participé. Notre setlist était exclusivement basée sur les cinq premiers albums du groupe, 33 chansons composées entre 1992 et 2000. Nous avons fait une grosse tournée américaine et quelques dates en Europe, mais c’était décevant de ne pas pouvoir faire une véritable tournée européenne. Nous y sommes venus si souvent dans les années 90, peut-être 25 fois. Cette fois, nous sommes agréablement surpris de faire autant de concerts. Mais il y avait peut-être cette idée dans l’air que le groupe ne serait plus jamais aussi gros… Après ce retour sur scène aux États-Unis, nous avons fait ce disque avec Rick Rubin (« Shiny and Oh So Bright, Vol. 1 / LP: No Past. No Future. No Sun. », en 2018), qui est plus un instantané qu’un projet d’album en groupe. Depuis, nous avons sorti l’album « CYR » (2020), 20 chansons, et encore 33 nouvelles chansons écrites pendant la pandémie sur « Atum : a rock opera in three acts » (2022-2023). Et là, nous venons de terminer l’enregistrement d’un nouvel album qui sera très guitares, attendu un peu plus tard dans l’année. Alors, même si c’était un peu difficile pour nous en Europe et qu’il a fallu faire preuve de patience, je pense que nous allons bientôt y faire notre plus grosse tournée depuis les années 90. Cette fois, on ne marquera pas le retour de James : nous sommes redevenus un groupe qui tourne depuis cinq ou six ans. La vibe est très différente bien sûr, ce n’est plus tout à fait comme avant. Mais il se passe de nouveau quelque chose quand nous montons sur scène. Le groupe s’est remis au travail pour écrire et jouer de la musique. Ça a l’air simple comme ça, mais la clé, c’est de retrouver l’esprit du groupe.

Cette nouvelle tournée sera marquée par larrivée dune nouvelle guitariste, Kiki Wong, qui remplace donc Jeff Schroeder après 17 ans de service. Vous lavez recrutée à lissue dune audition lancée en ligne pour laquelle vous avez reçu 10 000 candidatures… Vous navez pas encore joué ensemble ? Tu la « connaissais » déjà ?
Non, nous avons joué ensemble lors de l’audition et répété pour la tournée. Je la connaissais seulement par les réseaux sociaux. Elle m’avait marqué. C’est une excellente guitariste qui a de la personnalité. Elle aime ce qu’elle fait et elle est aussi très drôle. Quand j’ai vu son nom parmi les candidats, j’ai trouvé ça intéressant car je savais qui elle était. D’autant qu’elle s’adresse à une nouvelle génération de guitaristes qui jouent dans leur chambre. Ça me rappelle mon adolescence quand je jouais par-dessus la cassette de Van Halen « II » ! Elle fait partie de cette communauté, elle partage ses connaissances et son amour pour la guitare. Je trouve ça bien, ça permet à des jeunes de se tourner vers la guitare, qui redevient un outil de rébellion, d’affirmation de soi…

Trois ans avant James, Jimmy Chamberlin avait rejoint le groupe. Bien sûr, c’était différent, mais ça t’a fait quoi de rejouer avec eux après toutes ces années ?
C’était assez facile parce que nous avons développé ce langage musical ensemble. Quand nous jouons une chanson avec Jimmy Chamberlin qui a écrit sa partie de batterie, nous retrouvons son feeling. Il y a plein de bons musiciens capables de jouer ces chansons avec leur feeling, mais ce ne sera jamais le même que celui du mec qui a écrit la chanson. Je sais que les Smashing Pumpkins comptent beaucoup pour pas mal de monde et il y a des gens qui ne comprennent plus le groupe. Nous en sommes conscients et c’est un vrai problème. Mais nous voir de nouveau sur scène et travailler ensemble est important pour ce public qui nous suit. Et cela nous permet de nous concentrer uniquement sur la musique. Quand tu joues dans un groupe dont les membres sont partis, tu as le sentiment que l’on parle plus du mélodrame qui se joue que de musique, des histoires de sitcom comme dans un épisode de Seinfeld. Mais en tant que musicien, tu as juste envie que l’on s’intéresse à la musique. Aujourd’hui, nous sommes ensemble. Les gens se sont détendus, ils écoutent de nouveau la musique et les nouvelles compositions aussi. Où est l’intérêt d’être dans le groupe si nous ne jouons pas de nouveaux morceaux ?

Justement, votre dernier album « Atum », lopéra rock en trois actes, était présenté comme le sequel du disque de Platine « Mellon Collie And The Infinite Sadness » (1995) et de « Machina/ The Machines Of God » (2000) et son second volet « Machina II/ The Friends & Enemies Of Modern Music » (disponible exclusivement en téléchargement gratuit). Tu nas pas eu envie de mettre en scène cet opéra-rock comme cela se faisait dans les années 70 ?
Bien sûr, ça me plairait beaucoup, mais je ne suis pas certain que ce soit le moment pour ça. Tu peux faire ce que tu veux dans ce monde, mais encore faut-il que cela intéresse les gens. Quand nous avons sorti « Machina » en 2000, c’était un album très controversé. Aujourd’hui, si je dis que je vais le jouer en intégralité, le public sera réceptif. Cela aura pris 24 ans. Nous serons peut-être un peu trop vieux dans 20 ans pour jouer « Atum » en intégralité ! (rires). Les gens continuent à débattre sur « Atum », mais nous en avons l’habitude. Ils séparent le « film » que nous avons fait de nos intentions : « il y a trop de synthétiseurs, je ne comprends vraiment pas cette musique ». Ils ne comprennent pas que nous avons écrit une histoire, comme dans un film : ils pensent que nous n’aimons plus les guitares, mais les synthétiseurs. Pas du tout : nous aimons les guitares, mais pour faire ce « film », nous avons fait cette bande-son. Pour notre prochain « film » qui sortira en fin d’année, il n’y aura pratiquement que des guitares. Que diront-ils ? Ça y est, il aiment de nouveau les guitares ? C'est le même groupe. Je ne comprends pas tout ça, mais c'est le monde dans lequel nous vivons. À la fin de l’histoire, on sauve le monde et personne ne meurt ? Ça ne marche pas comme ça dans un groupe. 

En 2007, tu as relancé les Smashing Pumpkins avec une nouvelle formation incluant Jeff Schroeder, avec un premier concert à Paris-Bercy à l’époque de « Zeitgeist ». Mais fin 2014, pour « Monuments To An Elegy », seul Jeff était encore à tes côtés lors de votre passage au Trabendo (Paris). Brad Wilk de Rage Against The Machine / Audioslave était à la batterie, et Mark Stoermer de The Killers à la basse. Un super-groupe plutôt inattendu…
Quand j’ai enregistré cet album avec Jeff et Tommy Lee (Mötley Crüe), j’étais arrivé à la conclusion que c’en était fini du groupe. Je voulais faire un disque que j’aime, sans être trop conceptuel. Je voulais faire de la bonne musique. J’avais beaucoup de problèmes personnels… J’étais en pleine dépression. Ça m’a fait du bien de faire cet album avec Tommy Lee qui est un ami et un excellent batteur bien sûr. Mais quand il a été question de tourner, je n’avais plus de groupe : il n’y avait que Jeff et moi. Nous avons demandé à Brad et Mark de nous suivre. C’était génial, mais je ne voyais pas ça comme le futur du groupe : pour moi c’était la fin. Mais quand on croit que tout est fini, cela enlève la pression. J’ai juste essayé de prendre du plaisir. Ninja, le chanteur du groupe sud-africain Die Antwoord, était venu faire un rap (sur la reprise de Fame de David Bowie, ndlr) ce soir-là… Je disais au revoir à Paris et à tout ça…

Mais 10 ans plus tard, vous êtes toujours là, et vous remplissez des Arenas...
Je n’avais pas prévu la suite. Je n’ai pas annoncé la séparation officielle du groupe, je n’ai pas fait de communiqué pour dire : je ne joue plus dans les Smashing Pumpkins. Et puis, je suis les Smashing Pumpkins tant que je joue cette musique. Je ne dis pas que suis le groupe, je dis seulement que je suis les Smashing Pumpkins quand je le décide. En 2015, nous avons fait une tournée acoustique pour jouer la musique que j’avais envie de jouer. J’avais abandonné l’idée du groupe qui enregistre des albums de rock, avec des passages en radio… J’en avais marre de tout ça. Nous avons fait une tournée acoustique aux États-Unis et c’est là que Jimmy nous a rejoint. Nous avions besoin de quelqu’un et c’était fun de rejouer ensemble. Cela nous avait peut-être fait du bien de faire ce break. Ensuite, James est revenu et les choses se sont faites le plus naturellement du monde, le groupe s’est reformé autour de moi, sans que j’ai eu besoin d’annoncer cette réunion. Tout ça, c’était derrière moi.

On na limpression que tu nas aucune limite en termes de style et vous sortez des disques XXL, mais quen est-il de ce prochain album « à guitares » ?
(rires) C’est un album plus court. Après ce grand projet qu’est « Atum », 33 chansons, deux ans de travail, j’ai dit au groupe : je veux faire un album comme nous en faisions dans le temps, à base de guitares donc, et je voulais retrouver le feeling que nous avions lors de l’enregistrement de nos premiers disques, dans notre façon de jouer, nos arrangements. Je suis curieux de retrouver ça, mais il n’y a rien de sentimental là-dedans, c'est juste pour voir s’il y a quelque chose de nouveau à découvrir. Cet album documente ce voyage dans lequel on regarde à la fois en arrière et en avant. C’est difficile à expliquer, mais les premières personnes qui l’ont écouté sont très surprises parce qu’elles entendent du Smashing Pumpkins de 1993. Mais comment est-il possible que les Smashing Pumpkins de 1993 existent en 2024 ?

Informations et billetterie : www.livenation.fr

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