Voilà plus de 15 ans que les Violent Femmes n'avaient pas sorti d'album. Autant dire que cela fait un sacré bail et que les plus jeunes d'entre vous qui liront cette chronique ne doivent sans doute pas connaître un groupe atypique qui a pourtant su inventer un style à part entière, le folk punk (ou punk acoustique), style dans lequel on peut également ranger quelques pionniers du genre tels que The Pogues ou The Men They Couldn't Hang, dans un registre beaucoup plus britannique pour les deux derniers cités. Car chez les Violent Femmes, ce qu'on aime avant tout, ce sont les grands espaces nord-américains, les cowboys, les portes qui claquent d'un vieux saloon poussiéreux et les voitures dont la carte grise est périmée depuis des siècles. Souvent très entraînante, parfois faussement naïve, la country déglinguée du trio fait une nouvelle fois mouche en à peine plus de 30 minutes, même 35 ans après ses débuts. La bande à Gordon Gano, le guitariste/chanteur et quasi unique pourvoyeur de textes et de mélodies pour le groupe, s'est de temps à autre adjoint les services d'un collectif de musiciens, The Horns Of Dilemna, histoire de colorer un peu plus certains titres avec de l'accordéon, des cuivres et tout ce qui peut s'apparenter à un instrument acoustique, cela va de soi. Avec des titres comme Memory, Holy Ghost ou encore le très réussi Big Car, les trois musiciens de Violent démontrent avec vigueur et talent que les années qui passent ne semblent pas avoir d'emprise sur leur musique et que la folk et la country peuvent aussi se conjuguer à la mode punk sans avoir à porter une paire de santiags aux pieds ou un Stetson sur la tête. Olivier Ducruix