Avec un équipement qui ferait pâlir plus d’une guitare destinée au shred et deux fois plus cher, la PXM10 réussit le pari de jouer sur plusieurs tableaux sans jamais se ridiculiser. Une jolie réussite.
Au même titre que Hamer (voir le test de la Sunburst), Washburn reprend des couleurs dans l’Hexagone grâce à un nouveau distributeur. Lancée en 2013, la série Parallaxe, et plus précisément les modèles PXM, a été pensée pour les musiciens modernes, s’exprimant majoritairement dans les registres métalliques. Certaines de ces guitares ont à l’époque servi de base de travail pour réaliser les modèles Solar d’Ola Englund avant que ce dernier ne quitte Washburn pour monter sa propre marque... Solar Guitars. On ne pouvait passer à côté de ce modèle au rapport prix/performances plus qu’attrayant. La PXM10, fabriquée en Asie, présente une robe voyante juste ce qu’il faut, à la finition soignée, pour avoir du style sans verser dans le tuning à outrance. Côté équipement, c’est du sérieux, puisqu’elle accueille deux humbucker fabriqués aux États-Unis, un chevalet Floyd Rose 1000, et surtout un manche doté d’un incroyable système d’accès aux aigus breveté qui parlera aux fans de Nuno Bettencourt. En effet, au-delà de son excellente glisse et de son confort général, ce modèle à 24 cases adopte le Stephen’s Extended Cutaway qu’on pouvait déjà voir sur la N4 signature du guitariste d’Extreme, fabriquée depuis 1990. Autant vous dire que toutes les cases sont facilement jouables, sans aucune fatigue, surtout dans le bas du manche. Ça sent le pur produit pour shredder.
Tout faire vite !
Taillée pour jouer les gammes les plus folles, si possible à vitesse élevée, et aligner des rythmiques surpuissantes, la PXM10 aurait pu couronner le tout avec du micro actif musclé, ou céder à l’appel des très « tendance » Fishman Fluence. Au lieu de ça, elle est dotée de grands classiques, des micros passifs qui ont
fait leurs preuves : les Seymour Duncan SH-2 Jazz (manche) et TB-6 Distortion Trembucker (chevalet). Des modèles qui donnent une jolie polyvalence à cette guitare. Le micro manche livre des graves bien définis et pas trop envahissants (le corps en acajou aide à conserver certaines basses que le SH-2 pourrait perdre avec une autre essence comme le frêne par exemple). Ça fonctionne bien avec les sons clairs, et les effets de type Overdrive plus vintage. Le TB-6 est un pur monstre taillé pour la saturation. Avec ses médiums en léger retrait, ses basses présentes mais jamais envahissantes et son niveau de sortie généreux, il envoie un son à la fois puissant et détaillé et de terribles harmoniques. Gardez le SH-2 pour les sons clairs et libérez la bête avec le TB-6
En parallèle au Parallaxe
La PXM10 a déjà bien rempli sa tâche en tant qu’arme de destruction sonore (avec au passage, un chevalet Floyd Rose 1000 qui remplit bien sa fonction, mais devra peut-être être révisé au cours du temps, ce modèle ayant tendance à s’user plus rapidement que le Floyd Original et à moins bien tenir l’accord quand il est trop sollicité). S’y ajoute un système Push/Pull présent à la fois sur les potards de volume et de tonalité. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, il ne s’agit pas d’un split des humbucker, mais d’une mise en parallèle des bobines. Dans les deux cas, sans avoir le son d’un micro simple, on obtient malgré tout un rendu plus ouvert, un peu plus large, avec un niveau de sortie très légèrement inférieur à celui du humbucker classique monté en série. Et surtout, on conserve ce côté « anti-hum » qui permet de faire la chasse à la ronflette et à certains bruits parasites. Il vous faudra sûrement réévaluer votre égalisation pour obtenir un son parfait (sur un autre canal, ou en ajoutant une pédale d’égalisation) avec ces mises en parallèle, mais encore une fois, vous gagnez en polyvalence. Un profil de métalleuse, mais une utilisation ouverte sur d’autres styles, pour 1 000 euros à peine. Un instrument redoutable.
Guillaume Ley
Caractéristiques
Le talon d'argile Le système Stephen’s Extended Cutaway permet de fixer autrement le manche au corps de la guitare. Le bas du manche possède une petite extension qui permet de le fixer plus bas sur le corps et de se passer d’un gros talon (qui s’ajoute à l’épaisseur de la plaque de fixation). Il en résulte un manche quasi plat à cet endroit. La position de la main reste donc la même sur toute la longueur, sans avoir ce talon qui rentre dans la paume et fait « obstacle » au confort de jeu du guitariste. Mis au point en collaboration avec le luthier Stephen Davies basé à Seattle, il a fait son apparition sur quelques Washburn à partir de 1987. C’est bien entendu Nuno Bettencourt qui a permis de mettre cette invention en lumière en l’adoptant immédiatement sur sa N4.