La naissance de Watertank remonte à 2004 lorsqu’une bande de potes, dont le background musical tournait autour du hardcore chaotique, du metal et du stoner, décide « d'explorer des territoires différents avec du chant clair sur une musique lourde, dans la même veine que des groupes comme Torche. » Deux décennies plus tard, les Nantais comptent aujourd’hui quatre albums (avec le dernier en date, « Liminal Status ») et un EP. Une discographie pas spécialement étoffée, qui traduit finalement ce qu’est la vie d’une formation indé dans l’Hexagone. « Toute personne qui a un jour joué dans un groupe indé sait le travail que cela représente, bien au-delà du simple fait de composer : synchronisation des agendas, répètes, matos, booking, conception des visuels, réseaux sociaux… Quand tu rajoutes à ça des boulots et des enfants, tu as le combo parfait ! Nous avons fait le choix de tout faire nous-mêmes, pas par vœux pieux, mais par nécessité économique. Nous n'avons pas de partenaires "professionnels", donc avec tout ça entête et les changements de line-up incessants, quatre albums et un EP, ce n'est pas si mal ! » Comme bon nombre de groupes indé, Watertank a dû régulièrement réorganiser son line-up (pratiquement à chaque nouvelle réalisation), ce qui n’a nullement empêché la formation nantaise de garder une certaine unité quant à son approche artistique. « Thomas(chant/guitare) est le seul membre restant de la formation d'origine et le principal compositeur. C'est pour ça que l'on retrouve cette cohérence musicale. Watertank a longtemps été un groupe "Garageband", avec Thomas qui écrit chez lui des morceaux complets, réarrangés ensuite par les autres musiciens. Mais pour le dernier album, la moitié des chansons a été composée directement en répétition, parfois à partir d'une idée ou d’un jam. Et nous espérons que les gens ressentent ce "plaisir de jouer" dans les nouveaux titres. » Un plaisir de jouer qui s’entend clairement dans « Liminal Status », un album sur lequel plane l’ombre du post-hardcore des 90s (Quicksand, Failure, Fireside...), avec de régulières incursions vers des contrées chères au shoegaze. Vingt ans après sa création, Watertank a mûri, tant musicalement qu’au niveau des sujets abordés. Exit le côté science-fiction des débuts, place à une réflexion plus ancrée dans la réalité. « L'album est plus politisé dans le sens où il aborde, souvent métaphoriquement, des situations du quotidien. On ne peut pas parler de concept, mais nous avions clairement l'idée de faire quelque chose autour de la symbolique des liminal spaces. On peut y voir les questionnements qui nous ont toutes et tous traversés pendant la pandémie due au Covid, que ce soit la solitude, l'enfermement, l'abandon des espaces familiers : l'état du monde n'a fait que de se dégrader depuis 2020... »