Avant de te lancer dans l’amplification, à quand remonte ton intérêt pour la guitare et pour la musique en général ?
François Deschamps : Je suis musicien depuis mes 14 ans. La moitié de ma vie, en fait. Mais c’était en tant que batteur, pas guitariste. Même aujourd’hui, c’est la grande particularité, je ne joue toujours pas de la guitare. Ce qui pourra étonner. Je fais des amplis pour des guitaristes sans en jouer (rires). Heureusement, j’ai beaucoup de relations, ou de contacts avec des guitaristes. Et je trouve ça beaucoup plus agréable que quelqu’un joue à ma place et que je traduise en électronique une modification fréquentielle. Nous bossons en binôme avec Pascal Gonda qui m’a aidé à faire pratiquement tous les amplis de la gamme.
Quels sont tes goûts musicaux, avec tes premiers concerts, par exemple ?
J’étais plutôt dans la vague metal, mes premiers concerts, c’était notamment le Graspop, qui est l’équivalent du Hellfest en Belgique. C’était plus ma came que le blues ou le jazz, que j’apprécie beaucoup depuis. J’ai commencé à jouer dans des groupes et même continué pendant mes études d’ingénieur du son. J’aime énormément mixé des groupes, surtout en live.
Avoir sonorisé des guitaristes, en façade ou en retours est certainement une très bonne école pour concevoir des amplis…
Clairement, oui ! Je me souviens, quand je faisais des groupes de metal ici, dans la région, en passant derrière la console par rapport à des ingés son qui faisaient plus du rock, du jazz ou du blues… Ils n’avaient pas l’habitude du gros son. Sans me vanter, on avait une grosse différence sonore au final. Les gens appréciaient énormément quand j’étais à la console. J’ai dû arrêter ce métier parce que les amplis Invaders ont pris beaucoup d’ampleur. U peu moins maintenant, mais on a eu des belles pépites en Belgique. Je pense notamment à Channel Zero, dont on disait que c’était le Metallica belge…
Dans une interview sur le net, on te demandait si les lampes n’allaient pas disparaître et tu répondais que ça durerait toujours… Tu y crois toujours avec toutes ces nouvelles technologies l’arrivée de l’AI ?
Le tubes, c’est comme le vinyle, il n’a jamais vraiment disparu et je ne pense pas qu’il va disparaître un jour. Ce sont juste des technologies très obsolètes pour certains, dans un monde dominé par le digital. Mais c’est aussi une question d’éducation, comme pour tout. Il y aura toujours des gens intéressés par la qualité. Je rappelle qu’Amazon vend toujours plein de livres et c’est comme ça que le site s’est monté dans un garage. C’était un projet de librairie sur le net.
La création dans un garage, c’est aussi un peu ton histoire, non ?
J’ai commencé dans une véranda, pas un garage (rires). Avant de concevoir des amplis de ma propre marque, j’ai réparé des amplis de toutes marques. Et je le fais toujours. Il y a eu beaucoup d’analyse et de recherche. Il y a une connaissance théorique assez importante pour réaliser un ampli. Surtout avec des technologies anciennes. Pour en revenir à l’intelligence artificielle, effectivement, ça me fait très peur. On arrive pratiquement aux films qu’on voyait il y a vingt ans. Et ce ne sont pas des films très comiques. Mais le monde évolue en bien ou en mal, et nous on essaie de faire du bien !
La gamme Invaders s’est récemment étoffée du côté des sons typés clean, avec le 535 BlueGrass (6L6) et le 535 BlueLemon (EL34), tous d’une puissance de 35W. Comme l’explique François Deschamps sur son site : « Ils sont conçus sur une approche d’une excellente base Clean / Crunch, d’une utilisation Plug’N’Play et d’une excellent plateforme à pédales. La demande était grandissante pour un modèle encore plus dynamique et puissant, le 535 BlueGrass était « upgradé » en 50W : le 550 BlueGrass, idéal pour un headroom et une puissance suffisante pour que l’ampli devienne polyvalent pour les guitaristes et également les bassistes. »