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CAVE IN - Oscillations électriques

Trois ans après avoir sorti un disque en hommage à son défunt bassiste, Cave In réalise « Heavy Pendulum », un des albums de l’année 2022, qui frise la perfection. Ou quand l’excellence et l’ouverture d’esprit rencontrent le post-hardcore des années 90.

Lorsque vous avez sorti « Final Transmission » en 2019 (disque inachevé et non retouché, dernier hommage rendu par le groupe à son bassiste Caleb Scofield tragiquement disparu dans un accident de la route en 2018, ndlr), le futur de Cave In était plus qu’incertain. Quel a été le déclic qui vous a donné envie de continuer l’aventure ?
Adam MCGrath (guitare) :
L’album dont tu parles était le dernier que nous avons enregistré avec Caleb. Pour récolter des fonds et aider sa famille, nous avons donné un concert. C’est à ce moment précis, lorsque nous étions tous à nouveau réunis, que nous avons compris que nous ne pourrions pas arrêter le groupe. Et surtout, jouer des titres composés par Caleb nous a donné l’envie de continuer. Nous ne pouvons pas bien sûr oublier la disparition de Caleb, mais ce concert a définitivement remis Cave In sur les rails. Nous ne voulions pas que « Final Transmission » soit notre dernier album, pas dans ces conditions. Nous avions tous besoin d’aller de l’avant.

Donc, vous avez rapidement planché sur une suite à « Final Transmission »…
AM :
La pandémie et les premiers confinements nous ont permis de travailler assez rapidement sur de nouvelles idées. Stephen a commencé à nous envoyer par mail des idées, des riffs. Vu le côté incertain de cette époque, cela nous a fait un bien fou de travailler ainsi en planifiant l’avancée des nouveaux titres.

La pandémie a-t-elle changé votre manière de composer ?
Stephen Brodsky (chant/guitare) :
Totalement, du moins la manière de travailler sur nos démos. À cette époque, j’habitais à New York, j’enregistrais des démos dans ma chambre transformée en home-studio que j’envoyais aux autres gars. C’était la première fois que je programmais une batterie avec la bibliothèque de sons de Kurt Ballou (chanteur/guitariste de Converge, producteur de « Heavy Pendulum » et propriétaire du studio God City, ndlr). Ce fut hyper fun de le faire, d’élaborer avec ProTools autant des ébauches de titres que des arrangements plus poussés. Ça me rappelait les débuts du groupe quand je faisais la même chose, mais sur un magnéto 4 pistes à cassette ! Travailler ainsi dans ton home-studio te permet d’avoir plus de temps pour changer telle ou telle chose et en même temps d’aller plus vite. Je pense que cette manière de procéder a inspiré tout le monde dans le groupe. Et Adam a dû se mettre à la page (rires).
AM :
Pendant longtemps, mon équipement de home-studiste était franchement basique. D’un seul coup, je passais de pratiquement rien à une configuration avec Logic Audio, un ordinateur et une carte son. Ça m’a donné un sacré coup de pied aux fesses (rires). C’est vrai que d’échanger ainsi à distance des idées et des morceaux nous a permis d’avancer assez vite, mais pas autant que lorsque nous sommes tous réunis dans la même pièce pour jouer.

Et tu as aimé te confronter au monde de la MAO ?
AM :
Sincèrement, oui. Si tu as le bon matériel, ce n’est pas si compliqué que ça une fois que tu as compris le fonctionnement et je pense que ça permet à n’importe quel guitariste de progresser au niveau de son jeu, en cherchant de nouvelles idées, en les jouant sans cesse pour trouver la bonne note, le bon enchaînement d’accords. Et comme l’a dit Stephen, on est bien loin aujourd’hui des magnétos 4 pistes ! À l’époque ,il était le seul à en posséder un… et je ne comprenais pas comment on pouvait enregistrer plusieurs pistes dans une si petite machine (rires).
SB :
Ce 4 pistes, je l’ai eu comme cadeau pour Noël en 1993. Il a fini sa vie difficilement : deux pistes ne fonctionnaient plus et le clapet pour protéger la cassette manquait à l’appel. Je l’ai vraiment usé jusqu’à la corde !

« Heavy Pendulum », le nouvel album, est forcément différent de « Final Transmission »…
AM :
Oui, le précédent était un album de démos et le nouveau est un disque logiquement plus abouti, tant au niveau des arrangements que du son. Après avoir pris la décision de continuer, nous voulions absolument faire le meilleur album possible, ne serait-ce que pour honorer la mémoire de Caleb, aller au bout de nos envies, et travailler avec Kurt Ballou nous a aidés à franchir une étape supérieure pour ce qui est de la production. L’arrivée de Nate (Newton, bassiste de Converge et guitariste-chanteur de Old Man Gloom et Doomriders, ndlr) a également beaucoup joué sur la teneur de « Heavy Pendulum ».
SB :
Je suis entièrement d’accord avec Adam. Mis à part le son, la grande différence entre les deux albums est l’arrivée à bord de Nate. Cela faisait vingt ans que Cave In évoluait avec le même line-up. Son influence, essentiellement pour les arrangements, est très présente dans le disque, tout comme son engagement dans le processus de composition. En fait, tout le monde était concerné par la composition. Il le fallait car cet album est un enfant de la pandémie (sourire). Il fallait vraiment que chacun soit motivé à 100% car c’était une période étrange durant laquelle personne ne savait où on allait…

On a l’impression que vous avez mis dans « Heavy Pendulum » tout ce que vous aimez en tant que musicien : du post-hardcore, du grunge, du heavy rock mélodique, du rock progressif…
AM :
Effectivement, nous ne nous sommes pas fixés de limites tout en essayant de faire en sorte que l’ensemble reste cohérent. Dans le passé, il nous est fréquemment arrivé de procéder ainsi en mettant dans un album tout ce que nous aimions, mais le résultat final était parfois un peu décousu. Comme Nate est arrivé récemment dans le groupe, son avis fut très important pour canaliser toutes nos idées, ce qui nous a énormément aidés.
SB :
Un mois après la fin de la tournée de « Final Transmission », la pandémie a débuté et c’est à ce moment-là que nous avons commencé à travailler sur de nouveaux titres. Lors de nos concerts, nous essayons de balayer au maximum les différentes périodes de Cave In avec une setlist comprenant des morceaux issus de tous nos albums. C’était donc encore très frais dans nos esprits, nous voulions créer de nouvelles choses comme si nous faisions une setlist pour un concert, à savoir ne garder que ce qui nous paraissait être le meilleur de Cave In et c’est sans doute pour cette raison que « Heavy Pendulum » est si diversifié.

Beaucoup de personnes disent que votre musique – et c’est aussi valable pour le nouvel album – sonne très années 90. Est-ce le genre de remarque qui a tendance à vous énerver à la longue ?
AM :
C’est logique vu que nous avons tous grandi avec les groupes de cette période : Nirvana, Smashing Pumpkins, Alice In Chains, Soundgarden… Ils ont donc eu une énorme influence sur nos vies en tant que musiciens, comme ce fut le cas pour la génération avant la nôtre avec Led Zeppelin et consorts.
SB :
Plus tard dans les années 90, le milieu punk/hardcore a également joué un grand rôle dans notre approche de la musique, plus en termes d’idées que de styles, avec différents mouvements qui mettaient en avant le côté social : straight edge, véganisme… Cave In s’est formé en plein milieu des 90s, c’est normal que nous soyons aujourd’hui toujours influencés par cet ensemble de choses.

Quelles guitares avez-vous utilisé pour enregistrer « Heavy Pendulum » ?
AM :
Essentiellement ma Gibson SG, même si j’ai parfois emprunté la GCI de Kurt Ballou (God City Instruments, marque d’instruments et de pédales fondée en 2011 par le frontman de Converge, ndlr) pour certaines parties, une guitare qui a un son assez incroyable.
SB :
Nous étions en tournée, à Toronto, pour défendre « Final Transmission », et je suis allé dans un magasin de musique. D’habitude, je n’achète jamais de matos sur la route, sauf si j’en ai réellement besoin. Il y avait cette magnifique Aria de type Les Paul accrochée au mur, finition Cherry Red et accastillage doré. Ned l’a jouée et allait l’acheter, mais il m’a dit : « Tu devrais l’essayer et la prendre ». Et c’est ce que j’ai fait. Je me suis moi-même étonné de faire ce genre de chose ! Je l’ai jouée le soir-même, sans rien modifier, mis à part changer les cordes. J’ai utilisé cette Aria sur la majeure partie des morceaux de « Heavy Pendulum », en rythmique comme en lead. Par contre, pour la scène, j’ai deux autres guitares : une Fender Stratocaster et une Gibson S-1 (modèle produit entre 1975 et 1980, popularisé par Ron Wood, au design proche de celui de la Marauder, ndlr) équipée de humbucker, ce qui la rend plutôt unique.

Stephen, tu es devenu le guitariste live de Quicksand lors des dernières tournées du groupe. Quels souvenirs gardes-tu de cette expérience ?
SB :
J’ai toujours été un grand fan de Quicksand et me retrouver à jouer de la guitare sur scène aux côtés de ces gars-là fut vraiment une expérience super excitante. J’ai quand même maintes fois fait de la air guitar sur l’album « Manic Depression » (rires). Je trouve qu’il y a un parallèle entre la manière dont Quicksand a construit sa carrière et la nôtre. Aujourd’hui, comme je suis occupé avec Cave In, c’est John LaMacchia de Candiria qui a pris ma place.
AM :
Lorsque j’ai vu la première fois Stephen jouer dans Quicksand, j’avais l’impression de retourner dans mon adolescence… J’étais comme un fou, c’était comme s’il jouait dans Metallica (rires) !

En hommage à Caleb
La Secret C est le fruit d’une étroite collaboration entre Fuzzrocious, marque américaine de pédales boutique, et CaveIn, en hommage à son bassiste Caleb Scofield (il a également officié dans Old Man Gloom et Zozobra). Les dernières années avant de sa disparition, Caleb utilisait une Fuzzrocious Rat Tail (désormais disponible sous le nom de CatTail) pour sculpter le son de sa basse. La Secret C reprend donc le circuit de la Cat Tail, auquel a été ajouté un préampli pour plus de punch et pour se rapprocher du son des amplis solid state du défunt musicien. Un seul potentiomètre pour gérer le niveau de sortie, mais pas moins de 7 trimpots en interne, réglés à la main pour les 200 exemplaires, l’utilisateur pouvant, bien sûr, les régler à sa guise. À noter qu’une grande partie du produit des ventes de la pédale sera reversée directement à la famille Scofield.

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