Des instruments intemporels réalisés à partir de matériaux naturels locaux ou des bois nobles de récupération : c’est la philosophie du luthier breton DasViken.
Gildas Vaugrenard faute d’un luthier formateur qui l’accepte juste après son bac, a d’abord enchaîné un
DUT Génie Électrique, trois ans
de voyages et de petits boulots
à travers le monde, puis un diplôme d’ingénieur de l’Ecole Supérieure
du Bois, avant de travailler cinq années dans la construction basée
sur ce même matériau, qu’il a aussi enseignée. Mais la vocation a parlé :
« Je suis devenu “ingénieur-luthier”
de père en fils, je l’espère, depuis décembre 2013, à Nantes puis dans
la campagne bretonne pour la qualité de vie. Le nom “DasViken” vient d’une alliance bretonne ancienne, de famille, où était gravé “A Tao Feal DasViken”,
“à toi pour l’éternité”. Je n’avais jamais fabriqué de guitare professionnellement avant ma toute première, “IX”, une sept- cordes multiscale à manche traversant avec une plaque incrustée en titane oxydé, naturellement bleu. Je pense mes guitares pour qu’elles soient intemporelles, “auth-antiques”,
ni neuves, ni vintage, juste hors d’âge, issues de l’alliance du bois et du métal. J’ai banni le plastique et les produits nocifs. J’aime créer des formes et si je pars d’un design classique, je le réinterprète. Je fais aussi des customisations, pour aller bien au-delà de l’instrument industriel. Côté bois je privilégie le local comme un orme de mon jardin, un frêne abattu par mon frère à Guérande ou du noyer champêtre, et la récupération. J’ai déjà utilisé des douelles de chêne de la Forêt de Tronçais (Allier), qui ont eu une première vie de fûts de cognac (comme pour la V-SOP, Ndr), mais aussi
de la charpente marine en Acajou,
une porte d’armoire en noyer flammé, une poutre de cheminée en Iroko, des tasseaux de cloison en Pin Sylvestre, etc... Je réalise aussi des modèles avec des tables en métal oxydé. Mes colles sont animales, à chaud, réversibles. Mes finitions, sont huilées ou vernies au tampon, naturelles. Je fais moi- même la plupart des gravures de mes pickguards, que je taille sur mesure
en acier, aluminium ou zinc. Pour les pièces détachées je privilégie le made in France autant que possible. J’ai créé la “Confrérie des luthiers pas ordinaires”, qui a commis “La Dissidente” pour pouvoir échanger, faire des commandes groupées, en privilégiant
le développement durable. Être luthier c’est être un fou-furieux, passionné jusqu’au-boutiste, perfectionniste et plein d’autres qualificatifs (gentils)
en “iste”, mais il faut rester accessible. C’est important car cela permet de trouver l’adéquation instrument/guitariste, un point essentiel ! Ma
devise professionnelle ? “La seule limite est celle de ton imagination...” C’est
ce que j’enseignerai bientôt dans les formations que je suis en train de mettre en place, avec une part importante de contre-pied au marché industriel. »
Jean-Louis Harche
Photo : © C. Mellini
Jean-Louis Horvilleur est depuis plus de 12 ans, Jean-Louis Harche, testeur matos chez Guitar Part, avec un goût immodéré pour les grosses pelles metal, ce qu’il cumule avec le rôle d’audioprothésiste. Il donne des conférences, enseigne et écrit sur le risque auditif et les bons moyens de conserver son audition tout au long de sa vie. Il est aussi de président du Conseil Scientifique de Bruitparif (l’organisme de surveillance du bruit en Ile de France), et à ce titre membre du groupe Santé du Conseil National du Bruit.