Avec 66000 festivaliers sur les trois soirées, la fréquentation de Papillons de Nuit est en progression et confirme ainsi que le festival a bien sa place parmi les plus grands événements musicaux du même genre en France.
Le festival Papillons De Nuit n'est assurément pas le plus rock de France, c'est un fait certain. D'ailleurs l'équipe organisatrice ne cherche pas à l'être, voire même à le devenir. L'événement, le 16ième du nom, se veut avant tout autant familial qu’éclectique avec une programmation plus arrondie que réellement pointue. Résultat, durant 3 jours, chacun a pu globalement trouver son bonheur : les enfants (Olifan), les ados (Nekfeu, L.E.J., Louane), les faux ados (Indochine, Louis Attaque), les amateurs de chanson française (Les Innocents, Boulevard Des Airs, Feu! Chatterton), les seniors (Michel Polnareff) ou encore les adeptes de machines et autres BPM (Jabberwocky, Alo Wala, avec une mention spéciale pour la talentueuse Jeanne Added et son univers electro rock addictif). Fier de sa région, à juste titre, la Normandie, et situé dans un village de quelques 500 habitants répondant au joli nom de Saint-Laurent-de-Cuves, le festival P2N (pour les intimes) n’a pas oublié de programmer des locaux et donner ainsi la chance de se faire connaitre à une poignée de formations régionales, dont deux plutôt prometteuses : The Goaties et We Wolf. Au rayon rock, Bombay avait mis la barre haute dès le premier soir. Le trio originaire d’Amsterdam manie à merveille l’art du contre-pied en puisant ses références et dans la pop, déglinguée de préférence, et dans le garage, pour offrir un ensemble barré à souhait. Un vrai numéro de funambulisme sonore qui bouscule les règles de l’accordage parfait. Le second soir, tard dans la nuit, Last Train a confirmé une nouvelle fois son statut de « groupe à suivre » (et à ne pas louper). Le quatuor, malgré une pluie fine de fin de soirée qui a fait fuir quelques festivaliers, a donné un concert d’une grande intensité. À n’en pas douter, une future valeur sûre du rock hexagonal. Les Anglais de Fat White Family cultivent le je-m’en-foutisme parfois jusqu’à la limite du cliché et pourtant, leur rock lourdement chargé de références psyché arrive à capter l’attention du public. Comme quoi, on peut être hype et irrévérencieux à la fois. Totalement « so british ». Si Rover et, dans un autre genre, Puts Marie ont livré des sets de bonne facture, il manquait cependant un petit quelque chose pour que ces deux prestations puissent finir dans le haut du panier du festival. Du supplément d’âme, les musiciens de De Staat en avaient à offrir, et par paquet, tout autant que de la bonne humeur. Le groupe néerlandais remporte haut la main le prix de la meilleure prestation sur les 3 jours avec un mélange de rock pour pois sauteurs, de second degré, de bidouillages electro et de riffs de guitare bien vintage. Le final sur le titre Witch Doctor où le frontman de De Staat s'est mis au milieu du public pour une ronde hypnotique fut tout simplement magistral. Chapeau bas, messieurs. Finalement, même sans être labellisé « Festival Rock », P2N a prouvé que la fée électrique pouvait débarquer sans prévenir, même à Saint-Laurent-de-Cuves. L’événement a de belles années à vivre devant lui avec pour preuve un record qui est tombé lors de l’édition 2016 : près de 26000 personnes étaient présentes lors de la première soirée, le 20 mai, sans nul doute pour voir Indochine jouer sur scène ses classiques. On aime, ou pas, mais la bande à Nicola Sirkis résume plutôt bien l’esprit convivial et familial de ce festival définitivement atypique. Olivier Ducruix - Photos : © Olivier Ducruix
P2N16 en quelques chiffres :