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GIMME 5 - Sam Guillerand (The Black Zombie Procession)

Chargé en décibels tout autant qu’en références à un cinéma de genre trop souvent et injustement décrié (séries Z et autres films d’horreur bien gore), le nouvel album de The Black Zombie Procession, « IV : Heca-Tomb » fait la part belle à un crossover metal de premier choix, rehaussé par des riffs thrash sortis tout droit des années 90. Sam Guillerand, le guitariste du groupe, que l’on retrouve aussi dans Demon Vendetta (surf rock) et Cab Driver Stories (indie power pop), nous parle des 5 disques qui l’ont marqué. Olivier Ducruix - Photo : © Olivier Ducruix

 



MORRISSEY Your Arsenal Quelle que soit la liste plus ou moins liée à la musique que j’aime et qui m’a accompagné depuis que je suis môme, le nom de Morrissey figurera toujours sur les premières lignes ! Et, via le Moz, c’est aussi un moyen détourné pour citer les Smiths, un groupe très important dans mon parcours. J’écoute beaucoup de styles musicaux différents, le spectre est large, cela peut être très mélodique et mélancolique, mais aussi lourd et puissant, voire même très agressif et brutal. J’aime la pop anglaise des années 80 et début 90, beaucoup moins formatée que ce que pouvaient jouer les Américains dans le même style à la même époque… Les groupes anglais étaient plus singuliers, ils avaient tous une personnalité palpable, plus décomplexés je pense, et contrairement aux formations américaines, ils ne cherchaient pas forcément le refrain parfait pour bricoler un hit cousu de fil blanc. Cette période grouille de groupes fantastiques en Angleterre, tels que Echo And The Bunnymen, The Fall, The Stone Roses, Jesus And Mary Chain et bien d’autres. Difficile de mettre une étiquette sur la musique des Smiths, ils ont redéfini le monde de la pop, en y incorporant plusieurs influences, pour engendrer une musique qui se situait à mi-chemin entre la new wave et le rock’n’roll originel. Johnny Marr est un de mes guitaristes préférés, son jeu est tellement original qu’il est quasi impossible de reprendre correctement un morceau des Smiths. Mais pour ce Gimme 5, je préfère opter pour l’album « Your Arsenal » de Morrissey car, d’une part, j’adore sa carrière solo, et d’autre part ce troisième album (sorti en 1992) marque une sorte de nouveau départ pour lui, puisqu’il s’entoure d’un backing band pioché dans la scène revival rockabilly/psychobilly londonienne de l’époque, et que ce sont 2 genres de musique qui résonnent énormément en moi. Cet album est une déclaration d’amour au rock des fifties que Morrissey adore, on y entend des traces des pionniers du rock’n’roll (sa voix n’y est pas pour rien), mais aussi de T-Rex, sans que ce soit un simple pastiche. On y trouve ce qui a défini (et définit encore) son univers musical ultra raffiné et référencé. Pour cet album, la feuille de match est impeccable : Boz Boorer (ex-guitariste des Polecats, groupe neo rockabilly qui a cartonné dans les années 80 en Angleterre), Alain Whyte (idem, un transfuge de la scène rockabilly londonienne qui connaîtra ensuite une carrière auréolée de succès en tant que producteur pour Rihanna, Madonna et Black Eyed Peas !), et le flamboyant Gary Day (contrebassiste et bassiste dans the Frantic Flinstones, the Gazmen, etc…). J’ai découvert les Smiths et Morrissey via mon père, quand j’avais 12 ans, ils ne m’ont jamais quitté depuis… Pas une semaine ne se passe sans que je pose un de leurs disques sur la platine. J’ai nommé la plupart de mes fanzines selon des titres de chansons de Morrissey et je porte 2 tatouages qui font explicitement référence à ses paroles. Pour moi, il personnifie le charisme, l’intelligence et le raffinement dans le monde du rock, au sens large du terme. Un des plus grands songwriters en activité, sûr et certain, dont la vision et la musique a influencé des tonnes de chanteurs et de groupes, et ce dans tous les styles.

 



DANZIG IV Là encore, impossible de ne pas mentionner Glenn Danzig dans une play-list de ce genre. Je n’ai bizarrement jamais été ultra fan des Misfits, qui ont pourtant posé les bases des codes de l’Horror Punk/Horror Rock tel qu’on les connait aujourd’hui. Un groupe dont j’aime bien quelques morceaux (et c’est surtout dû aux lignes de chant de Glenn plus qu’à la musique), mais qui pour moi n’a jamais eu la profondeur, la densité et l’intensité des 2 groupes que son leader a fondé par la suite : Samhain et Danzig. Sachant que ce sont 2 incarnations d’un même groupe, Samhain ayant muté en Danzig selon les recommandations avisés du producteur Rick Rubin, qui conseilla à Glenn de renommer son groupe selon son propre nom (pseudonyme, bien sûr !) et de laisser le côté goth-rock/post punk/no wave de côté au profit d’une formule classic rock puisant dans ce qui se faisait de mieux dans les années 70, avec la particularité de forcer le trait sur le côté sombre, occulte et habité, une sorte de Doors/Led Zep/ACDC du côté obscur en fait, ce qui a bel et bien été le cas ! J’aurais pu choisir les albums I, II et III, mais j’ai une petite préférence pour le IV, dernière trace discographique du line-up dit « historique » de la première partie de carrière de Danzig en solo, avec John Christ à la guitare, Chuck Biscuits (mon batteur préféré, tout simplement, que l’on a pu voir marteler les fûts au sein de Circle Jerks, D.O.A, Black Flag, Social Distortion et qui a même joué sur un album de Run DMC !), et Eerie Von à la basse. C’est du Danzig de première catégorie, assez années 90 dans l’approche, ultra ténébreux, toujours bluesy dans l’âme mais abâtardi par des sonorités plus modernes et rampantes, comme le prouvent l’apparition de quelques samples/boucles ici et là, en témoigne l’énorme pièce mélancolique qui a fait office de single (Can’t Speak) à la sortie de cet album. Certainement un des disques que j’ai le plus écouté de toute ma vie. J’ai continué d’acheter chaque nouveau disque de Danzig à sa sortie, et je continue de le faire, je suis également de très près ce qu’il édite dans le microcosme du comic-book pour adultes (violence et sexe, ça me va !) via sa structure Verotik. Bref, j’assume ma fan attitude pour ce personnage bigger than life, qui aura quand même réussi à composer un titre pour Johnny Cash et un pour Roy Orbison ! Pas de la p’tite friture. Et, pour ne rien gâcher, un des seuls gars du music business qui peut vous parler dans la même interview, avec la même ferveur, des pionniers du rockabilly, des groupes les plus obscurs de la scène punk hardcore américaine du début des années 80 et des représentants les plus extrêmes de la scène black metal. Respect.

 



RAMONES Mondo Bizarro Encore un groupe indéboulonnable, qu’il est inutile de présenter je pense. C’est bizarrement l’album que je réécoute le plus souvent quand j’ai envie de poser un de leurs disques sur la platine. Acheté à sa sortie, en 1992, ce disque me rappelle mes années lycée, mais ce n’est pas que la nostalgie qui parle, ce disque est vraiment très bon, bien produit, avec des compos plus sombres, plus mélancoliques et également plus énervées et plus puissantes qu’à l’accoutumée. La suite logique du précédent album « Brain Drain » que j’aime beaucoup aussi, avec mon morceau préféré de la discographie des Ramones : Pet Semetary. Sur « Mondo Bizarro », il n’y a rien à jeter… Le titre Poison Heart est à pleurer, Strenght To Endure (chanté par CJ Ramone, le nouveau bassiste, qui amène une putain de fraîcheur et de hargne à cet album) est lui aussi monstrueux, la reprise de Take It As It Comes des Doors (encore un groupe que j’adore !) est géniale, It’s Gonna Be Alright est splendide, bref je pourrais quasiment lister tous les morceaux. Les puristes hurleront au scandale, mais c’est bel et bien un fait : même si je suis un énorme fan des premiers albums (qui ne l’est pas ?), quand je réécoute du Ramones, je pioche dans leurs dernières traces discographiques, ainsi que dans leur très bon album de reprises « Acid Eaters ». Certains ont tort de penser que les Ramones ont toujours fait le même album, encore et encore, au fil de leur carrière, il n’y a rien de plus faux. Rien à rajouter, Ramones est un des plus grands groupes de l’histoire du (vrai) rock’n’roll, plus qu’un monument musical, un monument de la culture américaine. À lire absolument pour mieux comprendre ce groupe, la biographie de Johnny Ramone (la bien nommée « Commando »), un de mes mentors, qui personnifie pour moi ce qu’est un guitariste de rock : un mec qui a une putain de vraie attitude, sans fanfaronnades ni cabotinage mal placé et droit dans ses bottes.

 



PRONG Cleansing Encore un groupe axé autour d’une figure iconique : Tommy Victor, qui est certainement un des guitaristes de la sphère metal (et affiliée) que je préfère. Un énorme riffeur, inspiré, qui n’en fait pas des tonnes mais qui a un jeu très personnel, que l’on reconnait en 2 coups de médiators, certainement parce qu’il a été influencé par énormément de groupes différents. D’ailleurs, l’album de reprises de Prong, « Songs From The Black Hole », sorti en 2015, en est la preuve ; la liste des morceaux est impeccable, loin des clichés habituels du genre, prouvant s’il le fallait le bon goût du leader de ce groupe fantastique : Fugazi, Sisters Of Mercy, The Adolescents, Killing Joke, Discharge, Black Flag, Hüsker Dü et Neil Young y sont célébrés dans une grande messe sonique qui ne laissera personne de marbre. Pour ce qui est de « Cleansing », c’est du Prong au sommet de son art. Le line up est dingue, avec Paul Raven à la basse (Killing Joke et plus tard dans Ministry), Ted Parsons à la batterie (Swans, Killing Joke), John Bechdel (Ministry, Fear Factory, etc…), la production fine, mais puissante, et surtout hyper sèche de Terry Date le rend intemporel et intouchable… Bref, un chef-d’œuvre à tous les niveaux qui contient certains des titres les plus populaires de toute la carrière du groupe, encore aujourd’hui placés comme des pièces centrales dans leur setlist (Snap Your Finger Snap Your Neck, Broken Peace, Whose Fist Is This Anyway…). J’ai acheté ce disque à sa sortie, en 1994, et je l’écoute encore quasiment une fois par mois. Pachydermique dans l’approche, avec une section rythmique minimaliste, mais monstrueusement groove (et intelligente), cet album fait parfaitement le pont entre Killing Joke, Sisters Of Mercy, Voivod et le metal ultra frontal des années 90. Tommy Victor a par la suite joué dans Ministry et Danzig… Le CV du bonhomme est hallucinant, cela ne l’empêche pas d’être toujours sur la route, plus productif et en forme que jamais avec Prong (j’ai vu le groupe annihiler Exodus sur scène il y a 3 mois), avec un rythme soutenu d’un album (très réussi, à chaque fois) dans les bacs tous les 2 ans. Increvable… On tient là un des mecs les plus intéressants du circuit.

 



LEEWAY Born To Expire Encore un disque qui remue pas mal de souvenirs… Je me souviens d’un périple à vélo en Suisse (j’ai grandi dans un bled frontalier, à quelques kilomètres du pays du chocolat), au tout début des années 90, avec un pote, pour aller acheter des LP chez un petit disquaire à La Chaux de Fond (à côté de Neuchâtel). Il y avait à peine 20 kilomètres à pédaler dans les montagnes, mais on avait l’impression d’aller au bout du monde et le passage de la douane était toujours épique (là, en l’occurrence, les douaniers nous avaient suspecté d’avoir volé les vélos… que nous avaient prêté nos copines de l’époque parce qu’on n’en avait pas !). J’avais acheté le vinyle « Kustom Kar Kompetition » de La Muerte et mon pote avait opté pour ce « Born To Expire ». D’un côté comme de l’autre, 2 disques qui m’ont donné de très grosses sensations ! Là, le terme crossover n’a jamais aussi bien défini un groupe. Ce premier album mitraille des riffs speed thrash titanesques, mais il a ce coté urbain qui n’était l’apanage que des groupes new-yorkais, à l’époque où cette ville était l’endroit le plus dangereux au monde ! Ça sentait la rue, les coupe-gorges infestés de Cubains à bandanas, ghetto blaster sur les épaules, les clubs de concerts remplis de chevelus et de rasés, le pit grouillant de baskets montantes, de t-shirts coupés aux manches et de casquettes à l’envers… À l’instar de Prong, Leeway est un groupe qui ne rentre dans aucune case, jamais franchement metal, pas hardcore à 100% non plus, un peu entre les 2, mais avec une attitude ultra personnelle, et surtout la voix et le flow d’Eddie Sutton, un des meilleurs chanteurs du genre ! Le jeu est ultra précis, cavalcades et mosh part démentes, soli heavy qui percent le mix ici et là, breaks « arrache-nuque » imparables, c’est puissant, groove et véner’… N’oublions pas AJ Novello, encore un guitariste que je place au panthéon des plus grands six-cordistes de la planète, avec son jeu reconnaissable entre mille, que l’on retrouvera ensuite dans Both Worlds (avec John Joseph de Cro Mags) et qui joue actuellement dans la nouvelle incarnation de… Cro Mags ! Cohérent. L’illustration de la pochette est géniale et le titre (« né pour expirer ») est à placer au même niveau que le Killed By Death de Motörhead sur le plan rhétorique indiscutable… Bref, cet album a tout de la pièce incontournable.

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Olivier Ducruix
31/3/2017
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