Gretsch peaufine sa gamme Electromatic avec le modèle Rat Rod, héritière de l’esprit d’origine, mi-classique mi-moderne. Esthétiquement avenante, elle fait montre d’une certaines polyvalence, mais avec un caractère affirmé.
Lors du NAMM Show 2020, Gretsch a dévoilé ses nouveaux modèles des séries Electromatic, Steamliner et Player’s Edition, fabriquées en Corée. La première en lice est l’Electromatic Rat Rod qui a franchement de l’allure dans sa belle robe noir mate, que l’on a déjà pu admirer sur le modèle signature Tim Armstrong (Rancid) ou sur l’une de Brian Setzer (Stray Cats) il y a longtemps maintenant. La lutherie est impeccable, sa classe esthétique est soulignée par une plaque de protection rouge tout comme les micros aussi incrustés de rouge avec un accastillage chromé standard, des mécaniques ouvertes vintage et un Bigsby B60 : une belle tenue de soirée façon boudoir. Sa caisse est à peine plus épaisse qu’une ES-335 et moins que les anciennes séries Electromatic, ce qui la rend beaucoup plus confortable une fois sanglée, souvent source d’hésitation pour les non initiés aux hollowbodies. Le profil de son manche fin est agréable pour toutes les mains et l’on descendra facilement jusqu’à la 14e case, point de jonction avec le corps de cette single cut. Vous aurez aussi noté l’absence du logo Electromatic sur la tête qui est depuis quelque temps inscrit en petit sur le pickguard sous le nom Gretsch. Question d’image ?
Rage en petites touches Pour les amateurs du son Gretsch original, ces micros Blacktop Filter’Tron, qui se veulent inspirés par les classiques Filter’Tron, n’en ont pas tout à fait les mêmes caractéristiques sonores : il y a un peu de ça, mais leur rendu est un peu plus « droit ». Moins Gretsch qu’une Gretsch ? C’est un pas que les irréductibles franchiront sûrement. Mais la Rat Rod est bien une Gretsch, à la croisée des chemins, entre classique et moderne, qui nous offre l’esprit rock’n’roll et l’envie de jouer. En commençant dans un registre calme en sons clairs, les aigus sont distincts, les basses peu envahissantes, ce qui est très agréable en rythmique strumming. Le son va aussi se bonifier en l’associant aux effets de modulations : Delay, Chorus, Tremolo, avec une Springverb ou même un peu de Shimmer pour la modernité. On s’aventure alors vers du néo-psychédélisme vaporeux, voire de la new-wave. Les couleurs obtenues avec sa caisse creuse sont aériennes et prennent plus de profondeur. C’est un régal. Dès que la main droite propose un jeu plus nerveux, on sent un léger grognement crunchy qui est parfaitement audible en rockabilly. En corsant le propos avec un une pédale d’Overdrive modérée ou typé Plexi énervé, elle devient incisive et chantante, en particulier avec le micro chevalet, et les riffs rendent de magnifiques nappes saturées. Ajoutez un Chorus et tutoyez l’ambiance de The Cult période « Love » et « Electric ». Avec des saturations plus maousses, le résultat sera parfois mitigé, la rendant plus linéaire, avec un feedback incontrôlable en fonction du volume de l’effet. Vous pouvez aussi partir sur une atmosphère jazzy qui lui va bien en position manche, voir un bon blues, mais il y a plus pertinent pour ça. Les a priori du début sont vite remplacés par une certaine admiration car cette Rat Rod est belle, se montre polyvalente, mais avec un caractère et quelques limites. Esthétiquement racée, confortable, abordable et attachée au rock’n’roll. Olivier Davantès
Caractéristiques
Le son Gretsch et ses alternatives Le prix d’une Gretsch américaine (ou japonaise) n’étant pas vraiment envisageable pour toutes les bourses, la série Electromatic asiatique offre la possibilité d’accéder à l’esprit de la marque à moindre coût. La qualité de la lutherie « bon marché » ayant fortement progressé, il peut d’ailleurs être pertinent d’envisager un upgrade des micros qui propulserait une Electromatic au rang de bête de guerre et se rapprocher un peu plus du son cher aux puristes de la marque. On pourra y installer par exemple des micros Gretsch de meilleure facture (Filter’Tron – environ 80€, ou Dynasonic – environ 130€), ou plus luxueux comme les Lollar Lollartron (206€), Seymour Duncan Psyclone Vintage ou Hot (317€ le set), ou encore les fameux TV Jones (Classic, Power’Tron, Brian Setzer, Powertron, HT). Voire des Hepcat Filter Cat (325€), fabriqués en France. Il faudra bien sûr vérifier les dimensions, la compatibilité et les caractéristiques sonores de chacun en prévoyant éventuellement de faire appel à un luthier pour faire ces changements un peu délicats.