Gretsch ne fabrique pas uniquement des guitares dédiées au rockabilly, comme en attestent ces Broadkaster (un nom à rebondissements dans les années 1950), plus proches à certains égards d’une Gibson ES-335 que des modèles Brian Setzer de la marque. Amateurs de belles guitares, voici une paire de modèles fort élégants… Mais ont-ils assez d’atouts pour convaincre ?
Ces Grestch Broadkaster sont des modèles haut-de-gamme. Ils offrent des prestations similaires avec les mêmes fondamentaux de lutherie (notamment une demi-caisse à poutre centrale) et des équipements identiques. La seule différence porte sur le gabarit de la caisse, qui est plus petit pour la G6659. La finition est très bonne, aussi bien dans l’application du vernis que la pose de la marqueterie (repère de touche en forme en demi-lune, filets multiplis sur la caisse et le manche, logo de la marque en nacre). Les modèles testés sont équipés d’un cordier mobile Bigsby américain, mais des versions avec cordier fixe existent. Comme équipement moderne, on remarque un sillet de tête en ivoire synthétique, des attaches-courroies sécurisés (le kit complet est fourni) et un jeu de mécaniques d’accord à blocage. Quant aux potentiomètres, la spécificité du circuit de Grestch est l’ajout d’un volume général, en plus d’un volume indépendant pour chacun des 2 microphones.
Vraies rockeuses Si l’instrument peut paraître peu docile dans son interaction avec le musicien
(le manche est particulièrement raide), il réagit en fait très bien une fois branché grâce à la finesse de restitution des micros Full’Tron et de la course progressive des potentiomètres. Sans surprise, le micro chevalet est incisif et percutant. Le micro manche est rond, mais le son de ces guitares n’est pas particulièrement chaleureux. Le son est tendu, avec une décroissance des résonances droite et des harmonies claires. Les notes ont du corps, sont faciles à faire sonner sans être flatteuses. La caisse apporte de l’ampleur et la structure de l’instrument supporte toutes les variations d’intensité possibles avec une gradation remarquable qui
fait de cet instrument un formidable compagnon de scène, fiable, confortable et taillé pour vibrer sans relâche ni débordements. La résistance au feedback est plutôt bonne grâce à la rigidification de la caisse par la poutre centrale, mais les fréquences de résonance entre les 2 guitares sont assez différentes, plus graves pour la Double Cut G6609 (dont la caisse est plus grande). Le Bigsby ne présente pas d’autre défaut que celui d’être un... Bigsby (montage délicat des cordes, justesse à surveiller, amplitude de vibrato limitée). C’est dans ce contexte que le choix de mécaniques à blocage s’avère pertinent. Les 2 modèles ont un poids similaire, mais
la single cut G6659 est plus malléable. Sa sonorité est plus creusée, avec un
peu moins de bas-médium, des aigus plus cristallins et un tempérament
plus rock encore. Par ailleurs, le Bigsby s’appréhende avec plus de souplesse
sur la G6609 car son placement est plus éloigné du chevalet. Le bras du vibrato est aussi décalé de quelques centimètres vers la droite, ce qui en modifie la prise en main. Gretsch propose donc 2 très belles guitares aux tempéraments sensiblement différents. Dommage que cette qualité ne puisse s’obtenir qu’à cette gamme de prix. Benoît Navarret
Gretsch G6609 Broadkaster Double-Cut
Gretsch G6559 Broadkaster Single-Cut
Caractéristiques
Broadkaster Le nom « Broadkaster »
a marqué les débuts de l’histoire de Fender. Quelques mois après l'Esquire, son premier modèle solidbody, Fender élabore un modèle à 2 micros qui sort en 1951, la « Broadcaster ». Ce nom évoquant la radiodiffusion (broadcast) semble
porteur de modernité. Malheureusement, la firme Grestch développe depuis les années 30 une gamme
de batterie « Broadkaster ». Fender se voit donc contraint de renoncer à cette appellation et propose « Telecaster », en référence
à la télévision ! Pendant la fabrication des nouveaux logos, la commercialisation des guitares se poursuit,
avec pour unique indication la marque Fender. Les modèles produits pendant cette courte période seront surnommés « Nocaster ».
Test paru dans le Guitar Part n°283