Sylvain Grout revendique sa triple casquette : professeur en école d’art, artiste plasticien et chanteur/guitariste. Trois activités où il tient à ne pas se sentir « professionnel » : « Je me méfie un peu de ça et c’est assez luxueux d’avoir cette liberté dans les trois domaines ». Influencé par des figures comme Jeff Tweedy (Wilco), Mark Linkous (Sparklehorse), Elliott Smith (« exactement le son que je voulais entendre et l’univers dont je me sentais le plus proche ») et « indécrottable fan des Beatles et des Kinks », il démarre seul en 2009 : « Je faisais de la musique dans mon coin. Je m’étais fixé l’objectif d’écrire une chanson par jour : je ne l’ai pas tenu longtemps mais ça a aidé ! » « Warm/Worms » (2011), premier album auto-produit, est suivi en 2015 par « Mrs Peelings », et le projet se mue bientôt en quintet. « Nyctinasty » (le phénomène que l’on peut observer quand les fleurs referment leurs pétales à la nuit tombée) s’inscrit dans ce cheminement et a été enregistré en live et en analogique au studio Mirador dans le Gard : « C’était le lieu idéal pour faire cette expérience. Jusqu’à présent, on avait fait avec des bouts de ficelle et il manquait ce lien qu’il y a entre nous quand on joue en live. J’avais envie d’une forme d’efficacité et cette façon de capter une énergie qu’on retrouve dans des albums comme “Rubber Soul” : avoir quelque chose qui ne soit pas trop produit et qui restitue une atmosphère... » Pas de nostalgie fétichiste pour autant : « C’est comme en photo, on voit le retour du Polaroid et de l’argentique... Il y a de beaux outils que le numérique ne remplacera pas. Mais on se rend compte aujourd’hui que les choses peuvent se compléter et le numérique est là aussi pour donner de la liberté et une certaine fraîcheur ». Et de fraîcheur, justement, leur musique n’en manque pas...
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