Et si on concentrait tout sous ses pieds, avant de se relier directement à une enceinte, en oubliant au passage les combos et les têtes, pour moins s’encombrer et se déplacer plus facilement ? L’ampli au sol, la solution idéale ?
Réduire la taille des têtes pour en faire des petits formats lunchbox à l’image du Tiny Terror d’Orange n’était qu’une étape. Encore plus petits, encore plus discrets, voici les floor amps : les « amplis au sol ». On ne saura sans doute jamais vraiment si ce sont les marques qui ont créé cette demande, ou si des musiciens ont insisté pour avoir leur ampli sous le pied. Une chose est sûre : le développement des pedalboards a fortement contribué à l’éclosion de ces produits. Autant tout mettre sur la même planche, glissée dans sa housse, voyager « léger » (tout est relatif avec un pedalboard plus ou moins fourni), et surtout gagner de la place, voire se libérer un bras pour porter le matériel. Pas mal comme programme, non ? Mais le fait de tout réunir dans un si petit espace n’aurait-il pas une incidence sur le son ? Les progrès techniques tendent à prouver qu’on peut gagner de l’espace et obtenir de très beaux résultats, même si ça ne sonne pas exactement comme une bonne vraie grosse tête à lampes. Mais le débat n’est pas vraiment là, alors pourquoi se priver ? Posez donc la question au guitariste qui habite au sixième sans ascenseur ! Voici une sélection de 10 modèles, dont certains sont d’ores et déjà devenus des incontournables. Nous avons regroupé ces amplis dans trois catégories.
L’ampli de base. Ici, on envoie du volume et rien d’autre. Le boîtier, comme son nom l’indique, va se contenter d’« amplifier » le signal. Un potard de volume, parfois un petit toggle switch pour ajuster le son, et c’est réglé. Il est donc recommandé de posséder une pédale de pré-amplification en amont pour bien sculpter votre son et lui donner la personnalité que vous désirez.
Le plus petit ampli pour guitare qu’on connaisse a de la ressource. S’il adopte la taille des fameux effets micro de Mooer, son alimentation prend plus de place dans votre sac (mais c’est pour ainsi dire le cas de tous les amplis au format pédale relativement compact). On y retrouve un potard de Master et un toggle switch Warm/Bright. Si vous utilisez un préamp, ça sonne tout de suite (sinon, c’est un peu raide). Attention en branchant la bête au gros « pop ! » qui risque d’exploser dans votre enceinte, surtout en l’absence de bouton On/Off. Le bouton de volume n’étant franchement pas progressif, on sonne assez fort tout de suite et le son tord légèrement en fin de course du potard. Tant mieux, parce que le volume dégagé se doit d’être un minimum généreux pour rivaliser avec un batteur. On peut faire sonner un 1x12’’ et un 4x12’’ sans aucun souci. La position Warm assombrit un peu le son. Finalement, la Bright est plus détaillée et un préampli en amont aide à corriger le tout. Très pratique pour la pop, le rock et le blues. Pour le metal, il lui faudrait un peu plus d’ampleur, mais tout est jouable malgré tout. Le super compagnon de poche.
Pour le coup, Electro-Harmonix a été visionnaire, car ce produit a déjà 10 ans (à l’époque, la marque a aussi sorti un modèle 22 watts, le Caliber 22, qui n’est plus produit aujourd’hui). Trop en avance, même, car le 44 Magnum a eu un peu de mal à trouver son public à l’époque. Comme avec le Baby Bomb, le volume monte très vite. On a même envie de dire que c’est trop fort pour jouer chez soi. En groupe, ça marche vraiment bien. On retrouve la réaction d’un ampli à l’ancienne. Le volume dégagé est quasiment au maximum avec le potard à midi. Après, ça tord et on se retrouve avec un gros drive en plus. On a du caractère, mais ça ne plaira pas à tout le monde. Là aussi un toggle switch propose deux modes : Bright et Normal. Le Normal, plus neutre fonctionne bien avec un préamp en amont. Un bon produit à l’arrivée, mais qui risque de souffrir un peu face à la concurrence un peu moins chère, avec des performances équivalentes.
Un joli boîtier, classe, en métal brossé et un format plus généreux (il prend quand même 19 cm de largeur sur votre pedalboard), ce modèle 75 watts sous 4 ohms possède une belle réserve de volume (ce qui donne 40 watts en 8 ohms et 20 watts en 16 ohms). Si son poids est lui aussi plus généreux (590 grammes), le son est à la hauteur. C’est transparent et relativement ample, donc idéal pour les pedalboards avec effets et préamplis à gogo. C’est un ampli de puissance plutôt clean, qui pousse le volume loin sans tordre. Il est très à l’aise dans les registres modernes qui demandent de la définition et une belle réserve de puissance. Mais il reste un peu plus froid pour les registres plus vintage.
Cette fois, on a sous le pied l’équivalent d’une tête d’ampli, préampli compris, avec les réglages qui vont avec pour sculpter le son. Une égalisation et un volume sont là pour vous servir. Si certains restent clairs pour mieux s’allier avec vos pédales de saturations, d’autres peuvent saturer en montant le gain, mais cela limite votre son à un timbre principal (qu’on peut moduler en jouant avec le volume de sa guitare).
Un des gros coups de cœur de la rédaction, pour des raisons à la fois techniques et financières : pour moins de 120 euros, le Kolt 45 projette un son incroyable, dynamique, ouvert, et qu’on peut triturer grâce à un égaliseur à la fois fin et efficace. Parfait pour s’adapter à vos effets et se passer de préampli. Pas de gain, que du Master. Mais une transparence nickel et un son toujours clair et défini, même avec le volume au maximum. Testé il y a quelques mois en répétition face à un second guitariste avec un 100 watts à lampes, un ampli basse de 300 watts et une batterie solide, le Kolt 45 n’a pas bronché et envoyé du bois avec le Master aux deux tiers. Depuis, les deux guitaristes ont acquis chacun un exemplaire ! Nous sommes restés lucides : cet ampli fait le job, et bien, surtout avec un pedalboard garni de bons effets ou un multi-effets. On ne parle pas d’égaler un Fender d’antan ni un Suhr Badger. Mais à ce tarif, c’est une véritable tuerie.
Les Français de Vanflet lancent un ampli au sol de 40 watts, au format assez impressionnant (25,5 cm de large) et au poids conséquent. On part sur des bases plus mitigées pour le côté pratique, mais ça sonne. Bien entendu, on ne peut s’empêcher de penser au Milkman. La pré- amplification à lampe apporte une vraie dynamique et ce qu’il faut de chaleur sans colorer le son de manière outrancière. On pense à leur modèle Ultra Clean. En fait, c’est beau, tout simplement. Et ça marche très bien avec tous les effets, sans dénaturer leur identité. On regrette juste l’absence du médium dans l’égalisation, comme sur l’Ultra Clean, mais elle reste très efficace. Point important, la présence d’un Volume et d’un Master. On peut donc faire tordre le son si l’envie nous vient et profiter à fond de cette petite saturation avec ses pédales préférées car... le Station 1 a une boucle d’effet. Et le meilleur reste à venir. On retrouve à l’arrière de l’appareil, une prise casque et une sortie XLR avec émulation d’enceinte débrayable. Parfait pour se sonoriser dans toutes les situations. D’autant plus que ce modèle propose, si on le désire, d’éteindre la section de puissance, si on ne veut pas se relier à une enceinte et juste utiliser le préampli (pour le casque ou la sortie XLR). Enfn, une Reverb (très jolie) est activable au pied pour embellir votre son et enrober vos effets de sa touche finale. Voilà une bel objet, et qui plus est, compatible avec la basse, car il peut tout encaisser sans tordre. Merci Vanflet.
Modèle mono-canal de référence, The Amp de Milkman Sound est un ampli de sol au son magnifique, digne des plus beaux modèles boutique, notamment grâce à sa pré-amplification à lampe, un son clair sublime, son crunch subtil, et ses deux effets embarqués. Oscillant entre 25 watts (sous 16 ohms) et 100 watts (sous 4 ohms), le Milkman dispose lui aussi d’une égalisation à deux bandes, ainsi que d’une sortie casque et d’une D.I. en XLR avec émulation d’enceinte débrayable. La différence avec les autres amplis, c’est que le son est tellement magnifique qu’on a juste envie de l’utiliser tel quel sans rien ajouter. Surtout que le Tremolo et la Reverb (réalisés en collaboration avec Robert Keeley) sonnent magnifiquement bien. Oui, il encaisse bien les effets (mais il n’a pas de boucle, donc il faut rester en son clair s ans trop le faire tordre pour bien profiter du pedalboard). Cas de conscience : il rentre bien sur un pedalboard, mais a-t-on vraiment envie de l’utiliser comme une plateforme à effets ? Ou alors avec un petit Transparent Overdrive en amont et un léger compresseur de temps à autre. Cela risque d’influencer votre choix, car il excelle surtout dans les sons smooth et les ambiances vintage. Beau, typé, plus cher que les autres... mais l’excellence à un coût.
Même chose mais en plus étoffé. En général, on retrouve deux canaux, un clair et un saturé, ce qui permet dans certains cas de se passer de pédales de saturation si le son de l’ampli vous plaît tel quel. Mieux vaut alors veiller à ce qu’il possède une boucle d’effets pour pouvoir insérer des effets de spatialisation (Delay, Reverb et autres) après le son saturé.
Hotone s’était fait remarquer avec de microscopiques têtes 5 watts à transistors qui imitaient le son de gros modèles de légende. Voilà la marque chinoise qui prend le pari de réunir deux têtes sous un même pédalier et d’y ajouter une section de puissance plus généreuse. Cela donne naissance à deux modèles, le Britwind et le Mojo Attack. Ce dernier réunit donc des sons typés Fender Tweed sur un premier canal et Mesa Boogie Rectifier sur un second. Là aussi, l’offre est très généreuse, avec une égalisation complète par canal, une boucle d’effets, ainsi qu’une Reverb et un Boost déclenchables au pied, une sortie XLR avec émulation d’enceinte débrayable, le tout pour 75 watts de puissance sous 4 ohms (comme sur le Loudster). Malgré cela, on reste un peu sur notre faim par rapport aux petites versions tête. Le canal Mojo est assez terne et manque de brillance, pendant que l’Attack est pratique en gros palm mute, mais moins heureux pour les riffeurs et les solistes, car surtout exploitable avec le gain à fond. Deux sons d’amplis différents et une telle puissance à ce prix, ça dépanne. Mais un petit préamp avec le Loudster peut s’avérer plus gagnant comme choix au final.
Un son de dingue dans l’espace le plus réduit de tous les modèles multi-canaux présentés ici. Il fallait bien ça pour honorer la signature de Monsieur Doug Aldrich. La taille de cet ampli rappelle celle des pédales SansAmp de Tech 21. Sauf que pour le coup, il y a vraiment un ampli à l’intérieur et il fait 120 watts de puissance (sous 4 ohms, comme d’habitude, donc 60 watts sous 8 ohms) ! Le canal clair est à la fois rond, chaleureux et dynamique. On a déjà un vrai son de caractère. L’égalisation à trois bandes est efficace et parfaite pour adapter le son de votre ampli à n’importe quelle enceinte. Et le son reste bien défini. Certes compact, l’ampli possède aussi une boucle d’effet. Classe. Un coup sur le footswitch et on passe en canal saturé. Si on se fie à la façade de la pédale, on ne voit qu’une seule égalisation, commune aux deux canaux. Mais Baroni Lab a bien pensé son ampli. Pour permettre de retoucher le son du canal saturé, on retrouve un potard nommé PreEQ. Il agit telle une tonalité agissant sur le son saturé avant que ce dernier n’entre dans la section égalisation. C’est très efficace. On passe du classic rock au gros gain limite metal, ou au son de solo plus pointu avec une facilité déconcertante. Dans chaque cas de figure, ça reste organique, avec une belle profondeur. Un ampli multi-canaux de cette qualité à ce format, c’est une véritable aubaine.
La marque polonaise a depuis bien longtemps fait de ses amplis au sol une marque de fabrique. Si ces derniers ont un format un peu plus imposant (ici, 29 cm de côté, et 1,8 kg sur la balance), le son est au rendez-vous (avec pré-amplification à lampes). Ici, on est plus dans l’ampli au son typé, car plusieurs modèles sont disponibles suivant le style pratiqué par le musicien. Le HG, comme hi-gain, est donc pensé pour envoyer du lourd. Ce modèle annonce 60 watts de puissance, quelle que soit l’impédance de l’enceinte, à laquelle il s’adapte automatiquement. On peut aussi passer en 25 watts, ce qui est pratique pour jouer en comité plus réduit, ou à volume plus faible. Le canal Clean est excellent (chaque canal possède sa propre égalisation), avec un petit côté Boogie quand on pousse le potard de Crunch qui vaut le vraiment le détour, et apporte le Drive qu’il faut pour sonner plus sale. C’est très polyvalent. Le canal Lead est massif dès le début de la course du potard de Drive. Il fait très bien le job. Mais on a été tellement emballés par le canal Clean... Là aussi, on retrouve une boucle d’effets et une sortie Line Out (en jack) avec émulation d’enceinte.
La mise à jour de l’Amp1 de Thomas Blug reprend tout ce qui faisait la réussite du premier modèle en affinant un peu le propos, notamment du côté des saturations hi-gain, mieux réalisées. Grâce à de nombreux sons embarqués, il permet de sonner comme de nombreuses têtes célèbres (il suffit de bidouiller un peu les potards et ça marche très bien). Le son clair et les crunches sont toujours aussi réussis, avec un excellent canal Vintage capable d’envoyer du lourd. La boucle d’effet est bienvenue (utilisable en série comme en parallèle), tout comme le Noise Gate intégré, ainsi que la Reverb. Une vraie usine à gaz, compatible avec votre pedalboard malgré son format plus imposant que celui d’une simple pédale (24,5 cm de côté, pour 1,2 kg et 100 watts de puissance). Son Boost intégré augmente encore plus ses capacités sonores en apportant du mordant au moment voulu (car il possède son footswitch dédié). Un ampli pour remplacer tous les autres, et qui, à l’arrivée, n’aura besoin que d’un petit Delay ou d’un Tremolo en plus si on veut vraiment s’amuser. Livré avec sa housse, il donne l’impression qu’on se balade en ville avec sa tondeuse à cheveux pour jouer les hipsters !
Le point crucial : ce n’est pas parce que votre ampli ressemble à une pédale d’effet qu’il faut le considérer en tant que tel. Attention, cela implique l’utilisation d’un câble HP, et non d’un câble instrument entre cet ampli et votre enceinte. Vous pouvez donc utiliser votre câble HP habituel, en général court, ce qui signifie que votre ampli au sol sera posé non loin de l’enceinte, et a de rares chances d’être sur votre pedalboard. Ou bien, et c’est ce qui risque de vous arriver, si vous désirez poser votre ampli sur votre pedalboard, il faudra penser à acquérir un câble HP beaucoup plus long. C’est la petite dépense supplémentaire à ne pas négliger, mais ça vous change la vie.