Ibanez propose une mise à jour de son fameux Delay Echo Shifter, avec des atouts et une polyvalence non négligeables, pour une utilisation optimisée…
Dans la jungle des pédales de Delay, l’Echo Shifter d’Ibanez, sorti en 2013, n’avait pas tardé à se distinguer avec son look rappelant certains effets Moog avec leurs flancs en bois et un réglage de vitesse sous forme de slider dans un esprit très Echoplex. Aussi, son ergonomie très « tactile » en faisait un effet très séduisant aussi bien sur pedalboard guitare (taille mise à part) qu’en Delay « de table », qu’on prend plaisir à manipuler, avec d’autres types de sources sonores comme des claviers. La marque l’a bien saisi en ajoutant sur cette nouvelle version un switch Line/Inst pour ajuster l’impédance d’entrée. Bon point.
Amour-haine
Il suffit de parcourir les forums en ligne pour voir l’enthousiasme mais aussi le désamour qu’a pu susciter l’ES2 (voir encadré). L’ES3 vise à corriger le tir, notamment en ce qui concerne le Tap Tempo, avec des footswitches qui semblent d’une grande robustesse, voire un peu « durs ». En revanche, les petits commutateurs ont été largement miniaturisés : si le risque de les heurter par inadvertance est moindre, survivront-ils à une utilisation intensive ? La nouvelle configuration sera moins pratique pour qui voudrait actionner le slider avec le pied (ou les dents), mais le plaisir reste le même lorsqu’on retrouve ces sons de soucoupes volantes ! Côté modulation, on gagne au passage un potard de vitesse, pour un meilleur contrôle sur les fluctuations des répétitions façon écho à bande.
Oscillation machine
Si l’ES2 proposait jusqu’à 1000 millisecondes (ce qui fait beaucoup pour un delay BBD, avec pour conséquence une dégradation importante du signal), l’ES3 dispose désormais d’un switch Analog/Digital : on retrouve ainsi une plage plus « normale » en analogique (40ms à 600ms) et jusqu’à 1500ms lorsqu’on bascule en numérique. En résulte une polyvalence nouvelle, comme si on avait deux types de Delay en un, avec des répétitions plus claires et sans dégradation dans ce mode supplémentaire. Une des forces/faiblesses de l’ES2 était son switch Oscillation, permettant de créer une sorte de couche nuageuse en arrière plan et à volume raisonnable, à condition de tempérer le Mix et le Feedback en début course. Cette nouvelle mouture est plus dans l’air du temps et, à l’instar de nombreuses pédales de Delay actuels, offre la fonction auto-oscillation en maintenant le footswitch de Tap enfoncé. Pratique pour une utilisation ponctuelle, mais pour un résultat sensiblement différent et on se prend à regretter une entrée pour pédale d’expression ou un switch sensitif pour un vrai contrôle en temps réel. Pourquoi pas pour l’ES4…
Caractéristiques
ES2 : espoirs et contrariétés
Sans doute la proposition de l’ES2 mettait-elle la barre trop haut : pouvait-il incarner le delay analogique parfait au XXIe siècle ? Pas tout à fait en fin de compte. Le modèle souffre d’une réputation ternie par des retours d’utilisateurs confrontés à des pannes, des problèmes en utilisation sur pile (l’ES3 ne fonctionne désormais que sur transfo) ou un Tap Tempo ne tenant pas toutes ses promesses (impossible à utiliser avant d’enclencher la pédale, non mémorisé à l’extinction…). Sans parler de son caractère réellement analogique ou non (s’il est effectivement basé sur deux puces Bucket Brigade, il semblerait que le son wet passe par le DSP qui commande le Tap Tempo, avec convertisseurs analo-numériques en entrée et sortie). Il n’empêche, l’ergonomie et le son de cette pédale n’en font pas moins une excellente plateforme d’expérimentation, avec un caractère propre (mais parfois assez sale en l’occurrence !).
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