Pour avoir vu Ko Ko Mo depuis ses tout débuts, je ne doutais pas que Warren et K20 se montreraient à la hauteur de ce nouveau défi. Mais sauraient-ils préserver ce mélange subtil et intense de professionnalisme et de décontraction qui le caractérise, qu’ils se produisent dans les plus petites salles ou dans d’énormes festivals ? « Décontraction » est également le mot qui s’impose pour la réjouissante première partie assurée très énergiquement par les Dynamite Shakers. Très jeunes, mais déjà dotés d’une solide expérience les Vendéens avaient assuré plusieurs fois l’ouverture des hostilités pour leurs amis et fans de Ko Ko Mo, mais également pour Sum 41, ce qui n’est pas un mince exploit. On ne sait trop comment, mais Elouan Davy (chant, guitare), Calvin Tulet (guitare), Lila-Rose Attard (basse, chant) et François Rocheteau (batterie) ont trouvé une recette de potion magique en balançant dans une marmite, ou en l’occurrence un shaker (arf arf), de larges pincées de New York Dolls des Flamin’ Groovies ou des Stooges, quelques cuillers de Gun Club ou des Cramps, mais aussi de bonnes rasades de The Hive, The Vines ou The Kills, tout en évoquant la préhistoire du rock and roll, d’Eddie Cochran à Gene Vincent, ou l’aube du garage rock, des Sonics aux Troggs, en passant par The Seeds ou 13th Floor Elevator et même quelques poils glams égarés de Sweet ou Slade ici ou là… Par moment, j’espère qu’ils ne m’en voudront pas, il y avait aussi un petit quelque chose du Téléphone des débuts, lorsqu’il était encore franchement (french-ement ?) rock. Le quartette a intitulé son premier méfait « Don’t Be Boring » et, effectivement, il était tout sauf ennuyeux. Même la bagarre d’Elouan avec son pédalier faisait presque partie du spectacle, ce dernier s’avouant vaincu et jetant sa guitare de dépit avant de quitter la scène alors que le public demandait même un rappel. Un fait suffisamment rare pour être souligné. Rendez-vous pris dans un prochain numéro, vous pouvez en être assurés !
C’est donc dans une salle plus que bien chauffée que Ko Ko Mo a fait son entrée en « noir et blanc ». Le tandem nantais avait promis une scénographie luxueuse (voir interview dans Guitar Part # 365) et il a tenu parole. D’entrée de jeu, on se serait presque cru à la cérémonie d’ouverture des J.O., avec un écran géant sur lequel seront projetées toutes sortes d’animations sur le thème « zébré » du quatrième album « Striped ». C’est sur ce dernier que Warren et K20 ont choisi de se lancer avec le lourd et musclé Second Side, avant de revenir loin en arrière, sept ans pour être précis, sur Technicolor Life, extrait du premier album du même nom. Mais de ce dernier album, ils en sont fiers et il sera dès lors presque interprété en intégralité, d’All The Way à Bottle For Two, en passant par Zebra, Wheels Of Fire, Double Vision et On The Run. Le jeu se calme temporairement sur un massage acoustique, entamé avec Bottle For Two, suivi de Non Essential Man, l’un des deux seuls extraits de « Need Some Mo’ ». Mais il reprend de plus belle, et non sans émotion, avec 25 Again, seul titre de « Lemon Twins » sur laquelle l’ancienne Orange Blossom Leïla Bounous a de nouveau posé sa voix magnifique. Hormis cette unique invitée, ils ne sont que deux, mais ils occupent la grande scène comme cinq ou six… Après un dernier extrait de « Striped » (Don’t Let Me Go), Ko Ko Mo conclut étrangement sur Idiocracy Song, certes morceau phare de « Need Some Mo’ », mais en omettant le magnifique et très pop Dancing Alone et, surtout, la reprise explosive de Last Night The DJ Saved My Life (Indeep), que même France TV a utilisé dans ses pubs promo de fête de fin d’année… La parenthèse disco n’aurait pas nui dans la chorégraphie de Ko Ko Mo qui est des plus remarquables. Dès qu’il n’est pas au micro, Warren promène sa SG d’un bout à l’autre et K20 n’est que très rarement assis, faisant régulièrement du jogging autour de sa batterie… Et, quand on parle de scène, l’espace n’est même pas suffisant pour les deux musiciens, qui viennent pousser tout le monde pour s’installer au beau milieu de la salle sur un final acoustique homérique au son de The Show Must Go On de Queen, mais ils auraient tout aussi bien pu reprendre We Are The Champions ! Avant de tirer leur révérence, c’est comme si Warren et K20 insistaient sur le fait que Ko Ko Mo n’est somme toute pas tout à fait un duo, mais qu’il est toujours entouré d’un grand nombre de choristes. Ce public fidèle, c’est ce qui lui a permis d’évoluer sans se trahir, en restant fermement accroché à un style et un son hors normes. Parce que ce n’est pas de sitôt que Ko Ko Mo passera sur toutes les radios. Ce concert représentait à n’en pas douter une consécration et c’en fut une à l’évidence. Mais il laissera même penser que la prochaine étape sera au moins une grande salle de type U Arena ou Accor Arena (tant qu’il évite l’Adidas)… Nous y serons, c’est promis !