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NOEL GALLAGHER'S HIGH FLYING BIRDS - Walking on the moon

« Un hommage à de la super musique. » Voilà comment Noel Gallagher décrit son troisième album, « Who Built The Moon ? ». Un disque plus groove que pop, aux influences 80’s assumées. Propos recueillis par Benoît Fillette - Photos : © Lawrence Watson

Ce troisième album solo, « Who Built The Moon ? », sonne très différemment des précédents. Est-ce dû à ta collaboration avec le DJ/producteur David Holmes ? Noel Gallagher : Quand
je travaillais sur mon album précédent,
« Chasing Yesterday »,
 je sentais que j’avais
 besoin d’un producteur 
pour le terminer. J’ai fait
 appel à David Holmes,
 qui m’a plutôt conseillé
 de le produire moi-
même. Dans la foulée,
 on a décidé de faire un autre disque ensemble en repartant de zéro, sans avoir écrit la moindre chanson. On s’est retrouvés en studio, sans aucun plan, juste avec une guitare, un ampli, et des tas de pédales d’effets. On a surtout écouté des disques et il me disait : « tiens, on devrait essayer de faire quelque chose comme ça ! » C’est une démarche de fan de musique. On a mis 4 ans à faire ce disque, que j’ai préparé en même temps que « Chasing Yesterday ». J’étais en tournée, et je composais sur la route. Quand j’avais 2 semaines off, je retournais en studio avec David, qui me disait souvent : « Ça ressemble à du Oasis... ». Je pensais : « C’est une bonne chose, non ? ». Et lui : « Pas vraiment ». On a eu plein d’échanges comme ça.

Tu as totalement revu ta façon de travailler...
 D’habitude, je compose à la maison pendant un an, et j’enregistre assez vite les meilleures chansons en studio. Pour cet album, je n’étais jamais chez moi, mais j’ai passé énormément de temps en studio. Au début, c’était un peu frustrant, parce que je ne savais pas vraiment où j’allais. Mais heureusement, « Chasing Yesterday » est sorti au même moment et je pouvais me concentrer sur ce disque et la tournée.

Il y a des réminiscences de pop 80’s et de glam sur ce disque, entre Blondie et David Bowie...
 Oui, surtout sur 2 titres. Le refrain de Beautiful World m’a donné du fil à retordre. J’ai fait des tas d’essais, avant de me dire : « Qu’aurait fait David Bowie ? ». Après une tasse de thé, je savais quoi faire. She Told Me How To Fly est inspiré de Blondie, effectivement. On travaillait sur une chanson qu’on a finalement écartée, mais on a gardé la rythmique qui nous faisait penser à Blondie. Alors il m’a dit : « Tu n’as qu’à faire comme si tu écrivais une chanson pour Blondie » (rires). Et puis le solo de guitare dans le style de New Order.

Et un côté R.E.M. dans Black & White Sunshine...
 Peut-être dans le riff, mais je ne suis pas un fan de ce groupe... À la maison, j’écoute beaucoup de musique des années 80, The Cure, Blondie, Fine Young Cannibals, Talking Heads, et j’adore The Police. Je joue en son clean, avec des modulations. Je crois surtout que ce côté 80’s vient de la basse, de la batterie et des claviers. Il n’y avait pas vraiment de guitar heroes dans les années 80
 qui jouaient dans le style d’Oasis, pour lequel je suis connu. En studio, David Holmes m’a dit : « Tu veux me faire plaisir ? Arrête de jouer de cette putain
 de guitare ! ». Je lui ai répondu : « Quoi, tu veux que je joue du piano ? ». « Non, garde ta guitare, mais arrête d’en jouer »... Ce qu’il voulait dire, c’est qu’il fallait que je joue davantage sur le paysage sonore, plutôt que de jouer de la guitare comme je l’ai toujours fait. Jouer moins, pour laisser davantage parler l’instrument.
 Si on m’avait dit avant de me lancer dans cet album ce que l’on attendait de moi, je ne l’aurais pas fait. Je ne m’en serais pas senti capable. Mais David sait s’y prendre.

Grâce à ses activités de DJ, il doit avoir une collection de disques impressionnante dans son studio ? C’est juste incroyable. La veille de notre premier jour de studio, je suis arrivé à Belfast avec mes effets et ma guitare sous le bras, une Strat Nash. Ces copies de Fender sont tellement géniales 
que j’en ai acheté une douzaine. Dans son studio, David a un ampli Fender Princeton Silverface des 70’s. Je n’avais pas la moindre idée de chanson. On s’est mis à écouter des disques, de la vieille pop française, de la disco allemande obscure... Le lendemain matin, il avait préparé des boucles avec tout ce que l’on avait écouté, des trucs de Can que j’adore. Et il me dit : « Pourquoi tu n’as jamais rien enregistré dans le style de Can ? – Parce que j’étais dans Oasis », je lui ai répondu. On a écrit ces morceaux comme des fans de musique qui rendent hommage à la grande musique.

Tu as invité une nouvelle fois Johnny Marr à jouer sur un titre, If Love Is The Law... Quelque part vous vous ressemblez, vous étiez faits pour vous rencontrer... Il joue de la guitare et de l’harmonica. Tu sais, on a plein de choses en commun : on a à peu près le même
 âge (50 ans pour Gallagher, 53 pour Marr. Ndr), on a du sang irlandais dans les veines, on vient de la même ville, Manchester, on supporte la même équipe de foot, on joue le même type de musique. On était fait pour s’entendre et devenir amis. J’ai joué toutes les guitares de l’album, mais il y a cette chanson sur laquelle j’étais bloqué. Et dans ces cas-là : j’appelle Johnny Marr (rires). David a insisté pour que je joue toutes les guitares, mais dès l’instant où il a vu jouer Johnny, il l’a trouvé génial. Et puis je lui ai demandé de jouer de l’harmonica pour moi. « Personne ne m’a jamais demandé ça », m’a-t-il répondu. Mais j’adore son jeu d’harmonica. L’intro de Hand In Glove des Smiths
 est terrible. Johnny a aussi joué sur Fly As I Say Fly, un titre que l’on n’a pas terminé. Un truc entre The Who et le MC5 sur lequel il joue un putain de solo jazz fuzz-rock.



Parlons guitare, notamment de ta Gibson ES-355 de 1960 cassée le soir où Oasis s’est séparé, lors du festival Rock en Seine en 2009. Pourquoi as-tu vendu cette guitare sur laquelle tu as longtemps composé ? (embarrassé) Je l’ai vendue... parce que j’avais beaucoup trop de guitares. Et je n’ai pas de studio pour stocker tout ça. Un de mes amis vend des guitares et il m’a proposé de s’en charger. Je l’avais achetée à Paris et elle avait été réparée par un luthier français (Philippe Dubreuille. Ndr). Un jour, j’étais à Pigalle, c’était peut-être 5 ans après avoir acheté mon ES-355 principale.
 Et je vois cette autre ES-355 au mur, celle que j’ai vendue depuis. Je l’essaye, elle sonne bien. Je l’achète et je la joue en concert. Le plus drôle, c’est que les numéros de série de ces 2 guitares se suivent ! Ma principale a le numéro 3557991 et l’autre 3557992. Elles ont sans doute été fabriquées le même jour. Bref, je l’ai achetée à Paris, elle a été cassée à Paris, et c’est un français qui me l’a achetée. La boucle est bouclée.

Tu ne l’as pas vendue parce qu’elle te rappelait de mauvais souvenirs ? Non. Je l’ai vendue parce que je n’en avais plus besoin. Et il m’en a donné un bon prix ! Et puis, des guitares, j’en ai beaucoup trop (rires) !

Faisons un bon dans le passé justement. Comment as-tu commencé la guitare ?
 Je me suis mis à la guitare juste avant de quitter l’école, j’étais ado, vers 12 ou 13 ans. Il y avait cette copie d’Hummingbird
 qui traînait à la maison, derrière la porte de la cuisine. Personne ne savait vraiment d’où venait cette guitare, ni à qui elle appartenait. Mais ni mon père, ni mes 2 frères n’en jouaient. Et je m’y suis collé. J’étais dingue de musique, je regardais Top Of The Pops, j’écoutais la radio à longueur de journée. J’ai commencé à jouer sur cette guitare pour combler mon ennui. J’aimais le son de cet instrument.

Tu as aussi joué de la batterie, notamment pour Paul Weller (sur
« Illumination », 2002), qui lui joue
 de l’orgue sur ta chanson Holy Mountain...
 Oui, j’ai joué pour Paul Weller et sur quelques chansons d’Oasis aussi. Un jour, alors que bossais pour un groupe, je me suis mis derrière les fûts pour essayer. Le batteur m’a dit : « Je ne savais pas que tu étais batteur! ». Je lui ai répondu: « Moi non plus ! » (rires). Je joue comme Ringo Starr, j’ai le shuffle en moi. Je n’aurais pas pu jouer la batterie sur mon album. Mais je pourrais parfaitement jouer dans un tribute band aux Beatles !

Tu joues en droitier, alors que tu es gaucher. N’as-tu jamais essayé de te la jouer Hendrix ?
 Je suis gaucher, mais je joue tous les instruments en droitier, la guitare comme la batterie. Ça surprend toujours les gens en studio quand ils me voient écrire de la main gauche. Quand j’ai commencé la guitare, quelqu’un m’a dit qu’il existait des guitares pour gauchers. Je suis allé dans un magasin de musique, j’en ai essayé une. Mais quelque chose me gênait. J’ai continué à jouer en droitier, mais ce n’est pas pour autant que je joue différemment.



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