Avec un déjà sixième album mélangeant classic-rock et rhythm & blues, non sans quelques lointaines effluves de rock sudiste, et des prestations live généreuses à souhait, le quintet californien coche toutes les cases pour devenir la coqueluche des amateurs du genre dans l’Hexagone.
Le style de Robert Jon & The Wreck a très souvent été décrit comme étant du southern-rock. Cette classification vous convient-elle pleinement alors qu’on trouve dans votre musique des éléments aussi bien classic-rock que rhythm & blues, voire soul ?
Robert Jon Burrison (chant/guitare) : Les étiquettes sont là pour aider l’auditeur à comprendre ce qu’il va écouter, qu’il ait quelques repères avant de se lancer. Cela ne nous dérange pas d’être ainsi catalogués, mais effectivement notre musique ne s’arrête pas au southern-rock. Et nous avons toujours dû faire face à cela depuis nos débuts !
Henry James Schneekluth (guitare) : C’est toujours réducteur pour un groupe d’être catalogué. Le mieux, c’est que les gens écoutent nos albums pour se faire leur propre idée. Blues, rock’n’roll, rock & blues… Finalement, qu’importe le nom du moment que le public apprécie (rires) !
RJB : Dans nos premiers albums, il y avait pas mal de guitare slide et les gens, du moins aux États-Unis, ne réfléchissent pas trop en faisant des raccourcis : « ok, s’il y a de la slide, c’est forcément du southern-rock ! » Comme l’a dit Henry, c’est très réducteur et ça ne correspond pas forcément à ce que nous sommes aujourd’hui. En tant que groupe, nous jouons la musique qui nous plait avec toutes les influences et les références qu’elle peut englober.
Pensez-vous qu’il y a un vrai revival de ce style, ou même du classic-rock, depuis une bonne dizaine d’années ?
RJB : Il y a effectivement beaucoup de nouveaux groupes et artistes rattachés à ce style qui ont émergé depuis 10 ou 15 ans. Je ne saurais dire si c’est vraiment quelque chose de réellement nouveau, mais le public semble plus intéressé par ce type de musique depuis ces dernières années. Je ne réfléchis pas trop à ce genre de chose… Je sais juste que c’est la musique qui nous vient naturellement lorsque nous jouons tous ensemble dans notre salle de répétition. HJS : Dans les années 70, le rock était très populaire, puis il a quelque peu disparu dans les années 80 au profit du rap, de la musique pop… Aujourd’hui, le rock reprend quelque peu sa véritable place, sans doute grâce à Internet d’ailleurs. Les gens peuvent écouter du rock via des plateformes dédiées à ce style, ce qui permet à des groupes – comme le nôtre – de développer plus facilement sa propre fanbase.
« Last Light On The Highway », votre précédent album, est sorti en mai 2020 au plus fort de la pandémie. On imagine que vous avez dû sacrément accuser le coup…
RJB : Oui et c’était d’autant plus dur à vivre que nous avons toujours eu l’habitude de sortir un disque, puis de partir en tournée dans la foulée pour le défendre, ce qui ne fut pas le cas pour celui-ci. Forcément, cela a beaucoup chamboulé notre façon de fonctionner : nous nous sommes retrouvés chacun chez soi, à travailler devant notre ordinateur pour s’échanger des idées et continuer tant bien que mal le groupe… Je ne peux pas dire que j’ai préféré ou non faire comme ça. Il fallait accepter la situation et s’y adapter.
HJS : Ce qui nous a motivé durant cette période, c’est de voir que les écoutes de nos albums en streaming ont conséquemment augmenté. Bien sûr, nous aurions préféré être sur la route pour défendre ce disque, mais c’était intéressant de voir que nos fans continuaient de nous suivre malgré la situation.
Et à la place de ruminer, vous avez décidé de composer un nouvel album… Comme une réponse face à la pandémie ?
RJB : C’est exactement ça. Nous avions emmagasiné des idées chacun de notre côté et dès que nous avons pu tous nous retrouver pour jouer, nous avons travaillé sur ces nouveaux morceaux. Cela a été très vite ensuite car nous étions tous sur la même longueur d’ondes… et trop heureux de pouvoir enfin faire de la musique ensemble.
Malgré la période pendant laquelle il a été composé, « Shine A Light On Me Brother » semble plus joyeux d’une certaine manière que le précédent…
RJB : Je suis plutôt de nature optimiste. J’ai préféré me dire qu’après cette sombre période, nous verrions enfin la lumière, et cela a sans doute joué sur la composition des nouveaux morceaux, même si certains ne sont pas si « joyeux » que ça. Mais si tu as senti que l’ensemble était plus gai comparé au précédent disque, ça me va… C’est même une bonne chose (rires) !
Robert, en tant que chanteur/guitariste, est-ce toi le principal compositeur du groupe ?
RJB : Non, c’est un travail collégial. Chacun apporte des idées et nous les façonnons tous ensemble que ce soit pour trouver une progression d’accords ou pour écrire les textes. Certes, chaque chanson a sa propre histoire quant à sa création, mais la notion de groupe pendant le processus de composition est primordiale.
Vos albums sont autoproduits. Comment expliquez-vous qu’aucun label ne vous ait fait une proposition pour les sortir ?
RJB : Parce que personne ne s’est senti assez concerné pour le faire, tout simplement ! Nous avons pour habitude de composer, d’enregistrer un album, puis de partir en tournée et ce, depuis le début du groupe en 2011. Nous ne sommes donc pas du genre à attendre pendant des mois une éventuelle proposition d’une maison de disques. Ce n’est pas un choix pour rester indépendant à tout prix et nous sommes ouverts à toutes les propositions… Mais pour l’instant, nous n’en avons pas reçu.
Guitariste bourré de talent qui a conquis le public du club parisien Les Étoiles le lendemain de la présente interview grâce à un jeu énergique et habité, Henry James nous parle de ses guitares favorites.
« Lorsque j'ai acheté une Epiphone Firebird de 2020, j'étais assez curieux au début, voire dubitatif, mais je suis très vite tombé amoureux de cette guitare dès que je l’ai eue en mains. Je l’ai quelque peu customisée en remplaçant les micros, en ajoutant un vibrato et chevalet Duesenberg. J’ai également pris avec moi une Gibson SG Special de 2016 accordé en open de Mi pour jouer les morceaux où il y a de la slide. J’ai aussi une Gibson Les Paul Studio 2008 vraiment terrible que j’adore. J’aime apporter une touche personnelle à mes instruments (micros, accastillages) ou les régler moi-même du moment que cela ne demande pas trop de précision… Sinon, j’ai les mains qui tremblent (rires) ! J’ai d’autres guitares chez moi, mais je n’ai emmené que ces trois-là pour notre tournée européenne. »