Les Bretons de The Red Goes Black sont passés par les studios de Guitar Part pour nous présenter « Fire », le second album du groupe de Douarnenez. Propos recueillis par Flavien Giraud - Photo : © Benoît Fillette
Que s’est-il passé depuis « I Quit You Dead City », votre premier album (2016) ? Damien (chant guitare) : On a fait pas mal de concerts, on a réussi à avoir une équipe complète autour de nous, avec tourneur, label, manager : tout ce qu’il faut pour essayer de se professionnaliser. Et musicalement, on a élargi encore plus notre palette : intégrer des influences qu’il n’y avait pas avant, avec plus de relief. Chatter (basse) : Tout est plus assumé, avec des parti-pris plus radicaux...
Le premier avait été mixé par Colin Dupuis, l’assistant de Dan Auerbach à Nashville ; « Fire » a été mixé par Ryan Gilligan à Los Angeles... Damien : Ça s’est fait dans des conditions assez similaires. On ne savait pas vers qui se tourner, mais on savait ce qu’on voulait : quelqu’un de jeune et moderne. On ne voulait pas que ça sonne trop rétro. Ryan a été l’assistant de Michael Brauer (Coldplay, Grizzly Bear, John Mayer, Patti Smith, etc…) et a fait ses armes dans le milieu du hip hop et de l’électro. C’était intéressant de voir ce que ça pouvait donner. Je l’ai contacté sur les réseaux sociaux. Ensuite, on a travaillé par mails... Pete (guitare) : Il n’y a pas le rapport humain et ce serait mieux d’aller mixer avec lui à Los Angeles, bien sûr ! Mais il y a aussi un côté excitant quand tu reçois le truc par mail, c’est Noël !
On remarque aussi la présence d'invitées, plus précisément les chanteuses Nicole Wray et Lisa Kekaula des BellRays... Chatter : Je n’y croyais pas pour Lisa Kekaula. On voulait une voix soul, c’était la référence pour nous... C’est un honneur de l’avoir sur notre disque ! Pete : Les BellRays, c’est le premier concert que j’aie vu de ma vie ! Damien : En soul-rock, personne ne chante aussi bien dans ce style-là... Et Nicole, ce qu’on adore, c’est justement qu’elle fait du neuf avec du vieux,
elle arrive à mélanger r’n’b et soul
rétro pour en faire quelque chose
de nouveau, un peu comme Amy Winehouse : remettre la soul en avant avec une fraîcheur et un truc actuel.
Damien, Pete, comment placez-vous vos guitares l’une par rapport à l’autre ? Damien : On essaye d’être le plus complémentaires possible. Sinon ça ne sert à rien d’avoir 2 guitares, sauf
si tu veux un son massif, mais ce n’est pas ce qu’on recherche. Ça peut être des complémentarités rythmiques avec
des jeux de question-réponse, dans le registre aussi, un dans les graves et l’autre aigu... Pete : Et si on fait le même accord,
on essaye de ne pas le faire au même endroit, des techniques vieilles comme le monde ! Parfois c’est la basse qui
fait la ligne mélodique à la place de
la guitare. Il faut faire en sorte qu’il se passe toujours quelque chose, que ce soit excitant et pas d’un seul bloc, pas plat, mais que les choses s’imbriquent... Damien : On a été influencé par Ronnie Wood avec les Faces et les Stones et on a réécouté comment ils faisaient pour varier leurs 2 guitares. C’est très impressionnant, en fait... Arriver à faire ce côté « joyeux bordel », mais où chaque instrument prend la lumière à certains moments. Il faut penser tous les arrangements finement comme ça. Pete : On pense que c’est tout simple mais c’est extrêmement compliqué!
Zoom matos S’il utilise toujours sa Rickenbacker 620, Pete nous a dévoilé sa petite dernière : une ES-335
TD Red Wine de 1976. Damien, quant à lui, ne quitte plus sa Les Paul équipée d’un micro Van Zandt Tru Bucker Zebra au chevalet, « qui a un son qui s’éclaircit bien. Je peux passer d’une rythmique soul à un gros riff en un coup de potard. » Côté amplis, Marshall Bluesbreaker et 1974X pour l’un et Super Lead 100 W pour l’autre... Pete nous évoque ses effets : « J’ai toujours ma Wau Fuzz Ibanez de 1973, une Fuzz Moollon coréenne, une Reverb Carl Martin, la Headroom à 2 canaux, une Dr. No– c’est hollandais – Motherfuzzer, et l’écho Strymon El Capistan. » Damien lui, utilise une Sun Face Analog.Man, la Fulltone Catalyst, « un gros Boost pour les
solos », la Catalinbread SFT, « qui simule un vieil Ampeg », une Wah-Wah Fulltone Clyde, un Phaser Electro-Harmonix Bad Stone, l’Octavian de Chicago Iron, la Strymon Lex et le Delay TC Electronic Alter-Ego.