Championne japonaise de la copie tout-terrain de grands classiques américains, Tokai propose un modèle plus accessible de sa version de la Les Paul, de fabrication chinoise et aux coûts de production réduits...
Elles sont rares les marques qui ont été jusqu’à faire de l’ombre aux originales alors qu’elles n’étaient supposées ne produire que de « simples copies ». Tokai est certainement un des exemples les plus célèbres. Ses reproductions de Les Paul de la fin des années 70 et du début des années 80 sont considérées comme des instruments dont les qualités, notamment en termes de lutherie, pouvaient surpasser celles des Gibson de la même époque. Après moult rebondissements, la marque continue de produire des modèles inspirés par les plus grands, avec de très légères modifications esthétiques (surtout côté tête pour les guitares type Fender) tout en fabriquant pour d’autres marques dans son usine japonaise. Expansion oblige, Tokai possède aussi une branche chinoise qui lui permet de produire des guitares à des tarifs plus abordables. C’est justement le cas de cette ALS 62. Rien de surprenant donc à l’horizon : on a là une guitare qui emprunte une grande partie de son ADN à la Les Paul, ni plus ni moins. La finition est bien réalisée, avec un vernis très brillant, limite clinquant, mais loin de gâcher l’ensemble. Si les premiers modèles de la gamme comme l’ALS 50 possèdent un corps en tilleul, celui de l’ALS 62 est bien en acajou, comme son inspiratrice. En revanche, le manche est en érable. Une tendance qu’on a d’ailleurs vu se développer chez de nombreux fabricants (y compris chez Gibson où la Les Paul Tribute possède un manche en érable, par exemple). La touche est quant à elle en palissandre. Si la guitare adopte un look vintage, elle possède donc quelques petites variations qui justifient son prix, parmi lesquelles, le choix de certaines essences.
Presque vintage Le profil du manche offre des sensations à mi-chemin entre vintage (le côté rond) et moderne (moins épais que sur des guitares vintage). Dommage que le modèle reçu pour cet essai n’ait pas été réglé comme il se doit (cordes déjà attaquées par la corrosion, action trop haute au-dessus de la touche), alors que nous n’avions guère eu à constater de soucis de contrôle qualité avec les modèles japonais. Un éventuel réglage sera bienvenu, n’hésitez pas à le demander en magasin (même si, en général, ces derniers contrôlent ce genre de choses à la réception de l’instrument). Passé ce détail, les micros font bien le job quant à eux. On retrouve ce côté rock et assez épais du humbucker à l’ancienne, mais avec une pointe d’aigu en plus. C’est un peu moins sombre que sur nombre de Les Paul. Si en saturation, cela donne moins l’impression de s’imposer dans le mix (surtout en rythmique), ce n’est pas non plus désagréable, surtout avec les sons clairs. Mais ça peut manquer un petit peu de corps par rapport à un vrai bon PAF. Le tout se corrige avec les réglages de l’ampli et en abaissant un poil les potards de tonalité sur la guitare. On a préféré le micro manche, naturellement plus rond et chaud que le celui côté chevalet, un peu trop claquant sur certaines fréquences. En revanche, l’interposition donne de jolis résultats pour ce modèle qui s’impose définitivement comme une machine à crunch. Si l’électronique reste un brin en retrait, l’ensemble de la lutherie est fidèle à la réputation de la marque : certains y verront une base solide et saine pour accueillir un nouveau set de micros et bénéficier d’une jolie gratte qui sonne à leur goût... Guillaume Ley
Caractéristiques
La copie parfaite Si certains « imitateurs » japonais ont à une époque joué avec le feu, au risque de se voir intenter quelque procès en violation de droit des marques, Tokai a réussi à se positionner pour éviter les déconvenues. D’abord en changeant le nom de certaines guitares au cours des années 80 (« Les Paul Reborn », c’était un peu risqué !). Ensuite, en produisant tout simplement pour le compte de grandes marques ! Par exemple, de nombreuses Fender « Crafted In Japan » ont été fabriquées par Tokai (1996- 2015), qui produisait également des acoustiques Sigma, sous-marque de CF Martin... Si l’on regarde aujourd’hui les têtes des instruments Tokai reprenant les silhouettes des Fender, on constate une légère modification du look. En revanche, on s’étonne encore que les têtes des modèles de type Gibson conservent le dessin « open book » original sans que cela ne pose de problème... en tout cas pour le moment.