Fender célèbre les 60 ans de la Jaguar avec deux modèles 60th Anniversary aux caractéristiques fidèlement reproduites, et un troisième Ultra Luxe autrement plus moderne.
En 1962, Fender présente la Jaguar, petite sœur de la Jazzmaster et de la Bass VI (elle hérite de nombre de leurs attributs), mais aux ambitions affirmées puisqu’elle vient se positionner au sommet de la gamme de la marque californienne avec un tarif de 379,50$ en version Sunburst (contre 349,50$ pour la Jazzmaster, 259,50$ pour la Strat et 209,50$ pour la Tele) et 398$ en couleurs custom. Bref un modèle luxueux pour Fender, qui cherche sans doute à se repositionner sur le marché après avoir constaté que sa Jazzmaster, boudée par les jazzeux, faisait le bonheur des guitaristes surf.
Tigresse
La Jaguar a donc beaucoup de points communs avec ses deux aînées : le corps « offset » asymétrique, le vibrato flottant, le double-circuit Rhythm/Lead… L’électronique est en revanche plus complexe encore que sur la Jazzmaster, avec, comme sur la Bass VI, de petits sélecteurs sur la partie inférieure multipliant les combinaisons de sons : un switch On/Off par micro et un troisième strangle switch (un condensateur mid-cut agissant sur les médiums) pour un rendu plus fin et funky. Pour mettre en valeur son côté luxe, les réglages sont disposés sur des plaques chromées, et la guitare est équipée d’un mécanisme d’étouffoir (« string mute »), articulé au chevalet dont la bande de mousse permet d’étouffer les cordes, mais qui sera rapidement jugé superflu (de même que le capot chromé prévu pour recouvrir le chevalet) par les guitaristes, habitués au palm-mute. Les micros développés spécialement pour le modèle rappellent ceux de la Strat, mais sont enchâssés dans une sorte de gouttière métallique dentée dont le rôle est d’orienter le champ magnétique et le concentrer sous les cordes afin de réduire les interférences, en offrant un claquant plus fenderien que les micros à large bobinage de la Jazzmaster. Mais la Jaguar se distingue surtout par son diapason plus court – 24” (610 mm) contre 25,5” (648 mm) – ce qui n’empêche pas le manche de disposer, pour la première fois chez Fender, de 22 frettes au lieu de 21. Un modèle de confort et de rapidité selon la marque : “a faster, more comfortable guitar”… Mais comme la Jazzmaster, la Jaguar, bien qu’adoptée par Carl Wilson des Beach Boys, peine à trouver son public avant d’être réhabilitée là où on ne l’attendait pas, dans le punk (Tom Verlaine de Television), le grunge (Kurt Cobain), l’indie-rock (Johnny Marr, Kurt Vile…)
60 Cycle
Pour célébrer ce soixantième anniversaire, Fender sort en édition limitée la 60th Anniversary Jaguar dans deux superbes finitions nitrocellulosiques : Mystic Dakota Red et Mystic Lake Placid Blue. Pour bien faire, on est au comble du luxe avec une tête assortie (matching headstock), filet (binding) le long de la touche et des repères en blocs, comme sur les modèles du milieu des années 60. Le corps est en aulne, le manche en érable avec une touche en palissandre, et les mécaniques sont ornées du « F » comme à cette époque, tandis que la plaque de manche est gravée d’un logo 60th Anniversary. Surprise, la marque en profite pour présenter un modèle moins attendu : la 60th Anniversary American Ultra Luxe Jaguar en finition Texas Tea. Celle-ci se distingue par un diapason de 25,5” classique au lieu des 24” habituels du modèle, et est dépourvue de vibrato : les cordes sont traversantes et reposent sur un chevalet type Tune-O-Matic. Le manche au profil « Augmented “D” » est surmonté d’une touche en ébène au radius compensé (10”-14”), avec frettes medium-jumbo, talon profilé et mécaniques autobloquantes. Elle est dotée d’une paire de humbuckers Custom Double Tap avec un circuit spécifique (deux sliders sur la partie supérieure, un sélecteur sur la corne inférieure). Le prix annoncé pour chaque modèle est de 2 899 euros.