Une année de « ouf ». Après avoir enchaîné tremplins et tournées, et attiré à la fois les projecteurs et un public avide de lâcher-prise, le jeune groupe de Saintes a définitivement pris son envol avec « The Thread », premier album du nom.
Propos recueillis par Flavien Giraud - Photo : © Max Chill
18 octobre 2017. Le festival Mama bat son plein à Paris et, dans un petit théâtre confiné, Lysistrata se prête à un étrange exercice : un showcase express de 2 titres, au débotté, devant quelques personnes de la profession venus en repérage. Le trio s’acquitte de la tâche avec un investissement et une aisance scénique qui font honneur à la réputation qui le précède désormais. Car depuis quelques mois, ces 3 jeunes Saintais intriguent, fascinent
et font buzzer le buzz qui nous promet une synthèse à la française d’At The Drive-In, Sonic Youth, Battles, Foals... Bilan.
Jaune anis Le groupe a vécu une année ultra-riche : depuis les Transmusicales de Rennes fin 2016, tout s’est enchaîné sans temps mort : une victoire au tremplin Ricard Live SA, prix du jury aux Inouïs du Printemps de Bourges, Rock En Seine et plus récemment la sélection du Fair... « Les Transmusicales, c’était ouf, émotionnellement... Il y a eu un avant et un après », précise Théo, le guitariste. « Tout s’est aligné, renchérit le bassiste Max, les Trans’ ont déclenché beaucoup de trucs : l’équipe Ricard nous y a vus. Et même si on n’avait pas été pris lors des précédentes auditions du Printemps de Bourges, c’est là que le programmateur des Trans’ nous avait repérés... Après, plein de trucs se sont déclenchés, les dates sont tombées... » Puis tout s’accélère, même si les 3 se disent les premiers surpris. « On n’avait pas envie de gagner ! À la base c’était pour avoir une bonne vidéo live (pour les 10 finalistes du tremplin)
et on trouvait Rod Maurice très bon... On s’était déjà inscrit l’année précédente et ça n’avait pas pris, mais on s’est réinscrit. »
« On n’était pas spécialement dans leur ligne artistique, poursuit Max. Je ne sais pas si on avait vraiment besoin
de ça : on ne débutait pas, ils nous
ont chopés en cours de route, on était déjà lancés, on avait fait beaucoup
de dates, on avait déjà un tourneur
et le projet de sortir un album avec le label sur lequel on a signé... Ça nous
a surtout aidés à faire des concerts dans de grosses salles, quasi pleines, 2000 personnes. Ça te rode. Ça t’ouvre aussi au niveau médiatique. Comme
les Inouïs ou le Mama, où tu joues devant plein de programmateurs. »
Noir Black Box Le groupe file sur son nuage magique, mais garde la tête sur les épaules et un regard sur tout :
« On veut que ce soit clean, qu’il y ait une transparence et que les choses soient saines, insiste Théo, les gens qui bossent avec nous sont des
gens honnêtes ». Et pour superviser l’enregistrement du premier album, « The Thread », ils se tournent naturellement vers Michel Toledo, le technicien son qui les suit depuis leurs débuts, mi-papa, mi-directeur artistique. « On avait envie de le faire nous-mêmes. Et Michel a une culture très 90’s ». L’équipe se retrouve en juin dernier à Angers, au studio Black Box, installé dans un ancien corps de ferme, où l’on travaille à l’ancienne : live, 3 prises max. Et comme tous ceux qui y ont mis les pieds,
ils s’y sentent d’abord comme des gamins dans un magasin de jouets :
« On était hyper contents, il y avait plein de vieux matos, une vieille tête Bandmaster, des vieilles Jazzmaster, plein d’effets : on a mis tout à fond et on a passé une matinée à tout essayer ! Mais on est restés sur notre matos, c’est celui qu’on connaît le mieux ». Et ces compères de jeu avaient déjà emmagasiné suffisamment de morceaux et d’expérience pour s’atteler à la
tâche comme des pros, et « faire
un truc cohérent : que tous
les morceaux s’alignent bien,
que tu puisses écouter d’une
traite, sans passer du coq à
l’âne, alors qu’un EP, c’est plus
une carte de visite ». À moins que
ce ne soit leur énergie sur scène, leur meilleure carte de visite...