Schecter est autant capable de sortir de pures guitares shred que de proposer des demi-caisses élégantes et racées. Preuve en est avec ce modèle aux apparences trompeuses. Sous ses airs de jazzeuse, cette nouvelle coupe décoiffe.
Fraîchement arrivée dans la bien nommée catégorie Retro, cette magnifique Coupe reste fidèle à la politique Schecter qui veut marier les amoureux du rock’n’roll à l’ancienne aux aspirations actuelles. Si le challenge vintage/moderne est audacieux, reste à savoir de quel côté penchera la balance. Sans être dans la tête des concepteurs de Schecter Guitar Research, il suffit d’un coup d’œil sur la Coupe pour comprendre aisément que le rock rétro et la marque qui le symbolise le mieux, Gretsch, furent au centre de leurs débats créatifs. C’est aussi une manière d’apporter une nouveauté à leur série Retro dont nous vous avions parlé il y a quelques années avec la charmante et très vintage TS-H1 Classic. Déclinée en deux teintes, la version reçue pour le test arbore une superbe robe vert émeraude avec tout l’accastillage doré, aussi belle en vrai qu’en photo, la classe. Son gabarit nous emmène immédiatement vers une certaine « Falcon », caisse creuse, simple pan coupé, micros type Filter’Tron et Bigsby sous licence. Si elle est plus épaisse et légère qu’une solid body, la prise en main se fait sans difficulté. Le manche est très fin et le jeu en devient très fluide, au moins jusqu’à la douzième case où débute la jonction avec le corps, après c’est totalement sportif. La fabrication indonésienne très correcte est sans défauts, à part le collage du sillet, un peu bâclé. Elle est vendue sans étui ou housse, dommage pour ce prix.
L’habit ne fait pas le moine Il ne suffit pas d’avoir l’air pour être : on s’attend presque à entendre le twang d’un Brian Setzer épaulé par le Bigsby, ou ce rugissement caractéristique titillé par le gain de l’ampli... Or, ce n’est pas tout à fait ça. La meilleure chose à faire est de ne plus l’envisager sous l’angle attendu. Les micros Filter’Tron de Tesla Pickups sont des humbuckers reprenant le design d’origine, mais dont le spectre s’avère plus moderne. Le son est plus droit, moins profond. Sur un ampli moderne, on ressentira son penchant agressif. Par contre, en l’associant à un ampli présumé moins vindicatif, on pourra se servir de la bosse annoncée sur les fréquences médiums, notamment avec plus de Drive. La très bonne surprise vient du bouton de tonalité qui permet de splitter la paire de micros en simple et va offrir des perspectives très intéressantes, puisqu’on peut combiner à sa guise le rendu de chaque micro, entre double et simple, ce qui lui donne des sonorités « vintage », plus claquantes et étriquées, pas loin d’un micro lipstick par moments, en atténuant dans le bas-médium. Avec le split en position intermédiaire, ou le micro manche en rythmique clean, un plan en strumming va se gorger d’harmoniques et de belles résonances, et un bon écho Slap Back avec une révèrbe Spring fera le job en mode rockabilly. Avec l’Overdrive naturel de l’ampli ou celui d’une pédale, on obtient des textures enrobées, incisives et mordantes sur le micro chevalet, qui va appuyer les power chords musclés qu’elle encaisse. Cependant, on constate que sa caisse creuse la prédispose beaucoup trop rapidement au feedback, ce qui se révèle délicat avec les saturations. Avec son esthétique irréprochable, suggestive en ce qui concerne le son et le sérieux de sa conception, la Coupe est une guitare plus hargneuse que son look ne le laisse penser et s'adresse autant à l’amoureux du rock’n’roll typique qu'à celui attiré par un spectre plus moderne. Olivier Davantès
Caractéristiques
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